29 oct 2013

Ecotaxe des agriculteurs : l'industrie du lait et de la viande en arrière-plan

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Ces derniers jours ont été marqués par des affrontements violents entre des agriculteurs et les CRS, en Bretagne, en raison de l'écotaxe visant les poids lourds.

De manière significative, les manifestants portaient des bonnets de couleur rouge, présentés comme le « symbole de la révolution antifiscale en Bretagne au XVIIIe siècle ».

La dimension identitaire de cette révolte va de pair avec la teneur corporatiste des revendications. Il ne s'agit nullement d'une lutte populaire, mais simplement d'une bataille menée par des capitalistes pour tenir face à la crise générale du capitalisme.

Cette bataille est, de fait, générale et tourne à la foire d'empoigne. Tous les moyens sont bons afin de tenter d'arracher ici et là des aides à l’État capitaliste.

Par exemple, les agriculteurs protestent contre la taxation des poids lourds. Cependant, tous les agriculteurs n'auront pas leurs poids lourds taxés : le transport du lait est exempté.

Pour quelle raison le transport du lait, une marchandise au même titre que les céréales par exemple, est-il exempté ? Tout simplement, parce que l'industrie laitière est la deuxième industrie agroalimentaire en France en termes de chiffre d'affaires, la première étant la viande.

Les agriculteurs manifestants sont ainsi pris à la gorge, mais sont-ils favorables au socialisme ? Pas du tout, ils veulent maintenir leurs entreprises, écrasées par les monopoles. Ils peuvent être un allié possible pour la révolution socialiste, dans la mesure où ils se soumettraient à la classe ouvrière.

Et de fait, ils n'ont pas le choix. L'intensité du capitalisme est bien plus grande là où sont utilisés les animaux. Cela signifie que l'industrie produisant de la viande et du lait est celle qui se maintient le mieux, qui prend le dessus.

McDonalds France a ainsi fait 4,35 milliards d'euros de volume d'affaires en 2012, avec 1230 restaurants. Lorsque José Bové a participé à l'attaque d'un McDonald en construction à Millau, dans l'Aveyron, en 1999, il y en avait 755.

Et si les transports d'animaux sont concernés par l'écotaxe, ce seront les petites entreprises qui trinqueront, alors que les distributeurs reporteront cela sur les fournisseurs, alors que les grandes entreprises intégreront quant à elles tout le processus de « production » d'animaux, de mise à mort, d'empaquetage de la viande, etc.

Ce à quoi on assiste, c'est à une aide à la concentration capitaliste par l'intermédiaire de l'écotaxe.

Et la tendance est inéluctable ; le besoin pour les capitalistes de compenser la chute tendancielle du taux de profit amène à se diriger vers deux types de production :

  -  ce qui sert directement les classes les plus aisées, capables d'aligner l'argent pour des produits de haute valeur ajoutée à ses yeux, comme les fameux produits Apple ;

  - ce qui est achetable par les classes populaires, et donc forcément en priorité la nourriture bon marché.

De par les prix bon marché, il faut une intensité capitalistique d'autant plus grande, donc une industrie toujours plus intensive.

L’alimentation bio ne change pas la donne, car de par ses prix elle se tourne vers les classes aisées pour la plupart des produits. Si les magasins bios arrangent les personnes assumant le véganisme, ce ne sont pas celles-ci qui sont visées, mais bien la bourgeoisie qui veut maintenir santé et minceur et paie le prix pour cela.

Au 19e siècle, on caricaturait les ouvriers comme maigres et le patron comme gros, c'est désormais le contraire.

Ainsi, quand on regarde l'agriculture en France, on ne peut pas parler de celle-ci en général ; il faut différencier selon ce qui est produit. Et l'industrie du lait et de la viande est condamnée, car elle est portée par les grands capitalistes qui ne la renforcent que par intérêt.

De manière matérialiste, il n'y a cependant aucune raison de boire du lait, puisque celui-ci est destiné aux veaux, ni aucune raison morale d'accepter de détruire de la matière vivante alors que celle-ci est le fruit de la longue progression de la matière éternelle vers davantage de complexité.

Ainsi, les petits capitalistes producteurs de céréales doivent bien voir qu'ils seront toujours plus écrasés dans le capitalisme, alors que le socialisme peut les accepter, dans un cadre précis.

 

 

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