15 Jan 2013

Mali, assassinats d'activistes kurdes : une extrême-gauche de la posture à l'imposture

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Ce qui est très caractéristique de l'extrême-gauche aujourd'hui, c'est sa négation la plus complète de la réalité française. Plus d'un demi-million de réactionnaires ont défilé dans Paris dimanche 13 janvier, et il n'y a ni commentaires ni analyses.

L'information est tout au mieux considérée comme une sorte de fait-divers. La société française, sa réalité, ses contradictions, sont tout simplement niées. Ce qui est une preuve de l'absence de volonté de révolution, car quand on est révolutionnaire on s'intéresse, par la force des choses, à la contre-révolution.

 

Ce qui se passe avec la manifestation du 13 janvier est la même chose qu'avec l'affaire Merah : l'extrême-gauche nie la société française.

 

Et comme il faut bien se rattraper, on a droit à deux étalages d'opportunisme.

 

Il y a ainsi déjà l'affaire de l'assassinat des trois activistes du Kurdistan turc : Sakine Cansiz qui a été une des personnes à l'origine de a fondation du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), Fidan Dogan, qui est une représentante du Congrès National du Kurdistan (KNK) et Leyla Soylemez, une jeune activiste.

 

Cet assassinat a été mené de manière très technique, puisqu'il fallait pénétrer dans le bâtiment sécurisé des structures proches de l'ex PKK à Paris, et que les meurtres ont eu lieu de plusieurs balles dans la tête.

 

Il n'en fallait pas moins pour que l'extrême-gauche, qui ne s'est jamais préoccupé en rien de la Turquie ni du Kurdistan, se lance dans un grand élan sur la cause kurde, etc.

 

Sauf que ce que tout le monde sait, c'est que l'ex-PKK est en train de négocier des accords de paix avec l'Etat turc. C'est comme lorsque des gens ont soutenu la guerre populaire au Népal au moment où les accords de paix s'organisaient.

 

De toutes manières, cela fait 15-20 ans que l'ex-PKK cherche à trouver une solution en rapport avec l'impérialisme, ayant abandonné toute valeur d'extrême-gauche et n'hésitant pas à pratiquer un très grand pragmatisme dans son financement.

 

S'il y a des rapports avec l'extrême-gauche en Turquie, l'ex-PKK est pragmatique et se base sur des considérations ethniques, et à la moindre influence d'une organisation d'extrême-gauche de Turquie, l'ex-PKK a toujours réagi de manière violente, par exemple à l'égard du DHKP-C.

 

Et le PKK a abandonné depuis longtemps le principe de la lutte indépendantiste, voire même de l'autonomie ; il est à la recherche d'une solution dans le cadre de la paix américaine, en particulier depuis que les Kurdes d'Irak ont gagné une large autonomie.

 

Il n'y a donc rien de révolutionnaire, depuis bien longtemps, aussi grande que puisse être la sympathie que l'on puisse avoir pour la cause kurde.

 

Ainsi, voir l'extrême-gauche française se targuer de positions révolutionnaires sur le dos d'activistes kurdes assassinées est pathétique voire  sordide.

 

Ce qui est tout aussi ridicule, c'est la manière avec laquelle l'extrême-gauche française a nié la manifestation du 13 janvier en profitant de l'agression impérialiste au Mali.

 

Le Mali est une semi-colonie française depuis bien longtemps maintenant, et l'opération de l'Etat français est opération de gendarmerie, de rétablissement de son ordre.

 

L'Etat malien, dans un pays de nature semi-coloniale semi-bureaucratique, est parasitaire, incapable de faire autre chose que d'aller à son effondrement, dont le coup d'Etat de 2012 n'est qu'un des multiples avatars.

 

Résultat, la France est obligée de faire le nettoyage anti-islamistes armés à la place de cet État d'une faiblesse toute bureaucratique, empêtré dans ses contradictions.

 

Mais il n'en fallait pas moins pour que l'extrême-gauche française, évitant sciemment de parler de la manifestation du 13 janvier 2013, fantasme sur une opération de grande envergure, visant à défendre des intérêts « stratégiques », etc.

 

L'extrême-gauche française qui n'a rien à dire sait comment faire pour combler ce manque : appuyer sur le bouton géopolitique. Des tonnes de lignes sur la géopolitique, à la sauce bourgeoise universitaire et le plus souvent avec une forte tonalité anti-américaine, c'est tout ce qu'il y a comme réflexion et compréhension des situations propres à chaque pays.

 

Mais qu'attendre de gens incapables de prendre en compte le défilé dans Paris d'au moins 600 000 bourgeois organisés et motivés ?

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