7 mai 2012

Des néo-nazis au Parlement grec

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Ce 6 Mai, avaient lieu les élections législatives en Grèce. Le résultat en est terrible, pour tout dire historique. Il annonce clairement la tempête qui se déchaînera aussi en France dans les années à venir.

L'organisation néo-nazie Chryssi Avghi (Aube Dorée) entre pour la première fois au parlement en faisant autour de 7 % des voix. Les grands partis traditionnels de la démocratie bourgeoise (le PASOK, la ND et quelques autres) ne sont pas sûr de recueillir les voix pour remettre en place un gouvernement d'union nationale.

Les révisionnistes pseudo-communistes et les trotskystes nous rabattrons les oreilles avec le score du conglomérat SYRIZA sorte de Front de Gauche grec regroupant des trotskystes, des sociaux-démocrates "radicaux", des post-révisionnistes et même des pseudos-maoistes. En effet, ils ont recueilli autour de 16%, devenant ainsi la deuxième force politique du pays en arrivant devant le Parti Socialiste.

Mais la réalité est que ce conglomérat associatif a le même programme à peine "réformiste" (dans le sens historique du terme) que le Front de Gauche en France.

Cette organisation, à la manière du Front du Gauche ou du NPA, surfe sur la contestation, mais n'apporte ni contenu ni ne prépare le peuple à ce qui l'attend à savoir soit la prise du pouvoir par les armes soit la résistance au fascisme. Pas plus d'ailleurs que le parti révisionniste KKE soi-disant "marxiste-léniniste" mais avec en réalité une ligne ultra-chauvine et ne contenant rien qui se rapporte au matérialisme dialectique.

Là où les gauchistes et les anarchistes voyaient une situation "pré-révolutionnaire", il y a encore un an ; on voit en fait la même chose qu'en France : des sociaux-démocrates qui montent et le fascisme dans un position conquérante.

D'autant plus qu'à côté de l'Aube Dorée, le parti de droit nationaliste "les Grecs Indépendants" font à peu près 10%.

Loin des réjouissances des révisionnistes et des trotskystes, il faut bien voir que la situation est tout bonnement catastrophique.

La Grèce est un domino impérialiste qui a une position stratégique pour le contrôle de la Meditéranée. Elle a été dominée par les USA pendant de nombreuses années et a connu une dictature militaire fasciste pro-américaine de 1964 à 1975. A la faveur de la crise, la Grèce a été, à proprement parlé, rachetée par l'impérialisme allemand - français qui lui impose des restructurations violentes depuis plus deux ans.

Le régime des colonels, appuyé en cela par les révisionnistes pseudos-communistes, a diffusé dans les masses de manière quasi-hégémonique le chauvinisme et l'antisémitisme en s'appuyant sur l'Eglise Orthodoxe. L'Eglise Orthodoxe est religion d'Etat ; c'est le deuxième propriétaire foncier de Grèce.

Le chauvinisme et l'antisémitisme sont tellement répandu qu'une personnalité dite "de gauche" comme Mikis Theodoriakis, qui fut un dirigeant de la réaction au régime des colonels, et soutien officiel de Jean-Luc Mélenchon, peut déclarer tranquillement : "Oui, je suis antisémite et antisioniste. J’aime le peuple juif et j’ai vécu avec lui, mais les Américains juifs se cachent derrière tout, les attentats en Irak, les attaques économiques en Europe, en Amérique, en Asie, les Juifs américains sont derrière Bush, Clinton et derrière les banques. (…) les Juifs américains sont derrière la crise économique mondiale qui a aussi touché la Grèce".

Alors, voilà, en même temps que le conglomérat anarcho-trotskyste, les mouvements sociaux de ces dernières années menés sur le mode syndicaliste "radical" (c'est-à-dire apolitique) ont permis de voire émerger à très grande vitesse un parti officiellement ... nazi !

Car si l'Aube Dorée multiplie les agressions contre les militants de gauche -comme encore hier en plein bureau de vote à Athènes- et les immigrants, elle a surtout été une force des manifestations d'opposition aux réformes de l'Etat et est très implantée dans les quartiers populaires. Elle joue sur la germanophobie héritée de la Résistance contre l'occupant nazi et sur l'antisémitisme en même temps pour mobiliser les masses.

L'Aube Dorée suit un développement ultra-rapide. Elle ne faisait que 0,23% aux dernières élections nationales de 2009. Mais un an après à peine après, aux élections municipales d'Athènes de 2010, elle obtenait 5% des voix (montant à 20% dans les quartiers pauvres du centre-ville) entrant ainsi au conseil municipal. 

Son chef, Nikolaos Michaloliakos - surnomé le "Führer de Grèce" - s'était singularisé en effectuant un salut nazi devant les journalistes, à sa première séance de conseil.

Quand on voit que dans le dernier gouvernement d'Union Nationale sous direction du Parti Socialiste (PASOK), il y avait un ministre du parti d'extrême-droite antisémite et religieux LAOS, on comprend l'ampleur de la catastrophe de ce résultat.

La situation est plus ouverte que jamais à une prise de pouvoir fasciste en Grèce.

L'extrême-gauche est démunie idéologiquement et peu préparée à mener une lutte antifasciste conséquente.

De son côté, le fascisme jouit de relais puissant dans l'appareil militaire d'Etat et la police et dans la société par le biais de l'Eglise Orthodoxe.

C'est un exemple très parlant de ce que nous expliquons: nous sommes à l'aube des années 1930!

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