BR-PCC : déclaration n°1 à l'occasion du procès Moro (1982)
Submitted by Anonyme (non vérifié)COMMUNIQUÉ N° 1 AU PROCÈS MORO - 10 mai 1982
À TOUT LE MOUVEMENT RÉVOLUTIONNAIRE,
À TOUTES LES ORGANISATIONS COMMUNISTES COMBATTANTES,
Ce qui se trouve dans cette salle, malgré tous les efforts que la bourgeoisie fait pour la nier, est une terrible contradiction politique.
Une contradiction qui, du point de vue de la bourgeoisie, ne peut trouver de solution : l’affirmation dans la métropole impérialiste de la stratégie de la lutte armée pour le communisme, en tant qu’antagonisme mortel au mode de production et au système de domination capitaliste.
Dans d’autres procès intentés aux Brigades Rouges, en d’autres moments historiques, on cherchait à faire le procès de l’« idée-force » de la guérilla comme stratégie révolutionnaire en condamnant des «individus» dont on voulait masquer l’identité de classe.
Le « procès » en cours représente et une continuité et une rupture avec ceux-ci, justement parce qu’avec la capture d’Aldo Moro la guérilla a cassé d’être une simple « idée force » pour devenir une force politique révolutionnaire, un projet politique global qui entre dans le vif de l’histoire comme proposition de pouvoir du prolétariat métropolitain.
L’histoire de ces dernières années de lutte prolétarienne dans notre pays le démontre de toute évidence.
Ce sont des années au cours desquelles le système bourgeois a assisté impuissant, tout en étant férocement barricadé dans la défense de ses intérêts, à l’avancée de la lutte armée qui a conquis des points d’appui fondamentaux sur lesquels construira le système de pouvoir prolétaire.
Ce sont des années au cours desquelles, avec d’inévitables hésitations, limites et aussi erreurs, le projet de la guérilla a réussi à pénétrer dans le tissu prolétarien, à tel point qu’il n’est désormais plus possible de l’en déraciner.
La guérilla a pu poser d’aussi profondes racines parce que, issue du prolétariat métropolitain, elle s’est développée, depuis sa naissance parmi les ouvriers de la Pirelli, à travers Sossi, Coco, etc., en tendant à être un projet politico-militaire global pour la CONQUÊTE DU POUVOIR.
C’est au cours de ces dernières années que la guérilla a concentré son offensive sur le terrain de l’affrontement politique avec l’État impérialiste.
Conjoncture après conjoncture, elle a déterminé le cœur vital, le projet dominant qui a guidé les pratiques contre-révolutionnaires de tout l’appareil de la bourgeoisie.
En déclenchant l’attaque contre le projet global de restructuration impérialiste, la guérilla a touché le « cœur de l’État ». Une fois déterminé l’aspect dominant de la contradiction entre bourgeoisie et prolétariat, plus rien n’a été épargné par l’attaque de la guérilla.
Depuis le pivot délégué pour mener politiquement la restructuration de l’État, l’immonde Parti de la D.C. ; depuis les structures économiques qui devaient piloter cet État sur les rails obligés de la vorace et insatiable nécessité d’accumulation du capital multinational ; depuis l’ensemble des appareils militaires, avec leurs sales mercenaires déchaînés dans une pratique terroriste et meurtrière ; jusqu’à l’ensemble des moyens de la « désinformation sociale », tant indispensables à la contre-révolution préventive et à l’obscurcissement de la conscience des prolétaires, pour faire du mensonge et de la manipulation idéologique la philosophie de ce régime.
Dans les principales zones prolétariennes où ce projet de domination s’est articulé, il a trouvé sur sa route la guérilla, comme point le plus élevé du mouvement prolétaire de résistance offensive.
L’indiscutable force de la guérilla au cours de ces années n’a donc pas été, ni seulement, ni principalement, de type militaire, mais réside dans sa capacité à exister et à se présenter comme projet politico-militaire pour la conquête du pouvoir.
Ce n’est donc pas la somme des épisodes singuliers qui constitue l’essence de notre force, mais la proposition globale d’alternative de pouvoir.
