1 avr 2011

La signification de l’attirance d’une partie du prolétariat pour le Front National

Submitted by Anonyme (non vérifié)

« Moi, je ne veux pas calmer le jeu. Je n’attends qu’une chose du système, c’est qu’il implose. Je veux que les Français se rendent compte que tout est à reconstruire, que notre pays est en train de s’effacer, que l’Etat s’effondre, que la souveraineté nationale a disparu et que la pérennité de notre civilisation est en cause. »

(Marine Le Pen, invitée de Questions d’Info LCP/France Info/AFP)

L’humoriste Sophia Aram tient une chronique sur France Inter, et a réussi son coup : faire du « buzz » en se moquant des personnes votant Front National, qui seraient de « gros cons » du type angoissé et, finalement, looser. Or, le « gros con » angoissé et du type looser correspond à l’image du prolétaire aux yeux de la bourgeoisie et de la petite-bourgeoisie, notamment à Paris.

Et justement, ceux qui sont finalement bien content de la vie quotidienne dans le capitalisme s’inquiètent de ce « bas peuple » qui commence à se révolter. Par une absence de culture et d’idéologie, ce début de révolte est plein de contradictions et est happé par le Front National. Les élections cantonales de dimanche dernier ont clairement montré que des reports de voix évidents au second tour sur le FN, que les candidats FN soient opposés à l’UMP ou à la social-démocratie (PS, P « C » F, Front de Gauche). En effet, dans n’importe quel cas de figure, la progression en pourcentage du FN est sensiblement la même (environ 10 points en moyenne).

Parmi les électeurs du FN, au premier comme au second tour, se trouvent donc une partie des prolétaires, ce qui apparaît clairement dans le Nord de la France.

Il est absolument évident qu’il existe des ressorts du vote FN parmi les classes populaires. Parce que les prolétaires sont des « gros cons » ? Non. En fait, le FN est un parti indéniablement bourgeois, lié aux intérêts de la bourgeoisie impérialiste opposée à la bourgeoisie industrielle de Nicolas Sarkozy, mais qui se présente de manière opportuniste comme antibourgeois. C’est la posture « rebelle » du fascisme qui est censé s’opposer aux institutions de la bourgeoisie pour proposer quelque chose de nouveau. C’est pour cela que le FN joue sur la « vague Marine » qui veut tout et rien dire, et que Marine Le Pen dénonce le « libéralisme » du Parti Socialiste !

C’est cette dimension subversive qui fait le lit du FN, et non pas le racisme supposé des masses, car c’est l’inverse qui est vrai : le racisme est le produit de la manipulation des masses par le FN au moyen de l’anticapitalisme romantique.

Car inévitablement aujourd’hui, le discours anticapitaliste romantique a un impact dans les classes populaires.

Comment pourrait-il en être autrement alors que l’extrême-gauche est légaliste, bornée, déconnectée du réel, petite-bourgeoise, syndicaliste ?

Evidemment, cette alternative qu’est censé incarner le FN regarde en réalité vers un passé idéalisé qui prend la forme d’un retour au terroir. On retrouve ici la révolte contre le monde moderne, c’est-à-dire un anticapitalisme romantique pourfendant les grandes surfaces, les entreprises du CAC 40, la mondialisation, etc. et glorifiant le style de vie antan avec ses « petits artisans » qui travaillent de manière « authentique ». En somme, le FN, en tant que parti fasciste, parvient à se présenter comme l’incarnation d’un monde nouveau... renouant avec le passé. Et dans ce monde nouveau « rétro », les contradictions entre travail intellectuel/travail manuel et villes/campagnes trouvent une résolution dans une société de petits artisans et paysans du terroir, vivant une existence paisible.

Si le fascisme était un temps de conjugaison, ce serait le futur antérieur. En pratique, il n’a aucune perspective à moyen terme.

C’est cette apparence de nouveau, par opposition opportuniste aux institutions, et de résolution des contradictions du capitalisme qui explique l’attirance d’une partie du prolétariat au FN. Cela ne fait pas des prolétaires votant FN des « gros cons ».

Oui, ces prolétaires se trompent, car dans le fascisme tout n’est qu’apparence de nouveau et de résolution de les contradictions travail manuel/travail intellectuel et villes/campagnes car le FN, comme toute composante du mouvement fasciste, est marquée par l’idéalisme.

Cet idéalisme s’oppose au mouvement naturel de la matière. Voilà pourquoi le FN fantasme sur un retour au terroir, à la terre, à la vie d’artisans, à la célébration de la « gastronomie française », etc. Le FN veut arrêter la roue de l’histoire pour la faire tourner dans un sens contraire au mouvement de la matière, ce qui est bien entendu impossible. L’antimatérialisme du FN est le marqueur d’une démarche fondamentalement antiscientifique, comme on peut le voir notamment dans sa négation du réchauffement climatique, son silence sur la catastrophe nucléaire au Japon, sa défense du nucléaire français, conformément aux intérêts de la bourgeoisie impérialiste, clairement inscrit dans son programme prévoyant la construction d’un surgénérateur. Quand on comprend que le FN est un parti idéaliste, on comprend que le FN ne peut pas faire autre chose que de défendre le nucléaire. Pourquoi ? Parce que l’industrie nucléaire est basée sur le principe de fission nucléaire qui consiste à maltraiter la matière, à contraindre son mouvement naturel pour en tirer de l’énergie et, justement en raison de cette contrainte antinaturelle, créer une quantité considérable de déchets toxiques. Le retour au terroir masque en vérité un véritable programme de saccage de la planète pour le profit de la frange impérialiste de la bourgeoisie ! Mais c’est le moindre des soucis du FN qui, toujours par idéalisme, n’accorde aucune importance à la biosphère, au monde vivant. Mais pour comprendre tout cela, les prolétaires ont besoin de la culture et de l’idéologie, du parti et de la science. Or, étant donné que nous sommes faibles, et que l’extrême-gauche petite-bourgeoise ne parle de rien (et même pas de Fukushima, une catastrophe historique), alors forcément le FN détourne les aspirations du prolétariat à une vie paisible et naturelle vers un idéalisme réactionnaire au service exclusif de la bourgeoisie. Le FN, ce n’est pas la vie paisible, mais la guerre de tous contre tous, la guerre contre la nature dans le cadre d’une société hyper brutale. Ce n’est pas l’harmonie d’une société planifiée assumant la protection de la biosphère et une identité de scientifiques et d’artistes. Cette question des « gros cons » est une question essentielle pour l’antifascisme aujourd’hui. Suivre l’extrême-gauche petite-bourgeoise dans son mépris des prolétaires trompés par le fascisme est unsuicide. Ce qu’il faut assumer c’est une culture progressiste, une vie quotidienne exemplaire de par son orientation morale, artistique et scientifique.

Le FN ne s’oppose pas à l’huile de palme source de déforestation – l’extrême-gauche petite-bourgeoise non plus – mais nous, si !

Le programme du PCMLM incarne un dépassement et non pas un retour en arrière. Le PCMLM est l’avant-garde du prolétariat révolutionnaire qui traduit un mouvement de la matière vers une nouvelle étape de civilisation. La planification économique, et non la surproduction écocidaire capitaliste, répondra aux besoins du peuple et laissera s’épanouir la nature dans un monde sans violences. C’est dans cette nouvelle civilisation, composée de sensibilités artistiques et de savantes, curieuses de tout et toujours en quête de connaissances, que les contradictions entre travail manuel/travail intellectuel et villes/campagnes se résoudront.

Voilà le programme du PCMLM, bastion de la civilisation, et c’est le sens de son mot d’ordre : socialisme ou retombée dans la barbarie !

Publié sur notre ancien média: