24 nov 2011

L'approche sorélienne des centristes dans le Mouvement Communiste International

Submitted by Anonyme (non vérifié)

La lutte contre le centrisme a éprouvé des difficultés, pour deux raisons qui ont la même origine.

La première raison est que les centristes ne prennent pratiquement pas position dans les domaines de l'économie politique. La seconde raison est qu'ils ne répondent jamais aux critiques faites d'eux.

Ces deux raisons ont la même origine : la démarche sorélienne. Georges Sorel (1847-1922) est un « intellectuel » d'importance, en ce qu'il a nié le marxisme en faveur du syndicalisme révolutionnaire, mettant en avant deux choses :

a) Dans ses « Réflexions sur la violence », il a exprimé la nécessité de la violence comme acte transcendant ;

b) il pense que les « mythes » sont nécessaires afin qu'il y ait de la détermination à agir.

Les centristes sont soréliens ; ils ne pensent pas d'une manière idéologique ; pour eux, le maoïsme est un style de travail.

En raison de cela, les centristes pensent que la pratique est la seule chose qui compte ; c'est pourquoi, dans les domaines de l'économie politique ou de l'analyse marxiste classiques ils ne travaillent pas ; ici aussi le pourquoi de leurs insultes : ceux qui nous critiquent n'ont pas de pratique, sont des intellectuels, c'est de la critique depuis un webcafé, etc.

Et ainsi, les centristes pensent qu'ils sont au-dessus de la critique ; pour eux, ils mettent en avant la guerre populaire et cela suffit. Ici, la guerre populaire est un « puissant mythe », toute critique de toute guerre populaire (ou ce qui est censé être la guerre populaire) est pour eux « à contre-courant. »

L'utilisation d'un mythe politique est en soi une conception romantique, où il n'y a pas de science en général, mais une « science de la révolution », qui serait maîtrisée seulement par les partis pratiquant la guerre populaire.

Cette conception anti-théorique et totalement militariste – de manière romantique, puisque les centristes veulent que tout le monde les suivent eux, au nom d'autres combattants! - a une bonne expression dans cet extrait du second congrès du « Parti Communiste Révolutionnaire du Canada », de cette mi-novembre 2011 :

« Après la discussion sur le rapport politique, le congrès a adopté quelques perspectives en lien avec le développement d’un nouveau mouvement révolutionnaire inter-national.

Il a notamment réaffirmé « notre désir de contribuer à la formation d’un nouveau regroupement international, qui devra toutefois être dirigé par les partis maoïstes qui mènent des guerres populaires ou qui du moins y sont sérieusement engagés. Nous pensons qu’un tel regroupement devra reconnaître : a. l’universalité de la guerre populaire; b. le marxisme-léninisme-maoïsme comme étape actuelle de la science de la révolution; c. le principe de la continuation de la lutte des classes sous le socialisme et de la forte probabilité que la bourgeoisie utilise le parti pour réinstaurer le capitalisme; d. la nécessité de la lutte entre les deux lignes de manière à faire triompher le point de vue du prolétariat révolutionnaire. »  »

 

Si ces révisionnistes canadiens – qui rejettent Staline – pensaient vraiment que la guerre populaire est universelle, alors ils assumeraient la dialectique de la nature. Naturellement, ils ne le font pas. C'est pourquoi ils disent que la bourgeoisie « pourrait » utiliser le parti – quand en réalité c'est une loi du socialisme que la bourgeoisie essaiera tout ce qu'elle peut pour contrôler le Parti Communiste.

De la même manière, ils disent qu'il y a besoin d'une lutte de deux lignes – quand en réalité la lutte de deux lignes est une loi.

Mais le point le plus intéressant ici est la chose suivante : « un nouveau regroupement international, qui devra toutefois être dirigé par les partis maoïstes qui mènent des guerres populaires ou qui du moins y sont sérieusement engagés. »

« Dirigés » ? Qu'est-ce que cela signifie ? Qu'il y a une avant-garde de l'avant-garde ? Que les partis communistes sont une « classe ouvrière » produisant une avant-garde ?

Cela ne veut simplement rien dire.

Et c'est du militarisme. La science est la science, peu importe qu'elle soit l'expression d'un petit parti d'un petit pays ou un parti fort d'un grand pays ; on peut être marxiste dans une chaise roulante comme dans la guérilla dans une forêt. Ce qui compte c'est la science.

Bien sûr, un parti révolutionnaire dans un processus révolutionnaire produira davantage de science qu'un petit parti dans un pays où peu de choses arrivent pour des raisons historiques (comme certains pays impérialistes, comme le Canada par ailleurs).

Mais cela ne signifie pas que certains partis doivent « diriger » d'autres, c'est même en contradiction avec la loi disant qu'un Parti Communiste est l'expression de la classe ouvrière d'une nation (nation telle que définie par Staline).

Pourquoi est-ce que le PCR du Canada met en avant une telle vision militariste ? Parce qu'il utilise la guerre populaire comme un mythe, et le maoïsme comme un « style de travail. »

C'est pourquoi ces gens peuvent dire : Staline ? Eh bien, nous ne l'aimons pas, et un jour quand on aura le temps, on travaillera pour savoir quoi penser à son sujet.

Ce n'est tout simplement pas marxiste.

De la même manière, le fait de dire, comme le parti communiste maoïste d'Italie, que la seule chose qui compte est de forger le parti dans « le feu de la lutte de classes », est purement syndicaliste révolutionnaire.

Ce n'est pas dialectique. Les centristes ont une approche sorélienne de ces questions.

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