Un hypothétique second tour des présidentielles qui demande de la réflexion.
Submitted by Anonyme (non vérifié)Il est une chose à laquelle beaucoup n’ont pas nécessairement pensé avec cette histoire de Marine Le Pen présent au second tour. En effet : quelle position devront alors prendre les révolutionnaires ? Rien n’est pire que la politique fiction, néanmoins être matérialiste c’est considérer que ce qui est rationnel est réel (et ce qui est réel est rationnel), et il y a donc lieu de poser la question. Peut-être en effet qu’il faudra se la poser et donc autant le faire bien avant que cela n’arrive, si l’on ne veut pas avoir... à se retrouver à voter pour la social- démocratie ou bien Sarkozy !
En 2002, il était évident qu’il ne fallait pas appuyer Chirac, et qu’il fallait boycotter le second tour (tout comme le premier). Cela sautait aux yeux que Le Pen ne pouvait nullement passer et que la bourgeoisie a joué sur une
« peur » en grande partie irrationnelle pour asseoir son hégémonie. Naturellement, jouer sur cette « peur » faisait partie de l’extrême-gauche petite-bourgeoise, qui a par conséquent suivi en bloc l’appel à voter Chirac.
Les choses seront par contre différentes si c’est Marine Le Pen qui atteint le second tour. Et ce pour les raisons suivantes :
a)le fascisme est un mouvement (pas un « parti »), et par conséquent les avancées de Marine Le Pen en particulier servent aussi les groupes fascistes en général, même s’ils refusent Marine Le Pen comme étant trop « soft. » Ce n’était pas le cas en 2002, Jean-Marie Le Pen étant alors relativement seul, l’extrême-droite étant faible et désorganisée, ainsi d’ailleurs que le Front National lui-même. b)en 2002, Jean-Marie Le Pen a été surpris, et n’avait pas de ligne populaire (contrairement à en 2007 comme nous le constations alors). Marine Le Pen, elle, en a une. Ce qui signifie que, si elle est au second tour :
• soit elle affronte une personne issue du Parti Socialiste, et là inévitablement une partie importante de la droite ne votera pas pour cette personne, s’abstenant ou votant pour Marine Le Pen ;
• soit elle affronte une personne issue de la droite, et alors Marine Le Pen assumera une position « de gauche »version nationale-populaire.
Dans ces cas de figure, Marine Le Pen sera forte au second tour, et évidemment surtout si c’est alors Strauss-Kahn qui est en lice (on aurait droit alors immanquablement aux accusations antisémites et anti-américaines, avec qui
plus est des remarques incessantes sur le style de vie de « DSK » qui serait mis en avant comme le « juif » cosmopolite pornocrate décadent vendu aux forces de l’argent etc.). Évidemment cette dernière situation serait catastrophique : faut-il refuser Strauss-Kahn car il est historiquement un dirigeant réactionnaire du FMI, ou bien considérer comme principal la lutte contre les thèses romantiques fascistes qui seraient lancées contre lui ?
Dans un même registre, faudrait-il voter... Sarkozy contre Marine Le Pen, sous prétexte qu’il serait moins « agressif » ? Faudrait-il soutenir les socialistes et leur réformisme teinté de magouilles ? Comme on le voit, de quelque bout qu’on prenne cela, on ne s’en sort pas... A moins que l’on regarde les choses d’un angle matérialiste dialectique.
Que nous dit le matérialisme dialectique ? Voici les aspects principaux qu’il faut retenir : 1.La progression de la bourgeoisie impérialiste est inéluctable, le retrait de la bourgeoisie traditionnelle aussi. La preuve en est qu’aujourd’hui lundi, Villepin rend visite à Sarkozy, pour la seconde fois en quelques semaines.
Sarkozy, représentant de la bourgeoisie traditionnelle, est évidemment prêt à un « accord » avec la bourgeoisie impérialiste par l’intermédiaire de Villepin, alors qu’auparavant ils étaient en conflit ouvert. L’idée derrière cela : plutôt que Marine Le Pen et son projet risqué, la bourgeoisie impérialiste doit préférer un accord, au moins temporaire, avec la bourgeoisie traditionnelle. Conclusion de cet aspect : il n’est pas possible en aucun cas d’appeler à voter Sarkozy, car en tant que représentant bourgeois traditionnel il ne peut que perdre la main face à la bourgeoisie impérialiste.