La « Campagne de Printemps » de 78 constitue une étape fondamentale de ce parcours, comme authentique moment décisif dans l’histoire de la guérilla en Italie et pour l’ensemble du mouvement révolutionnaire dans notre pays.
Elle clôt une phase, en en ouvrant dans le même temps une autre.
Elle indique et trace les lignes directrices essentielles du parcours que le mouvement révolutionnaire doit entreprendre pour la construction du pouvoir prolétaire armé.
Elle fonde les critères essentiels de l’agir en Parti par le biais de l’Organisation combattante, sur lequel construira la direction politico-militaire du mouvement révolutionnaire.
Dans cette période, le projet de refondation de l’État impérialiste trouve sa substance dans l’ambitieuse tentative d’agréger autour de la D.C. un tas de forces et de partis, capable de gérer la crise en fonction des exigences du capital multinational et avec des intentions anti-prolétariennes déclarées.
C’est le regroupement d’un arc de forces qui comptera le parti de Berlinguer dans ses rangs, en plus des représentants traditionnels de la bourgeoisie.
Bien que semblant être une nouveauté absolue par rapport aux alchimies habituelles de la classe politique au pouvoir, ceci correspond en réalité au vieux rêve de dévitaliser l’antagonisme social, par la co-responsabilisation de ses présumés représentants institutionnels.
À un P.C.I. avide de ronger l’os d’un pouvoir dont il est exclu depuis toujours, on assigne le rôle de contrôleur, de gendarme de l’État infiltré dans la classe ouvrière.
Une fois déclenchée l’attaque contre la force politique principale, contre la D.C., et capturé le principal stratège de cet infâme projet, celui-ci commence irrémédiablement à agoniser le jour-même où il est inauguré.
L’action de la guérilla, en attaquant le niveau le plus élevé du plan contre-révolutionnaire, enferre la bourgeoisie dans un dilemme qui n’a qu’une seule solution : SUBIR LA DÉFAITE !
C’est une défaite qui met en crise tout le dispositif des forces contre-révolutionnaires, qui en désagrège la cohésion, qui en défait irrévocablement les équilibres, qui réouvre des conflits d’intérêts qui étaient en train de se résoudre autour de la D.C.
Aujourd’hui encore, ici, dans cette salle, nous pouvons le vérifier.
Dans le même temps, la guérilla se met en évidence dans toute sa portée stratégique, elle se projette, par ses mots d’ordre, comme solution gagnante pour l’ensemble du prolétariat métropolitain.
C’est à partir de ce moment que la guérilla conquiert la dimension générale d’un projet politique pour une alternative de pouvoir : un pouvoir prolétarien, révolutionnaire et communiste.
C’est dans l’attaque victorieuse au « cœur de l’État » que la guérilla conquiert pour la première fois des rapports de force favorables au prolétariat.
En conquérant le terrain de l’affrontement politique avec l’État, la guérilla vise à la destruction et à la liquidation du pouvoir de la bourgeoisie, se présente comme projet possible et crédible de construction du système du pouvoir prolétarien.
En ce sens, la « Campagne de Printemps » marque un point de passage et de dépassement.
La lutte armée cesse d’être une stratégie prolétarienne possible, mais encore à vérifier, pour devenir l’unique stratégie révolutionnaire gagnante.
La guérilla dépasse son caractère de propagande de la nécessité historique de la lutte armée, et commence à être un projet politique global pour la conquête du pouvoir par le prolétariat.
Face à ce résultat, la bourgeoisie reste effrayée et terrorisée.
Parce que c’est à partir de ce moment que la guérilla, comme projet de pouvoir, devient l’ennemi mortel de la bourgeoisie impérialiste.
Détruire par tous les moyens l’organisation de la guérilla devient l’obsession de la contre-révolution dans les années qui suivent.
Mais, désormais, la porte de la révolution prolétarienne dans les métropoles impérialistes a été grand ’ouverte.
En franchir le seuil devient possible. La tâche de la guérilla dans la phase qui s’ouvre est d’occuper le gigantesque espace qui s’entrouvre au-delà de cette porte.
