2 Jan 2013

Le délégué CFDT de Florange Edouard Martin soutient le capitalisme industriel avec Mediapart

Submitted by Anonyme (non vérifié)

On sait qu'en France tout est possible, mais quand même, ce qu'a fait le délégué CFDT de Florange, Edouard Martin, pour la nouvelle année, c'est très fort. Appeler les travailleurs à la lutte sur un blog payant, où l'on a accès à ses propos que si on paie, c'est tout de même le degré zéro de la lutte des classes.

 

 

Il est néanmoins possible par les méandres d'internet d'arriver à ce qui est une vidéo, où le délégué CFDT de Florange tient un discours qui est une sorte de moquerie des vœux présidentiels. On a donc un drapeau français et un drapeau européen en arrière-plan, l'usine étant juste derrière.

Le discours est d'ailleurs patriotique : il faut pouvoir « vivre et travailler au pays », « vivre là où nous avons grandi » et pour cela, il faut « arrêter de servir le système », qui serait « la finance internationale ».

Des propos indignes de la classe ouvrière, des propos qui relèvent de références strictement opposées à toute l'histoire du mouvement ouvrier.

 

 

Edouard Martin a tenu des propos ne faisant que préfigurer ceux tenus par le vice-président du FN, Florian Philippot, juste après les voeux du Président François Hollande: « Le président Holllande a été dévoré par la finance. » C'est très révélateur.

Le mouvement ouvrier a toujours attaqué le capitalisme et la bourgeoisie, et n'a jamais résumé le capitalisme en la « finance internationale », cela ce sont les fascistes qui l'ont toujours fait.

De la même manière, parler de « notre région », « notre territoire », « le pays », « l'Europe », de « l'intérêt général », c'est exactement l'opposé de toute la tradition du mouvement ouvrier et de son affirmation de la lutte des classes.

Le mouvement ouvrier n'a jamais affirmé qu'il entendait « vivre au pays », mais vivre sans exploitation, de manière épanouie, en résolvant la contradiction entre travail intellectuel et travail manuel, entre villes et campagnes.

Il est à ce titre très intéressant que le délégué CFDT de Florange, Edouard Martin, finisse son discours avec Jean Jaurès parlant en 1894 de la grève des mineurs et verriers de Carmaux.

Voici la citation faite de Jaurès :

Et vous vous étonnez de la véhémence de nos paroles, de la force de nos accusations ! Mais songez donc que nous parlons au nom d’un siècle de silence ! Songez donc qu’il y a cent ans il y avait dans ces ateliers et dans ces mines des hommes qui souffraient, qui mouraient sans avoir le droit d’ouvrir la bouche et de laisser passer, en guise de protestation, même leur souffle de misère : ils se taisaient. Puis un commencement de liberté républicaine est venu. Alors nous parlons pour eux, et tous leurs gémissements étouffés, et toutes les révoltes muettes qui ont crié tout bas dans leur poitrine comprimée vibrent en nous, et éclatent par nous en un cri de colère qui a trop attendu et que vous ne comprimerez pas toujours.

 

C'est très révélateur : d'abord, parce que Jaurès est ici déjà le renégat qui a trahi le socialisme, pour développer le thème français de la République « sociale », des réformes légalistes, etc. En Allemagne, en Autriche-Hongrie, en Russie, il y a encore l'affirmation du marxisme et de la nécessité de la révolution socialiste, de la dictature du prolétariat.

Ensuite, parce que le socialisme de Jaurès est ainsi déjà retombé au niveau de celui de Proudhon, dans une sorte de moralisme petit-bourgeois imprégné d'antisémitisme violent.

Lorsque Jean Jaurès interpelle le gouvernement « Sur la propagande anarchiste et la réaction » en 1894, il parle par exemple de la propagande « anticapitaliste » des catholiques.

M. Jaurès. - Et pendant que dans toutes les réunions publiques tenues par nous, vous envoyez vos commissaires de police pour guetter nos moindres paroles et pour les dénaturer au besoin, il est permis à tous les prédicants catholiques, dans toutes les chaires, de tenir un langage plus violent que celui qui est tenu dans aucune réunion publique. (Applaudissements à l'extrême gauche.)

Je regrette que l'honorable ministre des travaux publics, M. Jonnart, ne soit pas ici ; je le prierais de faire quelques citations. On a cité nos journaux en découpant phrases ; nous n'avons pas besoin, nous, d'user de ces procédés, et je prie M. le garde des sceaux, s'il a quelque loisir, de lire tout la collection du journal la Croix ; il y verra que « les conservateurs qui ne savent pas se défendre résolument ne sont plus des conservateurs, mais des jouisseurs ».

Il y verra que « les capitalistes, francs-maçons et juifs, c'est-à-dire la moitié au moins des capitalistes (Sourires), on élevé des fortunes scandaleuses sur la ruine des misérables ». Il y verra « qu'il faut reconduire tous les financiers à la frontière à coups de pied ». (Exclamations à gauche.)

Et depuis les attentats anarchistes, il y verra développer ce thème étrange que tout est permis contre la société républicaine.

La note a été donnée par un article du P. Antoine, qui a paru dans l'Univers, qui a été reproduit le lendemain avec beaucoup d'éloges pour sa décision et sa vigueur par un journal anarchiste que vous avez supprimé, l'En-dehors, article qui était intitulé le Christ et la Dynamite.

 

On retrouve tout cette savante ambiguïté de « l'anticapitalisme » à la française, à la Proudhon, qui niant les enseignements de Marx et Engels se précipite dans le moralisme, l'antisémitisme, la célébration de la communauté, de la petite propriété.

Voilà finalement où veut nous précipiter le délégué CFDT de Florange Edouard Martin, et avec lui Mediapart.

Quelle ironie d'ailleurs qu'Edouard Martin prétende se moquer des « socialistes », alors que justement Mediapart a été créé avec le soutien de François Hollande, de Ségolène Royal, tout comme d'ailleurs de Dominique de Villepin, de François Bayrou, de José Bové, d'Olivier Besancenot...

Sans parler des origines du financement de Mediapart, comme Xavier Niel, cofondateur d’Iliad-Free, actionnaire pour 100 000 euros, ou des 200 000 euros de subventions de l'Etat en 2009 !

On est là dans la haute bourgeoisie, dans une fraction de la bourgeoisie qui en concurrence une autre, et le délégué CFDT de Florange Edouard Martin sert celle-ci, permettant à Mediapart de se donner une apparence de radicalité :

Mediapart a choisi de commencer l'année 2013 avec les vœux du sidérurgiste Édouard Martin, figure en 2012 de la résistance ouvrière au saccage social. Symbole de la résistance au capitalisme financier, le syndicaliste d'ArcelorMittal rappelle aux socialistes, désormais au pouvoir, les mots de Jean Jaurès en défense de la colère ouvrière. Et il nous lance à tous ce message : « Ne vous taisez pas ! Combattez, luttez ! Ne laissez pas faire cette classe dominante qui essaie de nous mettre à terre. »

 

Mediapart dans une bataille contre le classe dominante, il y a de quoi rire, et c'est à cette sinistre farce que contribue le délégué CFDT de Florange Edouard Martin !

Ce qui se passe plutôt c'est qu'il se fait le serviteur zélé du social-chauvinisme, du capitalisme industriel français, servant une partie de la bourgeoisie contre une autre !

Publié sur notre ancien média: 
Les grandes questions: 
Rubriques: