20 avr 2012

Réaction antifasciste à Toulouse, un mois après

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Depuis le massacre de Toulouse, nous avons publié de très nombreuses analyses, mais pas pour autant de réactions antifascistes de Toulouse. En fait, il n'y a en a pas eu jusqu'à présent : le communiqué de l'Union Antifasciste Toulousaine vient d'être publié, à l'occasion en quelque sorte des un mois du massacre.

Nous le re-publions ici afin de l'archiver, bien qu'il faille préciser qu'il n'y a pas un seul communiqué, mais deux en réalité : le second qui lui est associé consiste en une critique de la tentative réactionnaire de fonder une « ligue de défense juive » à Toulouse.

Mais il y a quelque chose d'incompréhensible ici, puisque s'il est tout à fait juste de rejeter la « ligue de défense juive » qui est une organisation d'extrême-droite, pro-sioniste, le communiqué concernant le massacre à Toulouse ne parle quant à lui jamais d'antisémitisme.

Or, il est évident que c'est au cœur de la motivation de Mohamed Merah, le communiqué constate d'ailleurs qu'il était bien un fasciste.

Et donc si les antifascistes ne revendiquent pas haut et fort leur refus de l'antisémitisme, s'ils n'expliquent pas ce qu'est l'antisémitisme et comment il doit être détruit, comment les masses juives pourraient-elles se reconnaître dans l'antifascisme universaliste ? Comment ne se replieraient-elles pas sur elle-même, dans une logique d'auto-défense correcte, mais manipulée par les sionistes?

Ne pas aborder la question de l'antisémitisme, en aucune manière, n'est-ce pas là précisément nier aux masses juives leur caractère spécifique, et les abandonner à des initiatives réactionnaires comme la « ligue de défense juive »?

Il y a là une étrange contradiction, qui n'est de fait pas du tout propre à ce document antifasciste : il semble bien qu'en général en France, la question juive soit considérée comme brûlant trop les doigts pour être affrontée de front.

Non pas forcément par dédain, mais aussi par refus de parler au nom des personnes juives et de les respecter. Mais cela est une démarche chrétienne - c'est là qu'on voit à quel point la France est pétrie de catholicisme -, alors qu'au contraire l'antifascisme est universaliste et il ne faut par conséquent pas hésiter à revendiquer la lutte contre l'antisémitisme.

Il est vrai que selon nous, une telle démarche nécessite le matérialisme dialectique, seule idéologie capable de comprendre la nature de l'anticapitalisme romantique, seule capable de comprendre ce que signifie l'antisémitisme comme expression du capitalisme décadent.

C'est cela qui fait que, à nos yeux, le document antifasciste en question, en contournant la question centrale de l'antisémitisme, passe à côté du cœur de la question du processus d'effondrement de la société bourgeoise.

 

Mohamed Merah : victoire de la haine

Le 11 mars 2012 à Toulouse, le jeune Mohamed Merah, nouveau djihadiste, tue un militaire français par balle.
Le 15 mars 2012 à Montauban, Mohamed Merah tue 3 militaires français par balle.
Le 19 mars 2012 à Toulouse, Mohamed Merah tue 4 juifs par balle devant leur école juive.

S’en suit la panique, la peur, la paranoïa, le plan Vigipirate niveau écarlate, puis les minutes de silences, les manoeuvres politiques, les scandales. À une période, il était question de suspecter des néo-nazis de l’armée française. Et finalement, voilà qu’il n’y a plus de doute, au fascisme « vieille école » s’est substitué un fascisme religieux islamiste. Mohamed Merah tue car il est en guerre (sainte).

Nous savons bien que le fascisme possède plusieurs visages. Et qu’il se cache là où on ne l’attend pas. Nous nous passerons de minutes de silence, et laisserons le deuil et la souffrance aux familles et proches des victimes. Ce que nous retiendrons, c’est le battage médiatique qui enroba l’affaire Merah. Nous entendrons toute une flopée d’experts en tout genre. Psychologues, journalistes, proches, qui tenteront une approche quasi psychanalytique de l’affaire. La vie de Mohamed Merah est exposée. Misère, quartier nord de Toulouse, quartier sud…

On apprendra qu’il en a bavé. Qu’il était mégalo mais réservé. Poli mais violent. On apprendra qu’il a fait de la prison et que son frère était islamiste. Situation familiale difficile. Petits délits. Plus qu’un profil type, une caricature. Ce qui nous frappe dans cette somme d’informations vulgairement vomie par les médias, c’est la malheureuse banalité de ce parcours, dommage collatéral du néo-colonialisme et du capitalisme « à la française ».

Ce à quoi une droite plus ou moins dure rétorquera un traditionnel : « pas d’excuse pour les assassins » satisfaisant ainsi un désir primaire de haine et de punition, pour surfer sur « l’effet fait divers », pour encore rajouter au climat de peur, et faire d’un triste évènement une généralité. Enfin, les candidat-e-s à l’élection présidentielle en profiteront pour tenter de transformer l’affaire en sources de bulletins.

Tout un chacun aura son analyse. Les plus réactionnaires diront que Mohamed Merah aurait dû être pendu depuis longtemps, les moins réactionnaires diront que l’on aurait dû l’ « aider en prison » (ce fantasme humaniste pro carcéral). Aucune de ces considérations ne nous semblent pertinentes car elles ne se posent pas les bonnes questions. Il nous semble prioritaire d’analyser les phénomènes sociaux qui mènent au fascisme pour mieux les combattre et les détruire.