De nombreux et très importants pas ont déjà été faits dans cette direction, mais il faut en effectuer d’autres, encore plus exigeants, pour que le système de pouvoir prolétarien se consolide et développe la guerre civile pour une société communiste.
Mais ici, en ce moment, il nous faut souligner que qui veut battre le projet guérillero, que qui veut liquider la possibilité qu’aie mouvement révolutionnaire de se constituer en système de pouvoir prolétaire armé, doit à tous prix nous faire croire que c’est depuis la « Campagne de Printemps » et l’opération Moro qu’a commencé le déclin de la guérilla et que, delà, elle s’est engagée sur le chemin de la défaite.
Ceci n’est qu’un exorcisme de sorciers spécialistes en propagande et en mystification. Nous affirmons que c’est depuis la « Campagne de Printemps » que la guérilla a finalement commencé à vaincre.
C’est pour cela que nous, militants de l’Organisation communiste combattante Brigades Rouges, revendiquons non seulement chaque plus petite action combattante qui nous est attribuée de manière si généreuse et flatteuse dans cette salle, mais aussi la justesse de l’ensemble de la ligne politique pratiquée par notre Organisation jusqu’ici.
Nous revendiquons aussi les limites et les erreurs qui font partie de notre parcours, conscients qu’une ligne politique juste s’affirme aussi à travers le dépassement des obstacles qui surgissent inévitablement dans la croissance non linéaire de la révolution.
Que tout cela soit vrai, l’ennemi de classe nous le confirme involontairement.
Malgré toute la puissance qu’il déploie, il se sent et est constamment assiégé, perpétuellement encerclé, il sait qu’il ne peut battre politiquement la guérilla.
Les tentatives de l’anéantir ont jusqu’à maintenant été vaines, même si des succès militaires tactiques leur ont été possibles, comme cela arrive dans toute guerre.
Les efforts pour la résorber, comme cela s’était jusque-là toujours passé pour toute autre hypothèse faussement révolutionnaire dans notre pays, ont été infructueux et puérils.
Pour la guérilla, la référant social ne peut qu’être la prolétariat ; et la classe ne peut voir la stratégie pour sa propre libération que dans la lutte armée.
Seul le prolétariat, porteur des raisons sociales qui l’érigent en classe mûre pour être dominante, peut voir dans la guérilla sa politique. Une politique prolétarienne apte à réaliser les transformations sociales pour lesquelles elle n’a jamais cessé de combattre.
La guérilla a finalement établi une ligne de démarcation au-delà de laquelle il ne peut y avoir que la destruction de la bourgeoisie comme classe et l’instauration de la dictature du prolétariat comme étape historiquement nécessaire pour la transition au communisme.
Pour cela, quels que soient les efforts, la bourgeoisie ne parvient pas à récupérer ni à déformer quoi que ce soit de ce patrimoine et de cette proposition.
Une proposition stratégique qui ne tolère ni ne subit aucune médiation et aucun conditionnement sur ses propres finalités et objectifs : la révolution prolétarienne pour une société communiste.
La bourgeoisie ne peut que tenter de la nier, en créant des mythes, en falsifiant la réalité, en présentant des phantasmes.
Mais, plus elle dépeint la guérilla comme une pratique sanguinaire et insensée, et plus nous enrichissons notre humanité et notre intelligence collective, capable de projet social.
Plus elle affirme l’isolement de notre proposition, et plus nous vérifions qu’elle s’est profondément liée aux motivations et aux besoins du prolétariat.
Plus elle tente de liquider l’identité de la guérilla par des exorcismes mystifiants et rassurants, comme ce procès, et plus nous sommes sûrs d’avoir fait mouche !
Chers Messieurs,
Il vous est impossible d’effacer la guérilla, en la niant vous ne manifestez que votre peur et votre faiblesse politique !
Voilà le pourquoi de votre fébrile besoin de construire une « vérité » à vous sur ces dernières années d’histoire de la lutte armée.
