Au sujet de la « commune » d'Oaxaca
Submitted by Anonyme (non vérifié)Jusqu'à présent il n'était pas souhaitable de critiquer le mouvement s'étant développé à Oaxaca, car la solidarité primait sur la répression.
Mais désormais rien ne doit empêcher la critique non seulement de la nature de ce mouvement, de son développement, de son effondrement totalement prévisible.
S'imaginer que dans un pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine, on puisse avoir une contestation faisant reculer le fascisme, est une illusion criminelle.
C'est pourtant cette illusion qui a été propagé par le courant anarchiste, en France comme dans d'autres pays.
Ainsi, il a été considéré comme « scandaleux » que les médias ne parlent pas de la situation à Oaxaca, alors que ces mêmes anarchistes n'ont jamais parlé ne serait-ce qu'une seule fois de la grève de plusieurs milliers d'usines au Bangladesh en mai-juin 2006 ou des affrontements armés qui ont lieu quotidiennement en Inde.
Et dire cela ce n'est pas opposer un mouvement à un autre, mais simplement constater que les ouvriers et les paysans n'intéressent pas les anarchistes, pas plus que la révolution agraire ou le fait de chasser les monopoles US ou européens. Les anarchistes préfèrent qualifier d'exemplaire une lutte des... instituteurs protestant contre le caractère non démocratique des élections du gouverneur.
Cette protestation a consisté en l'occupation de la place principale de la ville, d'une ville de 300.000 habitants dans un pays de 100 millions de personnes - c'est dire si l'action est à la fois réformiste et d'une proportion infime dans l'histoire du Mexique.
Même la répression contre le mouvement le 14 juin 2006, qui a fait 8 morts, 15 disparus, n'est malheureusement rien dans l'histoire révolutionnaire du Mexique, un pays fasciste où les opposants sont exterminés - mais cela les anarchistes ne veulent pas le voir.
Ils préfèrent fantasmer sur l'Assemblée populaire des peuples de Oaxaca (APPO), qui serait une « Commune de Paris » moderne alors qu'en fait il s'agit d'un rassemblement de 350 différentes organisations (associatives, syndicales, politiques, indigènes mais également des syndicats de professions libérales) ayant géré la misère sociale pendant plusieurs mois, sans jamais socialiser la production et la consommation.
Certaines associations ou personnes participaient beaucoup à l'APPO, d'autres très peu, d'autres parfois, etc.; il n'y a pas eu de révolution au Mexique et l'APPO n'était pas le pouvoir des conseils populaires, voilà la vérité!
L'APPO était une coordination visant, sur la base du pacifisme, aux négociations avec l'Etat fasciste mexicain - à qui était attribué la légitimité (par opposition au pouvoir régional du gouverneur).
Ainsi, si l'APPO faisait appliquer aux « délinquants » des travaux d'intérêt général, dans le cas d'un assassin, d'un paramilitaire ou d'un franc-tireur, l'APPO remettait celui-ci à la justice fédérale, la PGR (Procuraduría General de la República) par l'intermédiaire du syndicat des enseignants!
Et l'on veut faire passer cette pratique pour la Commune de Paris? Alors dans ce cas la Commune de Paris vit dans chaque canton de la Confédération Suisse!
L'un des principaux dirigeants de l'APPO explique lui-même les misérables objectifs du mouvement : « Dans un premier temps, l'APPO était une réponse populaire face à l'agression contre les enseignants et cherchait à atteindre un objectif commun : la démission de Ulises Ruiz Ortiz [le gouverneur de l'Etat d'Oaxaca, ndlr].
Par la suite, l'idée s'est développée qu'il ne s'agissait pas seulement de rechercher la chute d'Ulises mais aussi de commencer à transformer nos conditions de vie et d'établir les fondements d'une nouvelle relation société-gouvernement. Dans cette perspective, on a réalisé plusieurs débats très intéressants, avec notamment la participation d'universitaires, d'intellectuels, de religieux et de membres d'autres organisations. » (Interview de Flavio Sosa, 6 décembre 2006, RISAL).