Bien évidemment, peu de gens se risqueront à prendre en considération et surtout remettre en question les lourds paramètres sociaux ayant influencé ce « jeune de cité HLM » dans son parcours si commun. Certes tout expliquer par le déterminisme social serait de la malhonnêteté intellectuelle. Mais dans une société répressive qui fonctionne sur l’idée qu’une minorité de possédants doit exploiter une majorité de pauvres, les perspectives d’avenir sont vite bouchées.

Et les réponses à ce constat parfois inappropriées. Comme toutes les idéologies d’extrême droite, l’islamisme radical et le djihadisme naissent d’une crise, sociale et psychologique. Par l’attrait de l’absolu et de l’exclusion, ces idéaux détournent une classe populaire de sa lutte contre l’oppression capitaliste en la transformant en haine religieuse et rejet de l’autre.

C’est ce phénomène et cet état de fait que nous déplorons et qu’il nous semble important de combattre. Mohamed Merah, extrémiste religieux, est mort en martyr djihadiste. Sous produit de la société française, il aura tué et sera mort pour une cause fasciste. Et son histoire fera la joie des autres formes de fascisme. Le traitement médiatique de l’affaire Merah fait le jeu du pouvoir et de l’extrême droite. Ses répercussions sur la vie politique toulousaine sont importantes, et ne font que commencer.

Cette affaire est bien évidemment du pain béni pour l’extrême droite. Ce fait divers sert encore de prétexte pour faire des amalgames honteux, que nous condamnons : immigration, insécurité, islamisation, tels sont les thèmes qui reviendront avec ferveur et populisme dans la bouches des extrémistes de droite.

Pour exemple : La Ligue de Défense Juive (LDJ), groupuscule sioniste violent proche du front national, monte une section toulousaine et appelle tous les juifs de Toulouse à les rejoindre. L’affaire Merah aura permis cette implantation de l’extrême droite dans notre ville. Nous nous opposons à sa création. L’extrême droite locale s’en voit renforcée en nous servant les habituels discours sécuritaires et identitaires, prônant le repli sur soi, la préférence ethnique et le racisme. L’Etat en profitera aussi pour justifier une nouvelle vague de répression et de sécuritaire Cette affaire aura bien servi la droite radicale.

Il est grand temps de nous détacher de toute idéologie d’exclusion quelle qu’elle soit, de dépasser les clivages racistes qui opposent les exploité-e-s et les embourbent dans des luttes fratricides. Aucune forme d’extrémisme religieux ou de fascisme traditionnel n’est une alternative à la société capitaliste qui nous oppresse, bien au contraire. Il nous faut lutter ensemble contre l’état fasciste et ses excroissances radicales dans la rue.

Face à la stigmatisation des immigrés et fils et filles d’immigrés après l’affaire Merah,’ lUAT rappelle ses positions antiracistes, antifascistes, antisexistes et anticapitalistes antisioniste. Nous rejetons en bloc le fascisme, qu’il soit djihadiste ou nazi, ainsi que la répression étatique. Comme beaucoup le jeune Merah se sera trompé de combat. Nous ne cesserons de combattre cette société de classes qui arrive à rendre si attrayant le chemin allant de la misère au fascisme.

 

Les sionistes sortent de leurs terriers

Communiqué de l’Union Antifasciste Toulousaine du 18/04/2012

L'affaire Mohammed Merah a eu de nombreuses répercussions. Même si le plan Vigipirate niveau écarlate a été levé ces dernières semaines, Toulouse est encore marquée par cet évènement.

Cette affaire s'avère être du pain béni pour l'extrême droite. En effet, le discours ambiant contre l'immigration et le spectre de l'insécurité trouve un nouvel écho: stigmatisation des immigrés, intolérance, discours ultra sécuritaire... Toulouse ne fait pas exception à cette règle. A l'échelle locale, l'extrême droite se sent pousser des ailes avec la création d'une nouvelle organisation encore non présente dans notre ville. Après Egalité et Réconciliation, le Bloc Identitaire, les Nationalistes Autonomes, et bien d’autres encore nous voilà gratiné d'une section de la Ligue de Défense Juive (LDJ).

Sous leurs apparences de combattant face à l'antisémitisme n'oublions pas que la LDJ est une organisation fasciste violente. Leur pseudo mobilisation contre l'antisémitisme est avant tout un soutien au sionisme. Toute la mystification de la « LDJ » repose sur le fait qu'elle prône l'autodéfense de la communauté juive, alors qu'elle ne fait qu'attiser la haine anti-arabe et ne combat en rien l'antisémitisme. Son idéologie tente de brader les masses juives aux fascistes français, dans une logique anti-arabe.

Se faisant connaître sur internet, ils appellent publiquement tous les juifs toulousains à se retrouver pour, entre autre, des entrainements para militaire. Ainsi l'essentiel de leur activité est un appel à la haine et aux agressions gratuites. Face à la montée de l'extrême droite nous devons nous unir et agir toutes et tous pour une ville métisse et populaire. Nous devons agir avec force pour lutter contre cette montée de l'extrême droite, qu'elle soit sioniste ou qu’elle prenne d'autres formes.

L'Union Antifasciste Toulousaine continuera à rester vigilants face à la menace fasciste et nous continuerons à revendiquer la dissolution de tous ces groupuscules fascistes dont fait partie intégrante la Ligue de Défense Juive. 

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