Deux exemples de la science bourgeoise française contre l'esprit de synthèse
Submitted by Anonyme (non vérifié)Comme le disait Mao Zedong, le matérialisme dialectique a pour loi fondamentale la loi de la contradiction. En biologie, la vision matérialiste dialectique est notamment représentée, de manière indirecte, par la scientifique démocratique Lynn Margulis et ses travaux sur la symbiose. Mais, en France, la symbiose est mal perçue, et en pratique combattue, par les scientifiques bourgeois. Voyons deux exemples récents montrant clairement cela.
Le jeudi 22 mai 2014, dans l'émission de La Tête au carré sur France Inter, Marie Christine de Vernejoul et Pierre Layrolle, deux chercheurs de l'INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale), étaient invités pour parler des os et du squelette. Lorsque le présentateur leur demande quelles actions entrent en jeu dans l'os, Marie Christine de Vernejoul explique ceci :
« — Il y a deux cellules. C'est assez simple : les gentilles qui font l'os, qui forment l'os, qu'on appelle les ostéoblastes...
— [le présentateur :] Les gentilles cellules, c'est ça ? [rires]
— Les gentilles, voilà. C'est celles qu'on veut pousser et qui synthétisent en fait cette trame collagène [la partie organique de l'os], qui aident à ce qu'elle soit minéralisée. Et puis il y a les méchantes, qui s'appellent les ostéoclastes, qui vont les détruire, qui vont détruire de l'os.
Et pourquoi est-ce qu'il y a ça ? Simplement parce que si vous aviez le même os de votre naissance à l'âge... quand vous êtes vieux, il serait tout usé. Ce serait une vieille matrice qui n'est pas solide. Donc, il faut le renouveler par petits bouts et c'est pour ça qu'il y a toujours de la destruction et après les os deviennent [?] et refont autant que ce qui a été détruit. »
Le propos de Marie Christine de Vernejoul n'a choqué ni le présentateur (qui s'en est juste amusé) ni le second chercheur qui est tout de même directeur de recherche de l'INSERM. Parler de « gentilles cellules » et de « méchantes cellules » est non seulement méprisant pour l'auditeur, tant les qualificatifs sont infantilisants et niais, mais, de plus, complètement faux. D'ailleurs, les propos de la chercheuse sont contradictoires car elle explique aussi que les deux types de cellules sont nécessaires au renouvellement permanent de notre structure osseuse. Et, en effet, l'os se développe et s'entretient par la contradiction entre la construction de la matière osseuse et sa destruction.
Comment une chercheuse de l'INSERM peut dire qu'une cellule qui participe au bon fonctionnement du corps est « méchante » ? Cette simplification outrancière reflète sa vision du monde anti-dialectique. En effet, durant toute l'émission, Marie Christine de Vernejoul évoque les actions des ostéoblastes et des ostéoclastes comme deux phénomènes parallèles, indépendants : il y a d'un côté la construction de l'os et, de l'autre, la destruction. Une fois qu'elle se focalise sur chacun de ses deux phénomènes, l'ensemble formé par l'os n'intervient plus.
Ceci est encore exacerbé par le fait qu'elle travaille sur l'ostéoporose. Elle explique d'ailleurs que l'ostéoporose, comme la fragilisation de l'os quand on vieillit est due au fait que « les méchantes, les ostéoclastes, prennent le dessus sur les gentilles ». Au lieu de voir l'ostéoporose comme l'accentuation de la contradiction entre la construction de la matière osseuse et sa destruction, elle se concentre sur les cellules qui entrent en jeu dans la construction de l'os et considère que le problème réside dans une cause extérieure : les cellules qui détruisent l'os.
Pourtant, elle sait bien que cette vision manichéenne du « méchant » ostéoclaste n'est pas juste. Elle-même a participé à l'écriture d'un article, en 1997, qui explique que : « Au cours du vieillissement osseux, on sait que l’activité ostéoblastique diminue davantage que l’activité ostéoclastique et que l’augmentation du renouvellement osseux est responsable de perforations des travées de l’os spongieux entraînant une fragilité mécanique. ». Et elle sait également que lorsque la construction de tissu osseux par les ostéoblastes est plus importante que la destruction par les ostéoclastes, alors il y a également une grave maladie osseuse, l'ostéocondensation (c'est-à-dire un excès d'os).
Mais tout cela, une scientifique bourgeoise ne peut le considérer en même temps. Chacune des recherches est « indépendantes » des autres, chaque phénomène est perçu comme « indépendant ». En réalité, les scientifiques bourgeois sont incapables de procéder à la synthèse des connaissances amenant ces dernières à un niveau supérieur. Ils fonctionnent par simple accumulation et par analogie.
Cette intervention de Marie Christine de Vernejoul pourrait être anodine mais elle est un reflet de l'incapacité des scientifiques français à se saisir du matérialisme dialectique. Et cela est d'autant plus vrai pour la question de la symbiose.
Le mardi 20 mai, l'INRA (Institut National de la Recherche Agronomique) a publié un communiqué de presse intitulé « Symbiose sous influence ». Le titre est édifiant mais voici le contenu de la recherche, qui concerne la façon dont s'établit la symbiose entre un peuplier et un champignon, le Laccaria bicolor. Les chercheurs expliquent que le champignon détecte certaines molécules produites par les arbres qui lui permettent de sécréter à son tour des molécules à destination de l'arbre.
À cette étape de l'article, le vocabulaire employé traduit déjà la manière dont est considérée la symbiose par les chercheurs. Ils écrivent que « le champignon [libère] de petites protéines dans les racines qu’il colonise ». Le terme « coloniser » a une connotation d'invasion, d'occupation qui va à l'encontre de l'esprit de la symbiose. La suite et fin de l'article confirme cela puisque les chercheurs expliquent que la molécule produite par le champignon vient neutraliser une hormone de défense produite par l'arbre, destinée à déclencher des « réactions de défense destinées à neutraliser l’envahisseur ». Et ils en concluent que :
« Le champignon symbiotique contrôle ainsi la réponse immunitaire de la plante colonisée. Il peut alors s’établir et développer un commerce équitable avec la plante « sous influence » qui l’héberge. »
Dans cette explication, on n'est finalement pas loin des cellules « méchantes » et « gentilles » : le champignon est présenté comme le « méchant » envahisseur qui manipule l'arbre, voire l'arnaque, et le « gentil » arbre est une pauvre victime naïve du champignon.
Interpréter le communiqué dans ce sens pourrait sembler excessif mais ce n'est pas le cas, cela reflète en effet l'idéologie dominante, voyant tout en termes d'individus se faisant concurrence. L'article de Science et Avenir sur ce même communiqué confirme notre interprétation puisque son titre est encore plus agressif : « Entre les champignons et les arbres, une symbiose pas vraiment consentante ». Le vocabulaire évoque carrément le viol.
Dans le même article, ils citent également Francis Martin, directeur de l’Unité mixte de recherche de Nancy qui explique :
« nous qui pensions que la mycorhize [la symbiose entre un champignon et un arbre, au niveau des racines de ce dernier] constituait une sorte d’aimable commerce équitable, nous sommes obligés de constater aujourd’hui qu’il s’agit plutôt d’une agression dont le champignon sort vainqueur »
Voilà comment les chercheurs français expliquent la symbiose ! Sous couvert de présenter les résultats de leur recherche sur la symbiose, elle est en réalité moquée, ridiculisée. Ce ne serait qu'une vaste arnaque. En fait, elle n'existerait pas et seuls les rapports de compétition seraient réels.
En réalité, ces chercheurs qui ont tenté d'étudier la symbiose n'ont pas compris en quoi consistait la symbiose. Et ils le disent eux-mêmes : ils pensent que la symbiose ce sont deux individus qui reçoivent de l'extérieur un bénéfice. Ainsi, selon eux, il y a le champignon qui reçoit des nutriments de l'arbre, et il y a l'arbre qui reçoit des nutriments du champignon. Autrement dit, ils pensent étudier la symbiose mais, au final, ils étudient juste deux individus séparés qui s'adonnerait à une sorte de commerce. Ces scientifiques se font en réalité les relais de la vision capitaliste du monde.
Étudier la symbiose formée par l'arbre et le champignon, c'est voir la relation complexe qui s'est formée, qui lie deux êtres et qui fait que chaque partie s'adapte perpétuellement à l'autre pour entretenir cette relation.
Car, si l'on reprend leurs arguments, si le champignon ne neutralisait pas les hormones dégagées par l'arbre, alors le champignon finirait par mourir, attaquée par ses mêmes hormones ! C'est ce que les scientifiques eux-mêmes expliquent dans leur communiqué : qui serait alors le « méchant » ? On voit bien que ce genre de raisonnement mène à une impasse.
Dans ces deux cas, les scientifiques montrent qu'ils ont une vision du monde bourgeoise. Incapables de refléter la complexité des relations dans le monde, ils véhiculent une idéologie : l'individualisme. Ce faisant, ils sont contraints de se défendre contre la symbiose par exemple et, de manière plus générale, d'aller à contre-sens du progrès scientifique. Et, en définitive, ils distillent une vision social-darwiniste du monde où il y aurait les « gentils » qu'il faut défendre et les « méchants » qu'il faudrait empêcher de nuire.
De plus, cette façon de diffuser les connaissances a un effet particulièrement néfaste dans la mesure où ils mettent en avant des concepts allant dans le sens du matérialisme dialectique mais ils les pervertissent en en changeant le contenu. En falsifiant ainsi le concept de symbiose, ils empêchent les masses de se l'approprier. La tâche du PCMLM est inversement de permettre cette appropriation.