Platon

20 aoû 2017

Il est évident qu’il était compliqué pour Augustin d’affirmer à ce point la valeur du platonisme, un courant païen, aussi a-t-il dû justifier « comment Platon a pu autant approcher de la doctrine chrétienne » qui est, faut-il le rappeler, une révélation.

Il précise par conséquent à ce sujet : « Parmi ceux qui nous sont unis dans la grâce de Jésus-Christ, quelques-uns s’étonnent d’entendre attribuer à Platon ces idées sur la Divinité, qu’ils trouvent singulièrement conformes à la véritable religion. »...

19 aoû 2017

Là où Augustin tombe véritablement le masque de sa démarche de sa synthèse platonisme - manichéisme - christianisme, c'est avec son éloge de Platon, un païen pourtant. On a ici quelque chose de tout à fait similaire à ce que fit Pseudo-Denys l'Aréopagite, bien que celui-ci ait une approche différente, puisque purement néo-platonicienne à l'initial.

Dans La Cité de Dieu contre les païens, Augustin fait ainsi une présentation approfondie de la philosophie, y compris des pré-socratiques, c’est-à-dire les philosophes comme Pythagore et Thalès, qui devancent Socrate, Platon et Aristote...

22 juil 2017

Si Plotin penche unilatéralement pour l'esprit se séparant du corps et d'un monde « inférieur », la formation divine de ce dernier fait que Jamblique considère qu'en découvrir les secrets permet de retrouver le divin.

Jamblique a une approche plus chrétienne, comme on peut le voir, car Plotin affirmait que l'âme individuelle conservait toujours un lien inébranlable avec l'Un, dont elle était issue ; au sens strict, l'âme ne s'alliait selon Plotin jamais vraiment au corps...

14 juil 2017

Qu'est-ce qui distingue alors le néo-platonisme du christianisme ? Eh bien, l'origine grecque, et sans doute l'origine hindoue, c'est-à-dire dans les deux cas, une conception socio-cosmique du monde, où l'ordre social est le produit de la réalité divine et où la réincarnation est la clef de voûte de l'équilibre.

Le néo-platonisme est la conception la plus développée du paganisme antique ; il n'est plus païen au sens strict, car il a unifié l'Univers et ne s'attarde plus sur les éléments naturels, tel que le soleil, la lune, les arbres, etc. Cependant, il existe comme dans le paganisme un ordre interne à l'Univers, ce que Charles Baudelaire a célébré dans ses poèmes des Fleurs du Mal avec le principe des « correspondances ». Ce qui correspond se répond, ayant une sympathie naturelle...

9 juil 2017

L'idée de Plotin était simple, mais géniale. Puisque Aristote niait le monde « d'en haut », la seule réponse possible était d'accepter cela, mais en niant pour autant le monde d'en bas. Ne reste alors qu'un seul monde, qui n'est plus matériel et qu'il reste alors à définir.

8 juil 2017

Né en 205 à Lycopolis, ville d'Egypte sous contrôle romain, Plotin étudia à Alexandrie avant de devenir, à Rome, la principale figure du courant néo-platonicien émergeant alors.

Le terme de néo-platonicien fut conçu au XIXe siècle, Plotin et les néo-platoniciens se considérant simplement comme platoniciens ; cependant, leur méthode apportait une perspective uniquement mystique exigeant une identification précise.

Le néo-platonisme liquide, en effet, toutes les réflexions platoniciennes, pour n'en conserver que l'idéalisme tourné, non pas dans un sens politique comme avec la République de Platon, modèle de société de castes, mais dans un sens mystique...

7 juil 2017

Les néoplatoniciens n'ont jamais fait que redire ce que Platon avait dit (dans le Timée, entre autres). On sait peu de choses sur les platoniciens suivant l'effondrement d'Athènes, mais il est certain que les néoplatoniciens ne sont ici nullement originaux et n'ont jamais prétendu modifier ou renouveler Platon.

Ce qui justifie d'une certaine manière le terme, c'est qu'ils intègrent dans leur philosophie ce qu'ils pensent être la philosophie d'Aristote, pourtant opposée à celle de Platon. Il ya là un moment complexe, éminemment dialectique...

4 juil 2017

Le principe du dualisme est que le monde matériel est insuffisant et qu'il faut se tourner vers le spirituel. L'âme des individus, c'est en fait une petite étincelle de l'âme du monde, du Dieu vivant. La matière est un degré inférieur de réalité, la seule réalité authentique étant le monde spirituel.

L'âme est donc ce qui compte réellement et il s'agit d'abandonner les préoccupations matérielles. Plus on est un corps, moins on est une âme. Ce qui fait dire à Timée, dans l'œuvre éponyme de Platon : « A cause de tous ces accidents, aujourd'hui et depuis les premiers temps, l'âme commence par être sans intelligence, quand elle vient d'être unie à un corps mortel ...»

3 juil 2017

Le « Timée » n'aurait pas eu l'effet idéologique qu'il a eu s'il ne consistait qu'en un simple dualisme opposant le matériel et l'immatériel. On y trouve une « explication » particulièrement développée des niveaux d'interaction entre l'immatériel et le spirituel.

Cette explication est la seule qui « tienne debout » sur le plan intellectuel, à défaut d'être juste ; elle sera reprise par toutes les religions. Le néo-platonisme consiste précisément en l'approfondissement de cette explication...

