18 fév 2012

De la distinction entre luxe et confort

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Les communistes rejettent catégoriquement le luxe comme symbole de la décadence bourgeoise et, en revanche, se réjouissent du confort d'une vie rendue plus facile par la modernité.

Le luxe est une « valeur » de bourgeois. Le goût du luxe est directement lié au plaisir narcissique de supériorité éprouvée par la classe dominante. Cet esprit de domination se manifeste par l'aspiration de la bourgeoisie à soumettre la nature à ses caprices. Le luxe distord la réalité et torture l'environnement. 

D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si un grand nombre de produits de luxe sont issus de l'exploitation de la nature, et en particulier des animaux : manteaux ou accessoires en fourrure, tapis de salon en peau, trophées de chasse, parures en soie, finitions en cuir dans les berlines haut de gamme, fauteuils en cuir, diamants, rubis, etc. Le luxe distord la nature, torture la réalité.

Le luxe est indissociable de l'autocontemplation du bourgeois imbu de sa personne. Le luxe se conçoit comme une futilité, mais une futilité indispensable qui donne une identité de classe à son détenteur. Le luxe est une forme d'excentricité acceptée comme signe extérieur d'élitisme qui procure jouissance à son possesseur bourgeois.

A l'origine de la production capitaliste - et cette phase historique se renouvelle dans la vie privée de tout industriel parvenu - l'avarice et l'envie de s'enrichir l'emportent exclusivement. Mais le progrès de la production ne crée pas seulement un nouveau monde de jouissances : il ouvre, avec la spéculation et le crédit, mille sources d'enrichissement soudain. A un certain degré de développement, il impose même au malheureux capitaliste une prodigalité toute de convention, à la fois étalage de richesse et moyen de crédit. Le luxe devient une nécessité de métier et entre dans les frais de représentation du capital.

Karl Marx (Le Capital, Livre I)

Il faut aussi se demander pourquoi la France est et demeure le pays du luxe. Bien entendu, la dimension sociale-féodale de notre pays, qui s'incarne dans la vieille noblesse, la vie de cour (et de courtisan-e-s), le goût du cérémonial élitiste (et ce jusqu'à aujourd'hui) joue un rôle prépondérant dans cette fascination pour le luxe. Mais il ne faudrait pas non plus négliger l'énorme influence du romantisme français qui célèbre l'irrationnel et le mysticisme totalement coupé de la nature. (« Le beau est toujours bizarre » de Baudelaire). Nous l'avons dit, la futilité du luxe est magnifiée, dans une vision bourgeoise, par son symbolisme.

Le symbole est celui d'un monde immuable, pétrifié dans son intemporalité, car le luxe doit s'inscrire dans un cadre « intemporel » pour être reconnu comme luxe. En effet, le luxe n'est pas compatible avec un environnement high tech, mais plutôt une ambiance au raffinement désuet (à l'image du romantisme à la française).

De toutes les marchandises, les marchandises de luxe proprement dites sont les plus insignifiantes pour ce qui concerne la comparaison technologique des différentes époques de production.

Karl Marx (Le Capital, Livre I)

La France est le berceau idéologique du fascisme qui nait d'une révolte romantique contre le monde moderne. Il n'est donc pas étonnant que tout le classicisme de la France s'incarne dans son industrie du luxe, qui abhorre le clinquant et le voyant pour s'ériger en symbole de l'élégance. Le luxe, qui colle à l'image de classe dominante en France, veut échapper aux modes pour accéder au statut « intemporel ». Les exemples de ce classicisme intemporel si cher à l'esprit bourgeois français sont légions : le parfum Chanel N°5, les tailleurs de Chanel, les sacs Vuitton, les foulards Hermès...

La reproduction mécanique d'un modèle pratiquement à l'identique, avec d'infimes variations, est ici perçu par la bourgeoisie comme un gage d'authenticité, alors qu'elle reflète en vérité une relation au monde complètement mortifère.

Le nihilisme est l'attribut des dandys bourgeois qui se complaisent dans la décadence pourvu qu'elle soit raffinée. Voilà pourquoi l'hôtel Carlton est associée aux soirées partouzardes de la bourgeoisie et que la débauche des élites bourgeoises se conjugue généralement avec le luxe.

Le confort, bien au contraire, représente une aspiration légitime des masses. Le développement du capitalisme a bouleversé le quotidien en introduisant des objets qui ont rendu la vie plus facile : l'aspirateur, le frigidaire, la machine à laver, le téléphone portable, etc.

Mais la modernisation capitaliste porte en elle les contradictions inhérentes à son mode de production. Certes, le capitalisme bouleverse le quotidien mais il ne révolutionne pas la vie. En somme, le capitalisme modernise l'exploitation. Ainsi, l'électro-ménager demeure l'apanage des femmes sur lesquelles se concentrent toujours l'immense majorité des tâches d'entretien. En outre, le consumérisme capitaliste favorise l'aliénation aux marchandises, y compris les produits high tech qui font l'objet d'une fascination, d'un appétit insatiable et constitue même un critère de comparaison dans la société capitaliste hyper concurrentielle.

Le mode de production capitaliste a déjà fait entrer l'humanité dans l'ère de la robotique mais cette évolution fantastique ne peut livrer tout son potentiel dans un mode de production focalisé sur l'exploitation de la nature au détriment du monde vivant. De nos jours, la robotique sert principalement l'impérialisme et ses visées militaires ou la surexploitation des ressources de notre planète.

La révolution socialiste brisera cette spirale de destruction et effectuera le grand saut vers le monde nouveau. L'Etat socialiste planifiera l'économie pour répondre aux besoins d'une humanité qui se reconnaîtra comme composante de la nature sur cette organisme vivant qu'est la planète Terre.

L'ère de la robotique sera aussi celle de la révolution culturelle qui réduira à néant toutes les vieilles habitudes issus du vieux monde capitaliste. Les robots libèreront l'humanité des tâches les plus pénibles. Avec les robots, l'humanité aura plus de temps à se consacrer aux arts et aux sciences, au formidable travail de production pour révolutionner un environnement jusqu'alors bétonné et redécouvrir le cadre naturel qui sied au bonheur tranquille. Avec l'aide des robots, le socialisme puis le communisme insuffleront le confort d'une vie facile, épicurienne !

Publié sur notre ancien média: 
Rubriques: