28 juil 2012

Une cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques sous le signe des contradictions au sein du capitalisme

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Ce 27 Juillet a eu lieu la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques à Londres.

Les Jeux Olympiques sont un moment international important. Aujourd'hui, ils servent de vitrine à l'impérialisme britannique, car c'est en fait leur rôle. Mais le sport, né avec la modernité capitaliste, est aussi un aspect incontournable de la vie quotidienne des masses. Il est donc fortement parcouru par les contradictions entre le socialisme en gestation et le capitalisme. Cette contradiction est donc très logiquement présente au sein même de la cérémonie d'ouverture.

Le coeur de l'évènement a été conçu par le célèbre cinéaste Danny Boyle qui a réalisé des films tels que Trainspotting, 28 jours plus tard, et Slumdog millionaire. Danny Boyle est un cinéaste typique de l'Angleterre. Contestataire dans la forme, mettant en scène le lumpen-proletariat anglais ou la petite-bourgeoisie dans une vision "décalée" semi-décadente.

Le spectacle de la cérémonie d'ouverture a donc consisté en la mise en avant de la culture des masses populaires et de la jeunesse anglaise, d'un éloge de la modernité et de la contestation démocratique mais pour mieux mettre en avant l'impérialisme britannique.

Le spectacle a donc commencé par l'évocation des différentes "Nations" composant le Royaume-Uni (Irlande du Nord, Ecosse, Pays-de-Galles et Angleterre). Bien évidemment leur évocation les replaçait comme étant un écho passéiste pré-moderne, comme sortant à peine du moyen-âge. Or l'Irlande, l'Ecosse et le Pays-de-Galles sont toutes trois des Nations occupées (en totalité ou en partie) et opprimées par la bourgeoisie anglaise.

Danny Boyle met en fait en avant dans ce premier tableau la naissance du capitalisme comme étant d'essence et de création anglaise. Ainsi est mis en avant la machine à vapeur et toute la modernité fulgurante qu'elle amène dans l'accélération des rapports sociaux.

A la suite de ce premier tableau, suit une évocation des masses ouvrières forgeant les anneaux olympiques. Cette évocation se veut la démonstration de la modernité de l'Angleterre par ses usines, mais aussi ses luttes démocratiques (ainsi sont évoquées les luttes des suffragettes par exemple). 

C'est dans le même esprit qu'est évoqué le National Health Service, c'est-à-dire le service public de santé britannique. En effet, la santé est complétement gratuite au Royaume-Uni et le NHS est le plus grand service public du monde par son nombre d'employés. Mais il est un secteur qui a été fortement restructuré depuis la modernisation de l'appareil productif enclenchée dans les années 80 par Margaret Thatcher. Le NHS connaît donc un grand nombre de luttes sociales et syndicales et est un enjeu politique important au Royaume Uni.

On retrouve cette mise en avant des masses populaires et de la modernité dans les derniers tableaux où sont évoqués l'art populaire britannique. Ainsi sont présentés des contes progressistes comme Peter Pan, Harry Potter, les 101 Dalmatiens. Mais cette évocation est ponctuée par Mary Poppins qui consiste justement en la mise en avant des masses populaires comme moyen pour la bourgeoisie de se régénérer, d'éviter la sclérose.

Puis vient la mise en avant des cultures populaires des années 50 à aujourd'hui. Ainsi sont évoquées toutes les contre-cultures musicales en allant du rock n' roll (qui était interdit dans les années 60 au Royaume-uni) aux raves techno, en passant par le skinhead reggae, le ska, la pop, la new wave, le hip hop, Amy Winehouse, le punk, le mouvement hippie ou encore le groupe Queen, icône de la culture gay. La modernité est aussi systématiquement mise en avant avec l'apparition à l'écran de SMS, de tweets et un hommage rendu à un des fondateurs de l'internet moderne (Tim Berners-Lee, créateur du sigle www - World Wide Web)

Mais tout cela, comme la mise en avant d'artistes progressistes tels que Charlie Chaplin, est en fait mis au service d'une démonstration de force de l'impérialisme anglais.

Ainsi le centre de ce spectacle, pour ainsi dire son coeur même, est un éloge à l'impérialisme anglais et à sa Reine. Tout cela est mis en scène sous la forme d'un film hollywoodien à grand spectacle pour mieux frapper les esprits, avec la fausse arrivée de la Reine du Royaume-Uni en parachute. La Reine du Royaume-Uni est mise en avant comme un personnage mythique, symbole de puissance. 

Et donc en toute logique ce sont des représentants de tous les corps de l'armée impérialiste du Royaume-Uni qui lui apportent l'Union Jack qui est en fait le drapeau historique de l'empire colonial britannique et toujours le drapeau du Commonwealth -c'est-à-dire de la structure regroupant le Royaume-Uni et toutes ses semi-colonies ou pays sous influence de l'impérialisme britannique. 

Le spectacle de le cérémonie d'ouverture est donc pétri des contradiction inhérentes au sport sous le capitalisme, mais est aussi typique du Royaume-Uni. 

Dans cette puissance impérialiste, qui a vu l'essor du capitalisme et de l'industrie, les contradictions sont très fortes. Le Royaume-Uni est dirigé par une bourgeoisie ayant fusionné avec la noblesse et étant extrêmement rigide et conservatrice culturellement. De l'autre côté, les masses sont en ébullition et réclament la modernité.

Mais jamais les masses du Royaume-Uni n'ont trouvé de chemin politique autonome vers le pouvoir et donc vers le socialisme. La créativité et les aspirations progressistes des masses et de la jeunesse se sont par conséquent réfugiées dans les arts et particulièrement la musique et le cinéma.

La bourgeoisie britannique arrive donc à retourner de manière systématique tous les courants contestataires en les intégrant dans sa propre historicité. L'objectif étant de se présenter comme l'impérialisme le plus moderne et le plus puissant de par sa prétendu permanence. La cloche forgée spécialement pour la cérémonie et censée rester en place pour 200 ans est là pour donner cette impression de continuité et de permanence de l'impérialisme britannique.

Afin d'intégrer les forces vives, de nombreux artistes, scientifiques ou sportifs se retrouvent annoblis et donc intégrés directement dans la structure même de la bourgeoisie. Paul McCartney, qui a clôturé la cérémonie, en est un exemple typique ; lui qui aété un chanteur engagé politiquement dans les années 1960/1970 , qui a chanté "All the power to the People" ("tout le pouvoir au peuple") est maintenant un noble anglais qui chante pour la Reine. 

Le capitalisme anglais se régénère en intégrant la créativité des masses, et l'impérialisme anglais se met en avant ainsi comme étant "le plus moderne", le plus créatif et donc le plus puissant.

Au final, lorsque les masses sont mises en avant dans la cérémonie, c'est pour mieux servir les interêts de l'impérialisme anglais. La cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques n'est pas qu'un spectacle divertissant, mais est un véritable acte de propagande dans la guerre impérialiste qui s'exacerbe avec la crise du système capitaliste.

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