Vous avez continuellement besoin de construire ce qui doit être rappelé et comment le rappeler.
De là naît votre prétentieuse tentative d’effacer jusqu’à la mémoire historique du prolétariat.
Elle correspond à la nécessité qui est la vôtre de démolir les conquêtes politiques de ses luttes et la conscience que les prolétaires ont d’elles.
Détruire et démolir la mémoire historique du prolétariat est la condition pour en étouffer les poussées révolutionnaires.
Et c’est là l’objectif le plus ambitieux que la bourgeoisie poursuit dans cette salle.
Notre tâche ne peut donc être que de contribuer à reconstruire et à rendre vivante et utilisable la mémoire de classe, notre patrimoine d’expérience.
Ceci est indispensable pour faire les pas suivants.
Cependant que la bourgeoisie, à la recherche fébrile de sa « vérité », tordue et obscure parce que visant à maintenir l’oppression et l’exploitation, ne réussit pas à sortir de manière convaincante de l’enchevêtrement de mensonges qu’elle a elle-même construit.
Notre vérité, nous l’avons déjà dite, et c’est celle du point de vue du prolétariat.
Limpide et complète comme l’imposent les exigences de libération de la révolution prolétarienne, sans secrets ni mystères.
Une vérité, donc, qui ne craint jamais, même aujourd’hui dans cette salle, de se présenter pour ce qu’elle est, dans l’intégrité de son propre parcours et dans le fait de dévoiler le vrai visage de son propre ennemi.
Aucun doute, nous sommes ici pour remémorer !
Avec la modestie et l’orgueil de militants des Brigades Rouges, pour ce qui nous revient et au maximum de nos possibilités, nous contribuerons, face au mouvement révolutionnaire, à répéter et à consolider les éléments théoriques et politiques qui ont guidé la pratique militante de notre organisation au cours de ces années.
Ils constituent les fondements à partir desquels la guérilla est déjà en train de se redéfinir pour les nouvelles tâches que la phase lui impose.
De fait, la guérilla ne s’est pas arrêtée à Moro !
Delà, avec l’élan et la conscience d’avoir réalisé une victoire, elle a affronté les nouvelles tâches qui se posaient à elle. Et ce sont ces quatre dernières années.
Quatre années de lutte armée caractérisées par un enracinement toujours plus réel dans les masses, caractérisées par un parcours dur, contradictoire, mais extrêmement riche et propositif, années qui, alors qu’elles ont ratifié la validité historique et l’actualité de la lutte armée pour le communisme, ont construit dans la pratique une première synthèse, commençant à dissoudre les nœuds politiques du passage de l’adolescence à la maturité.
Avec la Résolution de la Direction stratégique de 1980 et son explication consécutive dans la «Campagne D’Urso», la guérilla met en relation les contenus politiques exprimés par l’antagonisme prolétaire avec l’attaque « au cœur de l’État ».
Elle réussit donc à traduire en programme de pouvoir les contenus présents dans les luttes développées par une strate de classe, en faisant vivre dans une synthèse, dans un dessein unitaire, le mot d’ordre : « Accepter la guerre, attaquer le cœur de l’État, organiser les masses sur le terrain de la lutte armée ».
La « Campagne D’Urso », bien que s’articulant dans le particulier d’un strate de classe, relance le projet de la guérilla en Italie, touche un aspect de la contradiction principale qui réunifia ce strate à tout le prolétariat métropolitain.
Le rapport antagoniste entre le « plan » de l’État et les motivations sociales qui soutiennent les luttes prolétariennes trouve dans la « Campagne D’Urso » une formidable première synthèse du rapport parti/mouvement de masse pour le saut dans la construction du système du pouvoir prolétaire.
C’est avec ce nouveau saut que la guérilla centre l’essence politique de l’affrontement de classe, au moment où la bourgeoisie, étranglée par sa crise, attaque toujours plus durement non seulement les aspirations, les besoins et la volonté de changer de millions de prolétaires, mais aussi pèse sur leurs conditions mêmes, les ramenant en arrière par rapport aux conquêtes de plus d’une décennie.
