Le 14 Juillet est la « fête nationale » de la France. Un jour férié et un jour de propagande nationaliste.

Le 14 Juillet a été institué fête nationale et jour férié en 1880. Bien évidemment, cette date rappelle la prise de la Bastille, prison forteresse qui surplombait les quartiers populaires parisiens, par les insurgés sans-culottes parisiens. Date restée symbolique de la chute de la monarchie et de la prise du pouvoir par la bourgeoisie portée par les idées progressistes.

Mais en fait, ce jour férié fait référence à la « Fête de la Fédération » qui a eu lieu le 14 Juillet 1790, un an après la prise de la Bastille. Cette fête est considérée en quelque sorte comme la date de naissance de la Nation française. En effet, elle a réuni des délégations de la Garde Nationale (la milice révolutionnaire née en 1789, embryon de la future armée bourgeoise française), venues de toute la France. Plus de 100 000 gardes nationaux défilèrent sur le Champs de Mars de Paris (là où se trouve aujourd'hui la Tour Eiffel) devant des centaines de milliers de spectateurs. Le Roi de France prêta serment à la Nation et à la Loi et tout le monde fit la fête.

En 1880, la bourgeoisie française préparait déjà sa revanche contre l'Allemagne qui avait fait tomber le Second Empire en 1871, annexé l'Alsace et la Lorraine et étendait sa domination sur toute l'Europe. Afin d'unifier les masses derrière la République, la bourgeoisie a choisi cette date à double sens en prenant les mêmes formes que la Fête de la Fédération.

La bourgeoisie française met en avant une date symbolique où elle était encore porteuse des idées progressistes, de la démocratie ; un moment où elle était encore une classe révolutionnaire, mettant à bas la tyrannie aristocratique et unifiant la France. Mais elle le fait pour faire acclamer par la foule son armée, pour ranger les masses derrière son drapeau et ses projets de reconquête nationaliste.

L'instauration du 14 Juillet comme fête nationale, commençant par un grand défilé militaire devant les dirigeants politiques de la République et se terminant par des bals populaires, est en fait le lancement de l'agitation nationaliste qui aboutira la Première Guerre Mondiale durant laquelle des millions de prolétaires mourront pour les intérêts capitalistes.

Et c'est toujours le même schéma qui a cours aujourd'hui. Le 14 Juillet est le prétexte à des défilés militaires gigantesques dans les principales villes de France et dont celui de Paris qui se déroule devant le gouvernement et passe en direct sur les chaînes de télévisions les plus regardées. Loin d'être une « fête », le 14 Juillet est en fait une démonstration de force nationaliste de l'impérialisme français qui exhibe sa puissance armée, ses troupes d'élites sanguinaires, sont matériel dernier cri, ses chars, ses avions, ses hélicoptères de combat.

Les sociaux-démocrates qui se sont fait élire en mettant en avant le « changement », ne veulent rien changer du tout. Et la preuve en est justement leur comportement lors de ce 14 Juillet 2012. Le gouvernement au grand complet était sur les Champs Elysée pour applaudir les prouesses des troupes d'élites et l'étalage de la puissance militaire française. Le changement n'est que dans la forme : le Président est plus "sympa", il donne une interview au lieu d'une allocution, il n'y a pas de garden party à l'Elysée. Bref, la forme a changé, mais le fond est resté le même.

Cette manifestation était l'adoubement définitif du gouvernement social-démocrate issu des élections de cette année comme gouvernement de l'impérialisme français opprimant les peuples de par le monde et la classe ouvrière en France.

Il est ironique, d'ailleurs, d'avoir pu constater la présence de Cécile Duflot, rigolarde, juste derrière François Hollande lors du défilé militaire. Alors qu'il y a à peine deux mois encore, elle défendait avec Eva Joly l'abolition de ce même défilé. On voit là l'étendu de l'opportunisme du parti prétendument écologiste Europe Ecologie/Les Verts, qui n'a en fait pas de conviction et n'est qu'un groupement de notables politiciens.

Le 14 Juillet une fête ultra-chauvine et agressive dont les échos progressistes de 1789/1790 ne sont que des fantômes. C'est aujourd'hui la sanctification de l'armée française qui tue en Afghanistan, en Libye, en Côte d'Ivoire, au Centrafrique, au Tchad et bientôt en Syrie, de l'armée française qui occupe militairement les colonies françaises appelées « Département et Régions d'Outremer » et les semi-colonies comme Djibouti, qui protègent partout les intérêts économiques et politiques de l'impérialisme français.

Le 14 Juillet, c'est la fête de l'impérialisme français et des trusts de l'armement ! Le 14 Juillet c'est la fête du fascisme français en gestation dans les entrailles du capitalisme !