Oui, la résistance populaire aux escadrons de la mort, les affrontements et les barricades, ont été une bonne chose - mais tout cela dépasse le cadre étroit et réformiste « dur » de l'APPO, tout cela a voir avec la lutte de classes et non pas le culte d'un gloubi-boulga rassemblant différentes couches sociales, sans aucune préoccupation de la paysannerie et sans direction de la classe ouvrière.
Ce n'est pas pour rien que l'APPO s'est clairement désolidarisé des actions unifiées de 5 guérillas (le Mouvement révolutionnaire Lucio Cabanas Barrientos, la Tendance démocratique révolutionnaire - Armée du peuple, l'Organisation Insurgée 1er Mai, la Brigade de justice 2 décembre et les Brigades populaires de libération).
Comme l'a constaté Miguel Linares, enseignant et membre de l'APPO : « Au début, nous ne pensions pas qu'Oaxaca allait exploser de cette manière.
Nous en avons seulement pris conscience lorsqu'ils nous ont attaqués le 14 juin. Il y a eu une réponse immédiate de la population. Les gens se sont solidarisés avec les enseignants et ont participé aux actions. Les barricades sont apparues à ce moment précis, lorsque nous avons commencé à être attaqués par des groupes paramilitaires.
Des groupes d'autodéfenses ont alors commencé à être formés pour ne pas les laisser circuler librement dans Oaxaca. » (Interview, 23 novembre 2006, RISAL).
Ainsi en octobre l'Etat mexicain n'a pas eu de mal à reprendre la ville et écraser la centaine de barricades; après avoir toléré les protestations, il n'a pas eu de mal fin novembre à écraser l'APPO.
Les anarchistes de la CNT-AIT de Toulouse disaient : « Il y a une différence de taille entre la commune de Paris et celle de Oaxaca, c'est que cette dernière n'est pas isolée. » (Le peuple mexicain est prêt pour le communisme, 9 novembre 2006).
Ils leur auraient suffits de lire « L'Etat et la révolution » de Lénine pour comprendre l'erreur tragique de l'APPO, ils n'auraient alors pas fantasmé sur le communisme au Mexique alors que le massacre par des gens armés de gens désarmés.
De la même manière, l'appel de l'EZLN du « sous-commandant » Marcos est pathétique car répétant depuis une dizaine d'années la même rhétorique chrétienne : « Nous appelons à culminer ces actions par une mobilisation mondiale pour l'Oaxaca le 22 décembre 2006.
Le peuple de l'Oaxaca n'est pas seul. Il faut le dire et le démontrer. Le lui démontrer et le démontrer à tout le monde. Démocratie ! Liberté ! Justice ! » (communiqué de décembre 2006 sur Oaxaca).
Ce sont encore les masses, qui ne peuvent pas comme les « leaders » petits-bourgeois « se mettre au vert » dans les montagnes ou les régions reculées, qui sont les victimes de la politique petite-bourgeoise.
Les guerres populaires qui se développent - en Inde, au Pérou, au Bangladesh, au Philippines, en Turquie, au Bhoutan - montrent le caractère ridicule de ce réformisme béat qui se croit « démocrate » parce qu'il donne la parole - et la direction politique - à la petite-bourgeoisie.
Elles montrent qu'il ne faut pas « manifester quotidiennement » pour protester mais au contraire prendre le pouvoir, tout le pouvoir !
Et ceux et celles ne mettant pas la question du pouvoir au centre ne son t pas des communistes authentiques, comme par exemple la plus grande organisation marxiste-léniniste existante, le MLKP (PC Marxiste-Léniniste de Turquie et du Kurdistan du Nord) qui affirme : « Notre Parti le MLKP appelle toutes les forces progressistes, révolutionnaires et communistes, la classe ouvrière et les peuples opprimés, à se solidariser de la commune d'Oaxaca. » (MLKP, 27 octobre 2006).
C'était à la « commune » d'Oaxaca de se solidariser avec les ouvriers et les paysans du Mexique, de s'emparer de l'idéal communiste, de comprendre la nécessité de détruire l'Etat - une tâche impossible vu les fondements de classe de l'APPO.
En ce sens, l'avenir appartient au Communistes (marxistes-léninistes-maoïstes) du Mexique, à la Guerre populaire !
Pour le PCMLM, décembre 2006.