14 juil 2011

La vie et la salinité de l’océan

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Dans l'article Saluons AQUARIUS, annonciateur de la nouvelle civilisation ! où nous parlions du satellite qui va analyser la salinité de l'océan, nous avons souligné l'importance du sel marin dans l'équilibre biogéochimique.

Voici à ce sujet un extrait d'un document de James Lovelock. Au côté de Lynn Margulis, ce scientifique a remis en avant la thèse de Vernadsky sur la biosphère (appelé ici "Gaïa").

Lovelock affirme ne pas avoir connu Vernadsky, et n'est pas du tout sur des positions progressistes comme Lynn Margulis. Néanmoins, ses travaux marquent une étape historique.

Notons au passage l'existence du nigari, terme japonais désignant le chlorure de magnésium naturel.

Disponible en magasin bio (sous la forme de cristaux, de paillettes), il est utilisé pour faire des cures de magnésium (dilué dans l'eau, et avec un goût très amer !).

Le nigari est également utilisé comme coagulant pour préparer le tofu.

Notons également que Lovelock a vu son nom choisi comme nom pour la dernière version de Fedora.

Fedora est une distribution GNU/Linux (comme par exemple Ubuntu); il s'agit grosso modo d'une des multiples versions existantes de Linux.

Voici donc l'extrait de l'ouvrage de James Lovelock, intitulé La Terre est un être vivant.

"Un point de départ pratique pour notre quête de Gaïa au sein des océans consiste à nous demander pourquoi la mer est salée.

La réponse qui fut autrefois avancée de manière docte (et qu'on retrouve sans aucun doute toujours dans maints manuels et encyclopédies courants) est en substance la suivante : la mer devint salée parce que la pluie et les fleurs charriaient constamment vers la mer de petites quantités de sel de la terre.

Les eaux de surface des océans s'évaporent, il est vrai, et retombent ensuite sous forme de pluie sur la terre, mais le sel, substance non volatile, ne suit pas le même cycle et s'accumule dans la mer. Les océans deviennent donc de plus en plus chargés en sel au fil du temps.

Cette réponse s'accorde parfaitement avec l'explication traditionnelle donnée à la question de savoir pourquoi le contenu en sel des fluides organiques des créatures vivantes, y compris nous-mêmes, est inférieur à celui des océans.

A l'heure actuelle, la teneur en sel de la mer exprime en pourcentage (le nombre de parts par poids de sel dans cent parts d'eau) est d'environ 3,4%, tandis que celui de notre sang est de 0,8%.

L'explication est donc la suivante : lorsque la vie apparut, les fluides internes des organismes marins étaient en équilibre avec la mer, ou en d'autres termes, la salinité des fluides organiques et celle de leur environnement étaient exactement égales.

Plus tard, lorsque la vie, dans l'un de ses bonds évolutionnaires, envoya des migrants des eaux coloniser la terre, la salinité interne des organismes vivants se fossilisa, en quelque sorte, au niveau en vigueur à l'époque tandis que celle de la mer continua à augmenter. Ce qui explique la différence observée aujourd'hui entre la salinité des fluides organiques et celles de la mer.

Cette théorie de l'accumulation du sel, si elle était correcte, devrait nous permettre de calculer l'âge des océans. Il n'est nullement difficile d'estimer leur contenu total de sel actuel, et si nous supposons que la quantité de sel charriée dans la mer chaque année par l'action de la pluie et des fleuves est demeurée plus ou moins constante au fil du temps, une division devrait nous fournir la réponse correcte.

La quantité de sel supplémentaire dans la mer est d'environ 540 mégatonnes par an ; le volume total d'eau de mer est de 1,2 mille millions de kilomètres cube ; la salinité moyenne est de 3,4%.

En conséquence, la durée nécessaire pour atteindre le taux de salinité actuel est d'environ 80 millions d’années, ce qui correspond donc à l'âge des océans. Or, cette réponse est en contradiction totale avec tout ce que nous enseigne la paléontologie. Reprenons donc à zéro (…).

Reformulons notre problème. Il existe des preuves relativement fiables – tant directes qu'indirectes – du fait que la salinité de l'eau de mer ne s'est guère modifiée depuis des centaines de millions, sinon des milliers de millions d'années.

Notre connaissance du niveau de salinité toléré par les organismes vivants du type de ceux qui ont peuplé les eaux durant ces vastes périodes suggère de toute façon qu'il est exclu que la salinité ait excédé 6%, en comparaison avec le niveau actuel de 3,4%, et que même si elle avait atteint 4%, l’évolution de la vie marine aurait pris une toute autre tournure et produit des organismes extrêmement différents de ceux que nous révèlent les fossiles que nous connaissons.

Or, la quantité de sel charriée de la terre dans la mer par la pluie et les fleuves durant chaque période de 80 millions d'années est égale au contenu salin total actuel des océans. Si ce processus s'était poursuivi sans faire l'objet d'une régulation depuis leur origine, tous les océans seraient d'immenses lacs de sel impropre à la vie.

Il doit donc exister un système d'élimination du sel de la mer à un rythme égal à celui de l'addition (…).

Envisageons maintenant quelques moyens de contrôle gaïens possible de la salinité. Il ne s'agit encore que de conjectures, mais je suis convaincu qu'elles sont suffisamment solides pour servir de base à une étude théorique et expérimentale détaillée.

Commençons par un moyen possible d'accélérer le système de transport océanique. Il est probable que les sels sont entraînés vers le fond et assimilés aux sédiments en se retrouvant pris dans les rets de la pluie de débris végétaux et animaux, ainsi que l'a suggéré Broecker, tout comme la pluie ordinaire englobe des particules de poussière atmosphérique.

Il se peut qu'il existe des espèces de protistes ou d'animaux à carapace dure qui sont particulièrement sensibles à la salinité et qui meurent rapidement dès que le niveau s'élève, fût-ce de manière infime au-dessus de la normale. Leurs coquilles tombent, entraînant du sel vers le fond marin et réduisant ainsi la concentration saline dans les eaux de surface

Les quantités de sel susceptibles d'être éliminées de l'océan par ce procédé sont beaucoup trop faibles pour nous fournir la solution du siphon que nous recherchons. Nous verrons cependant qu'un lien entre le taux de dépôt de tests et de niveaux salins serait susceptible de participer à une méthode de régulation de la salinité marine.

Une autre possibilité, toute différente celle-là, nous est suggérée par la proposition de Broecker relative à l'élimination du chlorure et du sulfate. Il suggéra que l'excès de sel s'accumulait dans les évaporites des baies peu profondes, des lagons entourés de terres et de bras de mer isolés où le taux d'évaporation est rapide et l'arrivée d'eau à sens unique.

Émettons maintenant la spéculation brute voulant que la formation des lagons résulte de la présence de vie dans la mer. Si ce processus progressait jusqu'à l'homéostasie, il serait susceptible de résoudre le problème de Broecker en justifiant la stabilité d'un système d'élimination de sel se fondant sur la formation d'évaporites par des forces inorganiques tout à fait fortuites.

Élever d'immenses barrières pour enclore des milliers de miles carrés de mer dans des régions tropicales semble être une entreprise dépassant les capacités humaines. Il existe toutefois des structures beaucoup plus grandes que celles jamais réalisées par l'homme [et la femme] : les récifs de corail, et plus significatifs encore dans les époques reculées les récifs de stromatholites.

Ceux-ci sont bâties à une échelle gaïenne, avec des murs de plusieurs kilomètres de hauteur et plusieurs milliers de kilomètres de longueur, par la coopération d'organismes vivants. Il est possible que la Grande barrière de Corail, située au large des côtes nord-est de l'Australie, soit le vestige d'un projet inachevé pour un lagon d'évaporation..."

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