1 juil 2017

Le « Timée » est l'œuvre de Platon dont le succès fut le plus retentissant après l'effondrement d'Athènes ; durant l'obscur Moyen-Âge européen, il sera l'unique œuvre connue réellement qui soit issue de l'antiquité gréco-romaine, et son influence sera énorme.

La raison en est que c'est une œuvre profondément mystique. Normalement, Platon œuvre à régénérer Athènes, et ce sur une base élitiste au possible ; son mysticisme est secondaire, visant à justifier l'élitisme. La disparition de cet élitisme, dû à l'effondrement du mode de production esclavagiste, a amené la récupération de son idéalisme...

30 juin 2017

Lorsque Platon et Aristote firent irruption sur la scène de l'Histoire, la cité-État d'Athènes était déjà profondément affaiblie. Sa concurrence avec Sparte avait épuisé les deux protagonistes, permettant à la Macédoine de finalement prendre le dessus. L'échec d'Alexandre le Grand à établir un empire macédonien dans la durée permit alors à Rome de former son propre empire, qui finit par vaciller sous son propre poids, ses propres contradictions.

On est là dans le contexte de l'effondrement du mode de production esclavagiste. Étaient remis en cause des décennies, des siècles, voire un, deux, trois millénaires de traditions, de psychologie, de mentalités...

12 aoû 2015

Pour comprendre l'importance du matérialisme anglais, il faut saisir la signification d'une bataille idéologique de grande ampleur ayant eu lieu au Moyen-Âge.

Ce qui a été appelé historiquement la « querelle des universaux » fut, en effet, un élément clef de l'histoire. Avec l'irruption des œuvres d'Averroès en Europe, c'est l'une des deux grandes dynamiques médiévales permettant l'affirmation du matérialisme...

3 juil 2014

Aristote est le véritable titan de l'antiquité grecque. Si la figure de Platon est davantage connue, c'est parce que celui-ci a joué un rôle moteur dans l'affirmation de l'idéologie chrétienne.

Toutefois, c'est Aristote qui parvient à développer le plus profondément les questions scientifiques et cela, dans pratiquement tous les domaines. Il intervient de fait à un moment historique, celui où, enfin, la Grèce parvient à s'unifier.

Aristote est en effet macédonien, de la ville de Stagire, et c'est lui qui va éduquer pendant deux décennies le grand unificateur : Alexandre le grand. Le grand problème, évidemment, sera qu'Alexandre le grand n'a pas fait qu'unifier la Grèce en s'opposant à la Perse, comme le voulait son père, il a également conquise celle-ci, pour arriver aux portes de l'Inde. Cela a liquidé un problème d'unification pour en aboutir à un autre...

2 juil 2014

Platon n'avait en fait pas le choix dans ses propositions stratégiques concernant l’État idéal. Sa proposition stratégique de formation d'un régime ultra-hiérarchisé - qui est la même que son maître Socrate - correspond en effet aux intérêts de toute une frange de l'élite athénienne, non seulement par rapport aux esclaves, mais par rapport aux « hommes libres » eux-mêmes.

Il faut, pour saisir cela, regarder l'histoire de la Grèce antique. Lorsqu'on parle de celle-ci, on entend la Grèce actuelle, avec également ce qui fut appelé la grande Grèce, c'est-à-dire les côtes méridionales de la péninsule italienne, ainsi que la Ionie, c'est-à-dire la façade ouest de l'actuelle Turquie.

La tradition de Pythagore est liée à la grande Grèce, celle qui s'est tournée plutôt vers des questions scientifiques étant liée à la Ionie. Mais en Grèce même, ces divers penseurs ne recevaient que peu d'écho, car à l'époque prédominait comme idéologie le paganisme bien connu des dieux Zeus, Poséidon, Athéna, etc...

29 juin 2014

Il ne faut pas perdre de vue que l'oeuvre de Platon se situe dans une perspective de construction politico-religieuse. Il n'y a pas d'originalité particulière dans la démarche de Platon, sa seule particularité étant de tenter de combiner les deux principales traditions « philosophiques » qui avaient, de fait, le même but.

Socrate, le maître de Platon, était d'ailleurs un pythagoricien, croyant en l'éternité de l'âme, étant végétarien, etc. Platon était donc de son côté un « héraclitéen », mais penchant vers les valeurs « socratiques ».

Cela a donc un sens à la fois politique et religieux, car Socrate est un moraliste, et la morale sert justement de base à la politique. Des œuvres qui nous restent de Platon (à savoir uniquement les dialogues, le reste étant perdu), c'est bien sûr dans l'ouvrage appelé la République que l'on retrouve établis les principes politico-religieux conseillés par lui.

28 juin 2014

Héraclite est une figure importante de l'antiquité grecque, car il va tenter une fuite en avant qui va redonner de l'impulsion à la « philosophie ». Il avait en effet conscience que les efforts de l'école ionienne ne pouvaient qu'aboutir à l'athéisme par les sciences naturelles.

Partant de là, il tenta de relancer le concept de Dieu, en expliquant que ce qu'était Dieu c'était le principe même du changement. Comme Dieu est tout, le changement est tout, jusqu'au nihilisme. Héraclite est ainsi connu pour son expression à la fois dialectique et incompréhensible, puisque selon lui tout est tout le temps en contradiction et c'est donc également le cas de toute affirmation, y compris par Héraclite lui-même...

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