2.La social-démocratie est le frère jumeau du fascisme. C’est la thèse de Staline, nous l’assumons à 100 %. De par ses errements et surtout ses trahisons, la social-démocratie permet au fascisme d’apparaître comme « révolutionnaire. »
De par son refus de se confronter au fascisme, elle désarme également les masses idéologiquement, culturellement et matériellement.
Soutenir une personne représentant la social-démocratie n’est donc nullement possible, car la social-démocratie n’est nullement un rempart au fascisme, bien au contraire même. Se lier à la social-démocratie équivaut à un suicide à moyen terme.
3.L’existence du Parti est le facteur décisif pour maintenir le drapeau de l’autonomie populaire face au fascisme et la social-démocratie.
Ce que fait le PCMLM depuis le début de son existence en 2003, c’est accumuler des forces culturelles et idéologiques afin que le socialisme scientifique fusionne, dans un processus prolongé, avec la classe ouvrière et les masses populaires.
Sans cette fondation qu’est le Parti armé de la science marxiste-léniniste-maoïste, la tempête réactionnaire balaie toutes les positions progressistes tels des fétus de paille. On pourra arguer qu’il s’agit là du principe de la forteresse assiégée. C’est d’une certaine manière juste, et c’est une métaphore d’ailleurs classique dans le mouvement communiste (Staline ayant bien noté, et nous le remercions pour cet avertissement protecteur, que « les meilleures forteresses se prennent de l’intérieur »). Lénine et Mao l’ont rappelé : il faut compter sur ses propres forces, et l’idéologie communiste permet la victoire. Il est hors de question de pratiquer le suivisme et de déplacer le centre de gravité (le matérialisme dialectique) pour suivre les initiatives social-démocrate ou bourgeoise ! Compter sur ses propres forces est, dans une perspective scientifique, la seule stratégie possible : il faut traverser les flux et reflux, en portant bien haut le matérialisme dialectique et en renforçant le Parti. D’ailleurs justement, voyons comment agiraient les trotskystes et les anarchistes : a)les trotskystes (ou ce qu’il en restera dans une année, dans ce cas de figure) ne tiendront bien entendu pas ce discours : ils appelleront à se mettre à la remorque de la social-démocratie, diront que les syndicats doivent aussi participer au gouvernement, que des milices ouvrières doivent se fonder, etc.Tout cela est pour le coup vraiment de la politique fiction, du cinéma, un scénario fantasmatique théorisée par Trotsky dans le « programme de transition » et considérant que la révolution consiste à déborder la social- démocratie par la gauche.
b)les anarchistes qui ne suivront pas les trotskystes expliqueront que démocratie et dictature se valent, que tout cela revient au même, qu’il faut la révolution, etc.
Justement, en quoi alors notre position serait différente de celle des anarchistes ? Eh bien par le fait qu’il faudra alors placer au centre de ses activités les revendications démocratiques populaires, c’est-à-dire antifascistes,
exactement comme l’ont fait les Fronts Populaires français et espagnol dans les années 1930. Il ne faudra pas appeler à la révolution comme les anarchistes ou s’imaginer qu’elle sera en cours (comme les trotskystes), mais au contraire renforcer la conscience des masses que l’antifascisme comme front est une nécessité impérieuse, que sans action antifasciste toute possibilité d’expression, de contestation, de succès sociaux... serait totalement vaine.
Il ne s’agit pas d’antifascisme « radical » mais d’unité populaire à la base avec des revendications démocratiques –rentrant en conflit avec le pouvoir des monopoles et le social-darwinisme. Il s’agit de l’antifascisme porté par des groupes autonomes nés dans le peuple et s’élargissant à terme toujours davantage, jusqu’à rentrer en conflit ouvert avec l’Etat au service des monopoles. Ainsi, en cas de second tour avec Marine Le Pen en lice, ce qui comptera sera la culture que l’on sera apte à proposer... ou pas. C’est là tout le sens de notre travail, un travail qui n’attend pas, par définition, que la situation mauvaise soit déjà là...