Pour faire face à la pression, il faut comprendre le caractère baroque de notre époque
Submitted by Anonyme (non vérifié)Nous rentrons cette année dans une période nouvelle.
Pourquoi affirmer cela ? Qu’est-ce qui caractériserait cette période nouvelle ?
C’est simple: le fait que rien ne semble plus correspondre sur le plan des idées et des démarches. Les valeurs de la société française s’effondre, et tout se mélange, dans une sorte de grand et horrible nuage toxique.
L’exemple le plus pertinent est bien entendu Dieudonné, qui se revendique comme opposé au racisme alors qu’il collabore avec l’extrême-droite.
Mais c’est vrai aussi pour Sarkozy se revendiquant de Jaurès, ou bien des anciens activistes de mai 1968 passé dans le camp de la réaction la plus outrancière (comme notamment André Glucksmann).
L’impression dominante est que plus rien ne veut rien dire, il n’y a plus rien de certain en quoi fonder sa réflexion, il n’y a plus personne en qui en avoir confiance.
Et la décadence s’amplifie chaque jour. Dans l’effondrement de la société, l’extrême-gauche s’ouvre largement aux thèses réactionnaires (notamment le complotisme et l’antisémitisme) alors que l’extrême-droite feint d’assumer des valeurs révolutionnaires (notamment un prétendu « anti-impérialisme »).
Ce processus n’est évidemment pas nouveau: il est bien entendu le prolongement de la victoire social-démocrate avec Mitterrand, dans la foulée de mai 1968.
En l’absence d’un travail révolutionnaire conséquent, les illusions social-démocrates ont triomphé, et l’énorme déception a développé la rancœur, l’amertume, le nihilisme.
Les politiques anti-populaires des socialistes, la participation ininterrompu du Parti « communiste » français aux projets sociaux-démocrates, les soutiens critiques mais tenaces des trotskystes à ces projets dans la vaine perspective de « déborder » par la gauche… Tout cela était prévisible si l’on se fondait sur le socialisme scientifique.
Seulement voilà, un tel travail n’a pas été fait. Et nous nous retrouvons en 2009, dans un climat délétère, où tout ce qui est idéologique, après avoir été méprisé durant les années 1980 puis 1990, est désormais oublié.
C’est ainsi que s’explique l’apparition de la CNT, syndicat anarchiste refusant la politique, dans les années 1990, et des prétendus « anarcho-autonomes » durant les années 2000, c’est-à-dire d’individus réfutant formellement toute idéologie.
Et c’est également cela qui explique la tactique fasciste qui s’est développée ces deux-trois dernières années: les fascistes comptent surnager dans la crise, en gommant tout ce qui est politique, pour ne plus avoir qu’une « culture » prétendant répondre à toutes les questions par une démarche « saine. » Les religions ne font d’ailleurs pas différemment.
Dans ce contexte, tout se mélange, même si deux phénomènes se retrouvent immanquablement dans ce chaos.
Le premier, c’est l’anticommunisme. De l’extrême-droite à (la grande majorité de) l’extrême-gauche on a la même haine du communisme.
Marx, Engels, Lénine, Staline et Mao Zedong sont la cible d’une haine implacable. En tant qu’individus, mais cela ne doit pas nous leurrer: c’est la science qui est visée.
La bourgeoisie fait tout pour empêcher que soit affirmé la science portée par la classe ouvrière. Pour la bourgeoisie, tout doit être compris comme « relatif », plus ou moins inexplicable. Toute affirmation tranchée revient pour elle à du « stalinisme » et au « totalitarisme. »
Le second phénomène, c’est la dimension baroque.
Le baroque est une tendance esthétique apparue au 16ème et 17ème siècle en Europe. Le baroque, ce sont les tableaux avec les crânes et les sabliers, les églises remplis de babioles.
Dans ce dernier cas, qu’on pense également aux bibelots ultra kitsch (comme les anges poupons) qu’on retrouve jusque dans les appartements des personnes liées aux cultures de pays catholiques n’ayant pas connu de révolution démocratique (notamment le Portugal, l’Espagne et l’Autriche).
