Mise en scène social-démocrate dans la lutte contre la fermeture de PSA Aulnay
Submitted by Anonyme (non vérifié)Hier a eu lieu une manifestation en proche banlieue parisienne, à Aulnay-sous-Bois, sous le mot d'ordre « Non à la fermeture de PSA Aulnay. »
La raison de cette manifestation est une « révélation » datant de juin, où on apprenait que PSA faisait l'hypothèse de fermer l'usine. Il est vrai que de 5000 travailleurs en 2004, il n'y en a désormais plus que 3300, et qu'en même temps la production est passée de 418 000 véhicules à 135 000.
Pas difficile de voir ce qui se trame ; seulement il faut être observateur, et comprendre pourquoi cette manifestation a lieu maintenant. Loin d'exprimer la combativité ouvrière, elle est une expression terrible de la main-mise syndicale et social-démocrate.
Parmi les 2000 personnes présentes, on avait ainsi, Claude Bartolone, président socialiste du conseil général de Seine-Saint-Denis et « représentant » de François Hollande dans la manifestation.
On avait le maire PS, Gérard Ségura, qui expliquait que « pour la ville, ce serait une catastrophe financière, plusieurs millions d'euros payés par PSA au titre de la taxe professionnelle manqueraient au budget municipal. »
On avait également Marie-George Buffet du P« C »F, Nathalie Arthaud de LO, Philippe Poutou du NPA...
Mais ce n'est pas tout. A Aulnay, c'est le SIA (Syndicat indépendant de l’automobile) qui est le premier syndicat de l'usine, et c'est un « syndicat maison », propre à PSA (pour montrer le niveau la page facebook personnelle de sa représentante a comme liens mis en avant Nutella, Oasis Fun Page, Envoyer des Roses, Skyrock, Dior, Sephora France, SFR Foot, etc.).
Le second syndicat, c'est la CGT, qui profite des structures révisionnistes locales du P« C »F. On est donc dans une situation opposée à un moment où l'autonomie ouvrière s'éveillerait. On est dans un jeu réformiste juste avant les élections, jeu servant le social-chauvinisme au nom de « sauver la production. »
D'ailleurs, l’intersyndicale de l’usine avait le 15 décembre 2011 envoyé une « lettre au président » (et envoyé en copie à François Hollande). Signée par les CGT, SUD, FO, CFTC, SIA, CFDT, CFE-CGC, on y lisait :
« Monsieur le Président, nous demandons d’intervenir pour que puisse se tenir une réunion tripartite Etat-PSA-syndicats dans le but d’aboutir à un accord, garanti par l’Etat, assurant le maintien de tous les emplois sur le site d’Aulnay, au moins jusqu’en 2016. »
Ce qui n'est pas seulement naïf, mais ridicule vu qu'au sein de l'usine la pression est énorme pour licencier dès que possible au moindre prétexte, pour pousser aux départs, pour se couper des intérimaires, etc. et ce non pas seulement au niveau des ouvriers mais aussi à celui des ingénieurs et des techniciens.
La manifestation du 18 décembre était donc une escroquerie, visant à aider la social-démocratie pour les élections en donnant l'illusion que celle-ci s'occupe de la classe ouvrière, notamment par l'intermédiaire d'un « défendons l'outil de production. »
Cette revendication est le grand mot d'ordre de la social-démocratie, surtout dans sa variante « Front de Gauche » ; elle rejoint d'ailleurs le point de vue syndicaliste, car elle nie tant la question de la possession des moyens de production que celle du choix de la production.
Il est évident, en effet, que la classe ouvrière française ne convaincra pas qu'elle doit diriger la société française en proposant d'en rester là, de maintenir la production telle qu'elle existe, voir même de construire davantage de voitures.
Bien sûr, individuellement c'est dans l'intérêt d'un ouvrier de maintenir son poste de travail et de ne pas se retrouver dans la misère la plus grande. Mais, pour la classe, la question est d'une autre envergure. Et c'est le point de vue de la classe qui doit compter.
D'où, évidemment, la soumission inévitable à la social-démocratie lorsque c'est le point de vue ouvrier individuel qui prédomine. Et c'est bien du populisme que de cautionner la spontanéité.
Rien n'est plus mensonger que d'affirmer aux masses que les raccourcis sont possibles. Alors qu'une remise en cause énorme va devoir être faite, pour que la classe ouvrière s'arrache aux habitudes de la société capitaliste et pour s'assumer en tant que négation de celles-ci et du mode de production capitaliste en général.
Le socialisme exige une rupture fondamentale dans la démarche des masses encore emprisonnées de la social-démocratie. Cela va être douloureux. Et bon nombre choisiront Marine Le Pen comme « solution » de facilité.