Se crée donc la possibilité historique, en plus de la nécessité pour le prolétariat, de transformer, de faire éclater comme lutte politique révolutionnaire, comme affrontement de pouvoir, les principales tensions vécues par la classe et sur lesquelles elle s’affronta à l’État.
Dès lors, la tâche de l’avant-garde révolutionnaire est de se rapporter à la lutte de masse, d’en faire émerger les éléments qui réunifient les divers strates du prolétariat métropolitain et qui, nécessairement, se situent sur le terrain de la conquête du pouvoir.
C’est le saut que nous devons faire accomplir à la lutte des masses, un saut possible qui rende actuelle la victoire du prolétariat sur l’unique terrain où elle puisse être conquise.
Ne pas faire cela, s’attarder dans la continuation de la vieille phase de la propagande armée, où l’« attaque au cœur de l’État », par rapport à l’organisation des masses, se limitait, en désarticulant le pouvoir, à parcourir la piste du mouvement prolétaire de résistance offensive, à travers le recrutement des avant-gardes d’un côté, et la propagande de l’idée-force de la guérilla de l’autre, signifierait aujourd’hui opérer une réduction « militariste » de l’agir en Parti.
Dans cette phase de passage vers la guerre civile, il y a les conditions objectives pour diriger les luttes de masse à l’intérieur d’une stratégie pour la conquête du pouvoir politique.
Le projet de la classe dominante a sa propre complexité qui vit dans les formes d’oppression du prolétariat, et non en une seule force de manière prédominante, comme c’était par exemple la cas en 1978 avec la D.C.
Mais les forces de ce projet n’ont pas toutes le même poids et, par conséquent, les luttes spontanées sur les besoins immédiats du prolétariat n’ont pas toutes la même valeur politique dans la tactique révolutionnaire.
En effet, alors que l’antagonisme prolétarien se développe dans la lutte sur les besoins matériels, le « plan » du capital par le biais de l’État suit des priorités politiques qui ne sont pas le reflet des luttes prolétaires, mais découlent de sa dynamique interne qui, aujourd’hui est la tendance à la guerre.
Tendance opposée et contemporaine à la tendance à la révolution prolétarienne qui vit dans la lutte des masses.
De ce fait, l’antagonisme prolétarien ne devient rupture révolutionnaire, dans la construction d’un système de pouvoir, que si, en son sein, l’avant-garde révolutionnaire a la capacité de saisir la stratégie différenciée qui conforme tous les « plans » contre-révolutionnaires et fait vivre l’élément général dans le particulier.
La tâche est donc de déterminer dans chaque lutte, dans chaque besoin qui s’exprime de manière concrète et antagoniste, l’aspect qui l’oppose de manière irréductible à la concrétisation, dans le spécifique, de la politique dominante de l’impérialisme.
Rendre ces aspects conscients, en exalter le caractère intrinsèque de critique radicale de la société, constitue le parcours qui permet de définir le programme révolutionnaire de la classe, de sédimenter la conscience prolétaire en système de pouvoir révolutionnaire.
Le fait de ne pas avoir assumé avec la clarté nécessaire les tâches qui se posaient à l’avant-garde révolutionnaire dans la nouvelle conjoncture, a mené, dans la dernière période, à subir des défaites tactiques, que la bourgeoisie et certains de ses paladins ont confondu avec la faillite historique de la lutte armée.
Ces erreurs se sont aussi manifestées dans notre organisation, en tant que partie vivante et active du mouvement révolutionnaire.
Elles tournent autour d’une conception qui conçoit l’attaque au « cœur de l’État » comme une simple désarticulation de ses appareils centraux et non, au contraire, comme une ligne politique qui, s’articulant en des formes d’organisation et de lutte adéquates, traversa des niveaux de conscience prolétaire différents ; et non, donc, comme indication stratégique essentielle pour l’organisation des masses dans le système de pouvoir révolutionnaire.
C’est une erreur qui se présente sous deux formes dans l’actualité historique : la réduction « militariste » et la substitution « économiste » aux luttes des masses.
