30 avr 2012

Lettre de Hollande aux syndicats pour le 1er mai

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François Hollande vient d'adresser une lettre aux syndicats à l'occasion du 1er mai, alors que la CGT appel de ses vœux à « un puissant 1er mai ». Ce qui se joue là, c'est une montée en puissance des  démagogies syndicales et social-démocrates, qui fonctionnent de pair.

 

Cette semaine, la CGT a ouvertement appelée à voter pour François Hollande, car cela serait « contribuer à créer un contexte plus favorable aux revendications et au progrès social ».

 

De son coté, Hollande promet qu'avec lui, les syndicats auront du poids : « j’ai fait du dialogue social une priorité majeure de mon projet présidentiel », c'est à dire qu'il entend s'appuyer sur les organisations syndicales pour gouverner. 

 

Les syndicats, pour sauver les apparences et se poser comme indispensables, se la jouent « dur », surtout la CGT. Alors si elle appelle à voter Hollande, c'est tout en rappelant qu'il faudra « toujours des mobilisations syndicales » et là elle espère donc un « un puissant 1er mai ».

 

Hollande dans sa lettre aux syndicats explique lui qu'il entend mettre en place « une grande conférence sociale » dès le début de mandat.

 

Ce que cela signifie, ce n'est pas tant que la social-démocratie veut essayer d'acheter la paix sociale en distribuant des miettes – Hollande l'a déjà annoncé, sans croissance économique, les miettes il n'y en aura pas. Ce qui compte surtout pour la social-démocratie, c'est que le syndicalisme se renforce et apparaisse comme nécessaire et représentant les masses.

 

La bourgeoisie va avoir besoin des syndicats pour encadrer les masses prolétaires, car la crise du capitalisme se généralise et les luttes de classes iront en s'intensifiant. Elle aura alors besoin de syndicats qui semblent « puissants » d'un coté et d'une social-démocratie « compréhensive » et bonne gestionnaire de l'autre, pour encadrer le tout.

 

Au passage, Sarkozy à largement participer à ce petit jeu (et continue) en se mettant à dos et en critiquant les syndicats de manières à ce qu'ils apparaissent comme étant « dangereux ». Ce qu'ils ne sont pas.

 

Les syndicalistes les plus « radicaux » auront beau jeu aussi de se la jouer encore plus durs, de dire qu'ils n'ont pas donné de chèque en blanc à Hollande à l'instar du syndicaliste Philippe Poutou du NPA, qu'il continuent à monter la pression. Tant que cela renforce le cadre légalo-syndicale, cela servira la social-démocratie si elle est au pouvoir.

 

Seulement, il y a la crise du capitalisme, qui s'intensifie et se généralise et que ni Hollande ni Sarkozy ne peuvent résorber. Alors déjà la social-démocratie par la voix de Hollande a expliqué qu'elle n'avait pas de « fausses promesses » à faire mais en fait que des « valeurs » et une attitude « républicaine » à mettre en avant – pour sauvegarder le cadre capitaliste.

 

La crise du capitalisme n'est pas un accident, elle est systémique, c'est à dire qu'elle est intrinsèquement liée à l'existence du système capitaliste lui-même – et non pas simplement du capitalisme « financier » comme le disent les démagogues fascisant ou fascistes qui ne veulent rien expliquer ni remettre en cause les fondements du capitalisme.

 

Le syndicalisme est une impasse car il ne pose pas de questions politiques, surtout celle indispensable de la prise du pouvoir pour effectivement changer le cadre capitaliste. Si la classe ouvrière à besoin de mener la lutte des classes pour arracher des revendications et accentuer le rapport de force contre la bourgeoisie, ce dont elle à surtout besoin c'est d'autonomie.

 

Lorsque nous parlons d'autonomie ouvrière, nous ne pensons pas simplement à une forme d'organisation nouvelle par rapport aux syndicats dans les usines. L'autonomie ouvrière, cela signifie une autonomie totale vis-à-vis de la bourgeoisie ; vis-à-vis de ses institutions, de son idéologie, de ses valeurs et de sa culture.

 

Derrière la sociale-démocratie, en embuscade, il y a la démagogie sociale et nationale de Marine Le Pen. Derrière, ou plutôt à coté, car comme nous l'avons expliqué à propos des résultats au premier tour, les dynamiques social-démocrates et fascistes fonctionnent de manière parallèle.

 

Si la démagogie fasciste réussi à pénétrer de manière aussi massive dans la classe ouvrière aujourd'hui, c'est parce les prolétaires sont encore prisonniers des valeurs de la bourgeoisie, notamment du nationalisme.

 

Le syndicalisme ne remet pas en cause cela. En se bornant à critiquer la « mauvaise » redistribution des richesses capitaliste ou les exès de l'exploitation capitaliste, le syndicalisme ne permet pas à la classe ouvrière de se saisir en tant que classe et de conquérir son autonomie par rapport à la bourgeoisie. 

 

Dans ces conditions il n'est pas étonnant que les sondages sur le vote du 22 avril 2012 en fonction de la proximité syndicale donnent des résultats impressionnants. Selon une enquête IFOP commandée par le quotidien l'Humanité, si Hollande et Mélenchon sont en tête chez les syndicalistes ( respectivement : CFDT 42% et 9%  ; CGT 40% et 28% ; UNSA 35% et 5% ; FO 31% et 16% SUD 30% et 36%), les résultats obtenues par Marine Le Pen sont impressionnants : FO 31% ; UNSA 28% ; CGT et CFDT 16% ; SUD 13%.

 

Le fascisme se renforce parallèlement à la social-démocratie, mais plus la crise de l'ampleur, plus la fascisme apparaît pour les masses désorientées comme une solution face aux déceptions sociales-démocrate.

 
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