28 Jan 2012

La France, son culte de l'ingénieur, sa Tour Eiffel commencée il y a 125 ans

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Il y a 125 ans, le 28 janvier 1887 débutait la construction de la Tour Eiffel qui sera inaugurée deux ans plus tard, le 31 mars 1889 en prévision de l'exposition universelle la même année. La Tour Eiffel est une œuvre colossale bien représentative de notre pays. Pourquoi cela ? Parce que cette monumentale tour de fer était à son époque un tour de force de l'ingénierie.

Nul autre pays au monde que la France ne voue un tel culte aux ingénieurs. La France, ses mathématiques et ses ingénieurs sont encore de nos jours portés au firmament de l'éducation bourgeoise qui est en France rien de moins que l'Education Nationale, c'est-à-dire le symbole principal des institutions de la république bourgeoise. En France, la filière S est sanctifiée et a pour but d'ouvrir la voie vers les écoles d'ingénieurs sans cesse classées et hiérarchisées dans la presse. L'éducation en France protège l'élitisme hérité de la dimension sociale-féodale qui marque si profondément notre pays. Et les ingénieurs figurent en bonne place dans l'élite de la république bourgeoise.

 

La Tour Eiffel est une œuvre empreinte du culte de l'ingénieur à la française car elle incarne de toute sa masse l'idée d'écrasement de la nature. La Tour Eiffel s'inscrit pleinement dans l'esprit de la bourgeoisie française gouverné par la rationalité insensible, à la Descartes, qui compartimente et géométrise la nature.

 

La Tour Eiffel porte la filiation des jardins à la française qui, contrairement aux jardins chinois, contraignent la nature à respecter la découpe rectiligne de jardiniers qui tiennent davantage de l'ingénieur que du botaniste.

 

La forme même de la Tour Eiffel a été conçue pour « dominer », « impressionner ». Elle était à l'époque la plus haute construction humaine et de très loin, puisque la tour atteignait 300 mètres quand le précédent « record » s'établissait à 169 mètres (il s'agit du Washington Monument aux Etats-Unis). La Tour Eiffel est en fait une pyramide revisité. Or la forme pyramidale, inexistante dans la nature, est le symbole le plus évident, depuis les pyramides d'Egypte, de l'ingénierie humaine face à la nature, de l'être humain qui pense s'extraire de la nature. Au passage, Voie Lactée livre ici l'explication scientifique aux élucubrations complotistes et antisémites sur la multiplicité du symbole de la pyramide censé signaler la main mise du « nouvel ordre mondial ».

 

Pour en revenir à la Tour Eiffel, celle-ci est délibérément faite pour jurer avec la nature au sein d'une ville à l'urbanisme déjà ultra-concentré et entièrement refaçonnée par le baron Haussmann, préfet de la Seine de 1853 à 1870. Moins de vingt ans plus tard, la Tour Eiffel parachève la modernisation bourgeoise de Paris réalisée sous la direction du baron Haussmann. La bourgeoisie a eu sa ville, Paris, elle aura son symbole : la Tour Eiffel.

 

La Tour Eiffel est ainsi une image de l'essor du capitalisme de la deuxième moitié du XIXème siècle. Il s'agit d'une œuvre de modernité,  une prouesse technologique emplie des contradictions du capitalisme dont le développement signifie la guerre contre la nature jusqu'à l'écocide de notre planète que nous subissons aujourd'hui.

 

 
C'est d'ailleurs la Tour Eiffel qui lance la course aux records, dans la construction de méga buildings toujours plus haut, plus onéreux, plus dévastateurs pour l'environnement (les matériaux de construction, l'air climatisé obligatoire dans les bureaux, etc.). Après l'impérialisme des Etats-Unis d'Amérique, la Chine sociale-fasciste en est devenue logiquement une des spécialistes, avec les gratte-ciels extravagants de Shanghai, puis l'incarnation de la corruption et de la décadence qu'est l'émirat de Dubaï a pris le relais (record actuel : 828 mètres pour la tour Burj Khalifa en hommage à l'émir Khalifa ben Zayed Al Nahyane et elle aussi dotée d'une forme pyramidale caractéristique).
 

Il y a 125 ans débutait la construction de la Tour Eiffel comme attribut de la bourgeoisie représentant l'idée d'écrasement de la nature. En 2012, nous vivons toujours sous la coupe de la pensée dominante de la bourgeoisie. Promue comme symbole de la France (elle est en fait le symbole du culte de l'ingénieur propre à notre pays), la Tour Eiffel reçoit six millions de visiteurs par an, sa principale « utilité » - d'un point de vue strictement bourgeois - étant en réalité d'ordre lucratif. Des photos de mariage de couples étrangers se prennent sur l'esplanade du Trocadéro, avec en arrière plan la tour Eiffel qui est le monument incontournable de Paris, donc de l'ambiance nostalgique et romantique que l'on attribue généralement à la France.

 

Mais en cette année 2012, il est aussi de plus en plus clair que la planète implose sous les effets dévastateurs de l'exploitation capitaliste. L'idée de soumission de la nature qui s'incarne dans la Tour Eiffel a été la marque du capitalisme est devient insupportable pour une humanité chaque plus consciente de son appartenance à la biosphère ! Le faux universalisme de la bourgeoisie réactionnaire (à l'opposé de celui, progressiste, des Lumières) était celui de la conquête, de l'orgueil et de l'ostentation. Il nous appartient maintenant de marcher vers la communauté universelle. 

 

Avec la révolution socialiste, puis la construction du communisme, nous bâtirons une nouvelle civilisation en paix avec la nature ! Nous repousserons le béton des villes, nous bâtirons et laisserons vivre naturellement des villes-campagnes, les constructions humaines seront des lieux en harmonie avec la nature, propices à l'élévation culturelle du peuple!

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