Le baroque, c’est le boursouflé, l’exagération, la surcharge, le côté « too much » et le jeu sur les effets mélodramatiques.
Il n’est pas difficile de voir que cette esthétique baroque est massivement présente, comme expression du doute absolu et permanent ressenti par les individus au sein de la société capitaliste.
La culture « Emo » et sa lointaine apparition « Tokyo Hotel » en sont un bon exemple, et forment une sorte de prolongement apolitique et purement esthétisant du Grunge et de Nirvana.
Toute la littérature, des romans au théâtre, est infestée d’images grotesques, de mises en avant de choses absurdes et grandiloquentes, quand bien même cette littérature serait d’extrême-gauche (comme le prix Nobel de littérature Elfriede Jelinek).
L’architecture est marquée par des projets toujours plus délirants (voire pharaoniques) marqués par l’extravagance, l’imprévu, le côté irrégulier. L’organisation spatiale fait partie de tout le cinéma de la bourgeoisie en crise (qu’on pense aux hotels – casinos de la ville de Las Vegas, première ville hôtelière du monde, alors qu’elle est d’ailleurs construite en plein désert).
Mais plus que les monuments ou les immeubles, ce sont les magasins qu’il faut regarder.
Car tel est le sens de la culture « bobo »: les bourgeois bohèmes sont l’expression du baroque. Le bricolage du look avec l’utilisation d’éléments faisant « pauvres » de la part de « riches » est du baroque. Voilà pourquoi les magasins et les bars des bobos (mais aussi les hotels) relèvent le plus souvent du baroque.
La culture bobo, ce n’est pas simplement une « faute de goût », cela relève du baroque. Et son pendant inverse est ce qu’on appelle l’architecture « rationnelle » c’est-à-dire l’organisation spatiale totalement épurée, à la Ikea.
Soit la bourgeoisie fait du baroque, soit elle n’a plus rien à dire: voilà le sens de tout cela.
Que l’on pense à l’opposé à la gigantesque créativité qu’avaient dans les années 1970-1980 le groupe Queen et David Bowie, qui représentent par excellence la culture baroque à ce moment. Le baroque était alors une critique romantique de la société capitaliste, et il suffit pour s’en convaincre d’écouter et de lire le texte du duo Bowie/Queen intitulé « Under Pressure. »
Et quel est le sens de cette période baroque actuelle ?
Rappelons que le baroque est né comme réaction à l’humanisme. L’Église et la féodalité (tendant à l’absolutisme) a organisé une contre-vague pour freiner l’humanisme.
Ce qui n’a pas empêché par la suite l’histoire de suivre son cours. La période suivant le baroque est le classicisme, marqué par l’équilibre stratégique des forces, le Roi devant par exemple en France assumer et saluer les deux formes culturelles contradictoires qu’étaient le comédie bourgeoise (Molière) et la tragédie féodale (Racine).
Puis ce furent les Lumières et le triomphe de la bourgeoisie. On a ainsi le schéma:
Humanisme => Première offensive bourgeoise, du type défense stratégique
Baroque => Contre-offensive totale de la réaction
Classicisme => Équilibre stratégique
Lumières => Offensive stratégique de la bourgeoisie
Et on peut également continuer le schéma pour la période après 1789 :
Romantisme =>Idéologie de la restauration (féodale), du type défense stratégique
Réalisme et naturalisme =>Offensive totale de la bourgeoisie
Puis s’ensuit pour la bourgeoisie le basculement dans l’individualisme (le Parnasse avec « l’art pour l’art » et le symbolisme) et le nihilisme (le théâtre de l’absurde avec Beckett et Ionesco, ainsi que le « nouveau roman »).
Tel est le sens du baroque. Il s’agit de l’offensive générale de la bourgeoisie contre la classe ouvrière, contre la possibilité même de la science marxiste léniniste maoïste. La bourgeoisie lance toutes ses forces, et semble invincible.
Mais cela ne durera pas. Demain le communisme et le fascisme s’affronteront, et nous réussirons à mener la révolution socialiste, et par les révolutions culturelles à écraser les tentatives de restauration du capitalisme.
Avec le PCMLM, avec le Parti de la science MLM, l’avenir nous appartient !