C’est une erreur qui renonce au rôle de parti politique, à la recomposition, à travers l’attaque à la politique dominante de la bourgeoisie, du prolétariat métropolitain comme classe consciente qui lutte sur un programme politique de prise du pouvoir.
Dans ce contexte, le concept de réajustement, comme il en est pour le concept maoïste de « retraite stratégique », ne signifie pas pour nous (comme a pu le croire quelque petit-bourgeois superficiel et plein d’espoir) une attente de « temps meilleurs », un « refuge défensif parmi les masses », ou la « redécouverte sénile de la guérilla diffuse », etc.
Il signifie au contraire concentrer et redéfinir les forces pour privilégier les objectifs prioritaires de l’affrontement, ou plutôt les objectifs qui caractérisant le rôle du Parti, qui définissent l’axe autour duquel réunifier la classe.
Comme après 1905 en Russie, comme dans la situation qui, en Chine, amena les communistes à entreprendra la Longue Marche, les défaites tactiques ont, en réalité, révélé la maturité historique de la question centrale : la nécessité du saut de la guérilla au Parti pour la conquête du pouvoir politique et pour l’instauration de la dictature du prolétariat, étape indispensable pour la transition au communisme.
Du côté de la bourgeoisie, la politique dominante, qui pénètre toutes les sphères de la condition prolétarienne, est mise en avant par des forces qui s’assignent le rôle de direction de la société vers la guerre inter-impérialiste. Cet ensemble est bel et bien un parti « inter-forces », le parti de la guerre impérialiste.
« Parti » qui impose désormais sa logique dans tout programme de restructuration, en la rythmant selon des temps et des modes dont les priorités sont celles de la préparation à la guerre.
Le saut que la contre-révolution a effectué se situe dans cette dynamique pré-guerrière. Un saut auquel la combativité et la solidité interne de la guérilla l’a contrainte, mais qui a dans le même temps mis à nu les carences globales des forces révolutionnaires.
Un saut marqué d’une empreinte militaire, par le déploiement d’une stratégie qui prévoit la torture, la trahison, la dissociation et la reddition. Mais ces problèmes, avec lesquels nous devons aujourd’hui régler les comptes, sont des problèmes de croissance.
Pour cela, forts de notre patrimoine, que nous réaffirmons ici, il est possible de regarder le futur avec l’assurance de pouvoir assumer les tâches auxquelles nous sommes confrontés.
Construire le Parti Communiste Combattant !
Organiser les masses dans le système du pouvoir prolétaire armé pour la conquête du pouvoir politique !
Contre le « parti de la guerre impérialiste », porter l’attaque au cœur de l’État !
Guerre à l’impérialisme ! Guerre à l’O.T.A.N. !
Pour tous ces motifs, pour l’identité politique, que nous revendiquons, de militants des « Brigades Rouges pour la construction du Parti Communiste Combattant », nous estimons absolument superflue la présence d’avocats de la défense.
La révolution prolétarienne n’a à se défendre de rien, parce qu’elle est elle-même une accusation et une condamnation du système de pouvoir et de production existant.
Nous révoquons donc le mandat de nos défenseurs.
Nous défions quiconque de prendre la parole en notre nom.
Nous considérons les défenseurs commis d’office, qui assumeraient éventuellement cette charge, comme des collaborateurs actifs de ce régime.
La guérilla les considérera de la même manière que les « défenseurs d’office » qui ont fourni, par leur seule présence, une couverture «légale» aux pratiques de torture à l’égard des communistes capturés.
Couverture et complicité qu’ils paieront de l’unique manière qu’ils soient en mesure de comprendre : avec le plomb !
Rome, 10 mai 1982
Les militants de l’Organisation Communiste Combattante
Brigades Rouges
pour la construction du Parti Communiste Combattant
Arreni Renato, Bella Enzo, Braghetti Anna Laura, Cacciotti Giulio, Gallinari Prospero, Guagliardo Vincenzo, Jannelli Maurizio, Moretti Mario, Piccioni Francasco, Ponti Nadia, Ricciardi Salvatore, Seghetti Bruno.