14 fév 2018

L'Algérie française - 5e partie : l'échec du «djihad» de 1945

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Les partisans du « Manifeste » réalisèrent une propagande contre la participation au débarquement anti-nazi en Europe et il y eut même un groupe armé de saboteurs en uniforme nazi opérant à Sétif au moment du débarquement allié en France, en juin 1944.

A cela s'ajoutait l'intense propagande religieuse en provenance du Caire, capitale religieuse ayant une influence massive sur l'Islam algérien et où le premier ministre Moustapha el-Nahhas Pacha diffusait également une idéologie panarabe elle-même largement mise en avant par l'Arabie Saoudite.

De fait, le projet d'Union arabe était largement appuyée par l'impérialisme britannique, qui poussa alors par ses multiples réseaux à renforcer le nationalisme algérien panarabe, avec entre autres une revue en arabe, « L'auditeur arabe ».

A cela vint se surajouter l'impérialisme américain : ainsi, en février 1945, le président américain Roosevelt passe à Alger et De Gaulle refuse de le rencontrer. En mars est alors diffusé en Algérie un million d'exemplaires d'une déclaration américaine sur l'International Trusteeship Administration, appelant les puissances coloniales à préparer l'autonomie politique des colonies dès la guerre terminée.

Roosevelt fit d'ailleurs en sorte de ne pas inviter De Gaulle à Yalta, afin de nuire à son prestige ; pour cette raison, en août 1944, De Gaulle donna comme consigne au général de corps d'armée Henry Martin : « Il s'agit d'empêcher que l'Afrique du Nord ne glisse entre nos doigts pendant que nous libérons la France. »

Les services secrets espagnols furent également très actifs contre la présence coloniale français en Algérie, en rapport inévitable avec les Etats-Unis.

On aboutit alors au 8 mai 1945, point culminant de cette phase marquée par la ligne du « Manifeste ».

N'ayant que faire du contenu du 8 mai 1945, date de la capitulation du monstre impérialiste nazie (avec le 9 mai pour la signature complète avec l'URSS), les « Amis du manifeste et de la liberté » rassemblèrent environ 8000 personnes en cortège développant vite une argumentation pro-indépendantiste, dans de larges manifestations à Sétif et sa région Nord (Périgotville, Kerrata), Bône et Guelma, ainsi qu'Alger, Cherchell, Oran,

Confrontée à la troupe, relativement désorganisée et faible en raison de la priorité du front en métropole, les manifestations ne cédèrent pas ce qui déboucha sur des tirs et des pogroms anti-européens souvent atroces (viols collectifs, mutilations avec têtes écrasées, parties génitales coupées, ventres ouverts, etc.) faisant une centaine de morts, ainsi que des pillages.

Cette vague offensive anti-Européenne, portée par 40 000 hommes, fut principalement portée par les masses kabyles, déjà à l'oeuvre de mars 1871 à février 1872 dans la région ; une autre vague avait eu lieu à partir du 11 novembre 1916, avec cinq mois d'insurrection dans les Aurès et la partie sud du Constantinois.

Elle se fit sur une ligne clairement djihadiste, avec comme symbole le doigt levé vers le ciel et des slogans religieux. Le responsable local du Parti Communiste, Albert Denier, eut les mains tranchés.

A ce titre, et vu l'arrière-plan général, le Parti Communiste parlera à juste titre de « complot fasciste », de « cinquième colonne ».

Dans la population française des fermes et des villages, la psychose prédomina totalement.

Quant à l'armée, elle réprima dans le sang : le bilan est d'entre 3 000 et 6000 morts ; par la suite, les nationalistes algériens parleront de 45 000 morts.

L'échec était total. Mais le fondamentalisme avait son marqueur historique.