Sur la fondation il y a cinquante ans du Parti Communiste Marxiste-Léniniste de France
Submitted by Anonyme (non vérifié)Il y a cinquante ans était constitué le Parti Communiste Marxiste-Léniniste de France (PCMLF), lors d'un congrès dans les Bouches-du-Rhône à Puyricard. Ce congrès a lui-même été immédiatement la cible du Parti Communiste Français devenu révisionniste, n'acceptant pas que certains de ses militants se soient regroupés, afin de former un nouveau Parti.
L'opposition interne au PCF était né dans les années 1960, connaissant de multiples exclusions aboutissant à la formation d'un Mouvement communiste français marxiste-léniniste, dont les 104 délégués formèrent ainsi le PCMLF au bout de deux jours d'un congrès de fondation, les 30 et 31 décembre 1967.
Le programme du PCMLF, rendu public en mars 1968, se revendique de Marx, Engels, Lénine, Staline, Mao Zedong et était constitué de six points fondamentaux :
« 1.Le but du Parti Communiste Marxiste-Léniniste est de renverser le régime des monopoles par la Révolution.
2. Rendre confiance à la classe ouvrière en l'organisant.
3. Unité à la base et dans l'action !
4. Arrachons la classe ouvrière à l'influence révisionniste !
5. Mobilisons-nous pour des revendications immédiates !
6. Développons l'internationalisme prolétarien ! »
Si en apparence, il y avait là un effort louable, en réalité une telle démarche relevait de ce que nous appelons la déviation pragmatique-machiavélique. Le PCMLF considérait qu'il fallait simplement reconstituer un Parti Communiste, avec des méthodes « classiques », pour que le processus révolutionnaire continue ou redémarre.
C'est une lecture fondamentalement erronée des luttes de classes et c'est une tendance qui, non seulement est fausse en général quel que soit le pays où l'on se trouve, mais qui relève d'un mal très puissant en France. Une démarche « technique », « techniciste », est une tendance inévitable dans notre pays, marqué par Descartes, la figure de l'ingénieur, le rationalisme à prétention de neutralité qui serait gage d'efficacité.
C'est ce qui explique que le PCMLF, malgré un caractère révolutionnaire jusqu'à mai 1968 et durant mai 1968, ait ensuite immédiatement sombré. Interdit en mai 1968, le PCMLF s'est maintenu dans une illégalité fictive, avec un organe légal de façade, s'imaginant « contourner » la loi. Cette fiction a amené une scission, puis de toutes manières tous les regroupements qui en sont issus se sont effondrés à la fin des années 1970.
La seule structure qui s'est maintenue, de manière fort logique, a été la tendance « pro-albanaise », devenant en 1979 le Parti Communiste des Ouvriers de France, reconnu par Enver Hoxha. Les « marxistes-léninistes », avec une lecture ossifiée, figée, anti-culturelle, d'une nullité théorique complète, ont été le produit naturel du PCMLF et de toute une démarche française liée à l'idéologie dominante.
Cela explique pourquoi les seuls mouvements authentiquement en rupture avec l'idéologie dominante – l'Union de la Jeunesse Communiste Marxiste-Léniniste (UJCML) et la Gauche Prolétarienne (GP) qui lui a succédé – ont eu comme dirigeants des personnes d'origine juive, étrangères à cette « rationalisation » littéralement glaciaire sur le plan de la culture et de l'idéologie.
L'UJCML avait, en ce sens, réalisé un document d'une importance fondamentale, dont l'étude est très importante pour comprendre les principes dialectiques de la dynamique d'une organisation révolutionnaire.
Ce document s'intitule « Édifions en France un Parti Communiste de l'époque de la révolution culturelle - Centralisation et décentralisation (Homogénéité et Hétérogénéité) » et a été publié en mai 1967.
Constatant que le Parti doit être présent dans toute la population et qu'il fallait des liaisons souples aves les éléments avancés, l'UJCML affirme que
« [Le Parti] doit parvenir à développer l'unité de deux aspects complémentaires : la diversité des composantes du mouvement et l'unité de leur directions ; en termes organisationnels : la centralisation et la décentralisation (voir le texte de Lénine : « Lettre à un camarade sur nos tâches d'organisation »). »
Ce que l'UJCML avait senti alors, c'était la nécessité de l'autonomie prolétaire. Entre le Parti et les masses, il y a l'aire de l'autonomie. Raisonner en termes de rapport direct Parti-masses – sans aire de l'autonomie, sans organismes générés – c'est faire du Parti un parti légaliste et parlementaire ou bien putschiste substitutiste.
Nous affirmons : le PCF (MLM) a redécouvert et réaffirmé ce principe de l'autonomie prolétaire et possède à ce titre la juste ligne, la juste compréhension de la voie révolutionnaire.
L'UJCML a eu raison d'affirmer que le PCMLF était une tentative de « forcer » l'existence d'un Parti ancré dans la réalité de la lutte des classes. Sa critique du PCMLF est correcte :
« Une centralisation trop rapide du mouvement dans son ensemble, alors qu'il n'aurait pas enfoncé ses racines dans chaque détachement du peuple, reviendrait à généraliser hâtivement une expérience partielle déterminée, à tenter de plaquer des formes d'organisation et des bribes de ligne nées dans une petite fraction du peuple sur la lutte de classes dans son ensemble ;
cela aboutirait à une direction étroite, qui ne pourrait devenir la direction de l'ensemble du mouvement marxiste-léniniste et des luttes populaires, et cela freinerait en définitive gravement le développement du mouvement et l'édification d'une véritable direction centralisée. »
L'erreur historique de l'UJCML et de son prolongement en tant que GP a été de faire un fétiche du processus de liaison avec les éléments avancés, sans parvenir à établir conceptuellement ce qu'était l'aire de l'autonomie et à bien la distinguer du Parti. D"où l'idée d'un « Parti de la Résistance », qui ne pouvait qu'être happé par les forces centrifuges, l'esprit de décentralisation et d'activités diffuses, et par conséquent l'esprit de liquidation.
C'est le Collectif Prolétaire Métropolitain italien – qui était sur la même ligne que l'UJCML et qui prendra ensuite lui-même le nom de Sinistra Proletaria (Gauche Prolétarienne) – qui parviendra en 1970 à évaluer correctement les principes de l'autonomie prolétaire.
La démarche du PCF (MLM) se situe dans la tradition historique de cette compréhension dynamique, dialectique du rapport Parti – aire de l'autonomie – masses, ce qui signifie de manière dialectique :
- saisir la signification de la bataille idéologique et culturelle, véritable guerre de positions dans la société ;
- valoriser l'autonomie prolétaire comme aire de rupture contre le consensus, générer des organismes, afin de contribuer à son renforcement.