L'affaire Cause Animale Nord et le chien vivant avec un mendiant parisien
Submitted by Anonyme (non vérifié)Fin septembre à Paris, le président de l’association Cause Animale Nord était présent lors d'un rassemblement dans le quartier du Châtelet. Une passante lui aurait alors signalé la présence à proximité d'un chien drogué par un mendiant d’origine roumaine, soupçonné d'appartenir à un réseaux pratiquant le trafic d'animaux pour la mendicité.
Le président de l'association s'est alors déplacé avec quelques personnes et a brutalement arraché l'animal des bras de la personne mendiante. Une personne présente à proximité et choquée par la scène a filmé ce qui s'est passé puis mis la vidéo sur internet.
Cette vidéo a rencontré un écho immense, étant vue très rapidement par plusieurs dizaines de milliers de personnes, partagée sur les réseaux sociaux de manière virale, puis reprise par les médias nationaux (la plupart des journaux en ligne), puis internationaux. Au point qu'à ce jour la vidéo a été vue par près de 1,8 million de personnes (sans compter les multiples copies de celle-ci).
Dans les heures qui ont suivi la publication de la vidéo, des milliers de personnes, choquées par la violence de la vidéo, sont allées se plaindre sur la page facebook de l'association, demandant des comptes et exigeant des preuves de ce qu'ils avançaient pour légitimer leur action. Une pétition contre l'association a même été lancée sur internet, recueillant très vite des dizaines de milliers de signatures pour arriver à un maximum d'un peu plus de 240 000.
Cette affaire est donc un véritable phénomène social important et tant l'affaire que les réactions qui l'ont suivie sont très significatives de la situation dans la société française de 2015.
En effet, les réactions suite à cette vidéo ont été extrêmement nombreuses et ont vite versé dans l'irrationnel, n'arrivant pas à regarder tous les aspects de manière dialectique. Ainsi, d'un côté, les gens dénonçant l'association l'ont attaquée violemment et unilatéralement et de l'autre, l'association a refusé de fournir des preuves justifiant son action et préférer menacer de porter plainte contre tout le monde.
Ce que cela révèle, c'est que les masses sont tétanisées par la crise, elles n'ont aucun moyen d'affirmer leurs valeurs et leurs exigences. Cette affaire est exemplaire du fait que les masses se retrouvent coincées entre d'un côté l'irrationalisme subjectiviste (forcément plein de préjugés réactionnaires) et de l'autre côté l'esprit conservateur, légitimiste vis-à-vis des institutions (et donc tout aussi réactionnaire).
En France les masses sont opposées au fait qu'il puisse exister des trafics impliquant des animaux afin de favoriser la mendicité. C'est quelque chose qui apparaît comme révoltant et immoral, d'une part vis-à-vis des animaux, d'autre part du fait qu'il s’agisse de manipuler la sensibilité des gens.
Pour autant, ces trafics existent et se sont répandus en France, principalement à Paris, sans qu'ils soient réellement combattus. A part quelques groupes d'individus se prenant en main, par exemple ceux se réclamant de la page facebook Archetype, le problème est largement ignoré.
Les mafias qui organisent les trafics d'animaux et d'êtres humains pour les forcer à mendier ne sont pas réellement inquiétées. Les institutions françaises ignorent le problème, ou du moins ne s'en préoccupent pas. Il n'y a pas non plus de pouvoir populaire parallèle aux institutions en France, qui serait capable de régler ce problème.
Le résultat est simple : cela laisse le champs libre à des réactions impulsives teintés d’irrationalisme. C'est justement ce qui s'est passé à Paris avec le président de Cause Animale Nord. L'enlèvement du chiot partait d'une volonté légitime, celle de libérer un animal victime d'un trafic. Mais elle a été menée à la hâte, sans préparation, sans réflexion, sans travail en amont.
C'est d'autant plus vrai que son principal protagoniste était connu sur internet pour ses préjugés racistes et irrationnels à l'égard des personnes roms, accusés d'être favorisés par les autorités.
Forcément, cela ne pouvait que conduire à un échec. L'animal se retrouve donc aujourd'hui confisqué par l’État et subit le traumatisme d’être placé en chenil avant d'être, normalement, remis à la personne mendiante, car les papiers seraient finalement en règle.
Soit le maître était réellement proche de son chien, auquel cas cette séparation est un traumatisme immense, et absurde. Soit effectivement le chien faisait partie d'un trafic, et là il serait absolument terrible de le voir retourner au cœur du trafic, avec l'aval des autorités.
L'autre conséquence de cette affaire est d'avoir donné une totale légitimité aux discours mettant en avant les institutions, activant le rejet de l'intervention populaire et autonome en faveurs des animaux. Sur cette base, une campagne immonde a été orchestrée, avec une dénonciation des militants pour la cause des animaux, tous mis dans le « même sac », traités d'irresponsables, d'illuminés, etc.
Un certain nombre de vidéos ont circulé, notamment une qui est un monument de propagande et de manipulation des masses. On y voit des passant dans le quartier du Châtelet à qui l'on raconte cette version des faits :
« des activistes illuminés de la cause animale ont arraché un chien à ce SDF, ils ont ensuite cherché à le revendre sur internet. »
Inévitablement, les personnes interrogées sont choquées et trouve cela abominable. Sauf que la question réelle et primordiale du trafic d'animaux pour la mendicité est complètement passée à la trappe, alors que c'est de cela qu'il s'agit à l'origine.
Il est à noter également que des personnes ont délibérement menti en prétendant qu'ils connaissaient ce mendiant dans le quartier depuis de nombreuses années, et comme ayant un autre chien pendant plusieurs années avant celui-ci... Sauf que la personne en question a elle même expliquée n'être en France que depuis quelques mois.
Quand bien même il y aurait en fait eu une erreur d'appréciation à la base par le président de Cause Animale Nord, c'est la volonté de s'opposer à ces trafics qui est à l'origine de l’événement.
L'autre chose terrible avec cette vidéo est qu'il est prétendu que le chien en question aurait été ensuite mis en vente. C'est totalement faux, puisqu’il a été proposé à l'adoption en l'échange d'une contribution de 195€ servant à l'association, et notamment à couvrir partiellement les frais vétérinaires. C'est, en fait, une procédure tout à fait classique lorsqu'il s'agit d'adoption dans un refuge ou auprès d'une association.
Ces mensonges quant à la mise en vente du chien sont une honte et jettent l'opprobre sur toutes les personnes et les associations se mobilisant pour sauver et faire adopter des animaux. Ils sont le produit de nombreuses choses : d'un état d’esprit pourri et calomnieux dans la société française, de la méconnaissance de la condition animale... Mais aussi du reflet de l'esprit mercantile du capitalisme (qui voit le capitalisme partout), le tout avec l'appui naturellement de la part de gens qui s'enrichissent du trafic d'animaux (pas par le biais de mafias, mais par le biais d'élevages tout à fait légaux).
L'autre aspect que révèle également cette affaire, c'est à quel point existe et prédomine en France l'esprit chrétien de la charité. Si des mafias peuvent à ce point organiser ces trafics, avec des mises en scènes grossières dans la rue où des petits chiens ou chats, jeunes, sont posés complètement apathiques à côté de mendiants, c'est bien parce que cela fonctionne.
Beaucoup de gens ne se posent pas de question, se contentant de s'imaginer faire une bonne action envers un mendiant et « ses » animaux qui les ont touché.
On est là dans la charité totalement passive et soumise à l'ordre des choses, dans l'idéologie du stoïcisme. Le but est de se donner bonne conscience, pour que surtout rien ne change et ne pas avoir à se remettre en cause. C'est quelque chose de vraiment terrible, un état d’esprit qui devra être combattu par la révolution culturelle socialiste en France.
Dans un autre registre, il est également nécessaire de dénoncer les prétentions radicales de certains anarchistes, qui sont en fait surtout des libéraux ultras.
Il y a eu, en effet, autour de cette affaire des réactions d'anarchistes prétendument « vegans » ou « antispécistes » niant la réalité des mafias faisant du trafic d'animaux, pour mettre en avant un verbiage antiraciste.
Ces gens se prétendent être les plus radicaux à propos de la cause soutenue, en l’occurrence la protection des animaux. Mais Ils se retrouvent en fait à passer totalement à la trappe cette question pour changer de sujet, en l’occurrence pour dénoncer l’extrême-droite dans les milieux de la protection animal, sans réelle analyse de la situation.
Et ils ont d'ailleurs largement participé a relayer les fausses rumeurs de la campagne menées contre l'association pour mieux servir leur intérêt, ce qui est une attitude totalement lamentable et contre-révolutionnaire.
Cela montre la triste réalité de la condition animale en France, pays où cette question est un tabou absolu.
Il est bien connu que le véganisme, comme démarche en opposition à l'utilisation d'animaux, est tout à fait accepté dans les autres pays d'Europe, et fait partie de la culture progressiste élémentaire : en France, par contre, l'idéologie du pinard et du saucisson, de la bière et du sandwich-merguez est commune tant à la droite qu'à la gauche, qu'à l'extrême-droite et l'extrême-gauche, ce qui montre bien qu'il y a un problème de fond, un problème de valeurs, un problème de matérialisme.