19 déc 2008

Insurrection ou guerre populaire prolongée? A la lumière de la révolte Grecque

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Il y a deux manières d'aborder les événements qui se déroulent en Grèce.

Soit on considère cela comme une partie d'un tout, et on inscrit cette révolte dans une lutte prolongée, sur le long terme, soit on voit cela d'une manière isolée, anti-dialectique, comme étant une simple émeute, voire une tentative d'insurrection, donc dans ce cas comme un échec.

Les marxistes-léninistes-maoïstes sont bien évidement partisans de l'analyse dialectique. Cette révolte de la jeunesse grecque ne peut s'inscrire que dans un processus prolongée, comme ce fut le cas des révoltes d'octobre / novembre 2005 en France.

Pour ce qui est des «insurectionnalistes» par contre, tel n'est pas le cas, et il y là même encore deux approches différentes.

Il y a d'un côté ceux qui vont être partisans de la lutte armée, de l'émeute dès que possible, mais sans jamais faire la connection entre les actions. Il n'y a aucune autre perspective à long terme qu'une émeute qui tournerait, comme par magie, à la révolution. Ce sont dans ce cas essentiellement des anarchistes.

Et il y a ceux, les prétendus «marxistes-léninistes» en particulier, qui attendent le «grand soir», accompagné bien souvent de la célèbre «grève générale». Il s'agirait donc d'accumuler un maximum de force en attendant la révolution.

Ces deux visions sont bien entendu totalement anti-matérialiste et anti-dialectique, donc erronées.

Pour le premier cas, plusieurs problèmes se posent. En effet, chaque révolte est vue indifférement des autres, sans lien entre elles. Et bien, souvent ces luttes ne sont qu'un prétexte à l'émeute, sans aucun contenu, aucune revendication derrière.

Nombreuses sont les luttes du peuple voyant arrivé leur lot d'insurectionnalistes sortis d'on ne sait où.

Mais le problème n'est pas du tout l'affrontement révolutionnaire, comme beaucoup de révisionniste le prétendent en criant aux «provocateurs gauchistes» ou aux «casseurs» à la moindre vitrine qui saute, aux premiers cocktails qui volent.

Non le souci est qu'il faut être au service du peuple, par conséquent au coeur du peuple. Or ces insurectionnalistes sont bien souvent coupés des masses, vivent entre eux et bien souvent uniquement pour eux, pour l'esthétique, pour la «pose».

On a pu récemment en avoir un exemple avec le Comité Invisible. Cette conception, qui considèrent qu'une action armée en appel spontanément une autre, créant ainsi un effet boule de neige jusqu'à la révolution.

Une telle conception nie à la fois toute analyse de la situation objective, mais elle est également à l'opposé de la conception qui veut que ce soit les masses qui soient le véritable moteur de l'histoire, c'est une position militariste.

Or Mao Zedong nous apprend que :

«La guerre révolutionnaire, c'est la guerre des masses populaires; on ne peut la faire qu'en mobilisant les masses, qu'en s'appuyant sur elle.»

«Les masses sont les véritables héros, alors que nous-même, sommes souvent d'une naïveté ridicule. Faute de comprendre cela, il nous sera impossible d'acquérir les connaissances même les plus élémentaires.»

Un autre point de divergence concerne la stratégie de la guerre populaire en elle-même. En effet, contrairement aux insurectionnalistes, pour nous marxistes-léninistes-maoïstes la révolution ne viendra pas en premier lieu du coeur des métropoles impérialistes. Qu'il y ait des révoltes est inévitable.

Mais les bases rouges se situeront bien plutôt à la fois dans les campagnes, dans les banlieues et les zones rurbaines, où la guerre du peuple a d'ailleurs bel et bien commencé. C'est dans ces zones que le besoin de communisme est le plus pressant pour les masses prolétariennes.

Mais là ne s'arrête pas les erreurs des insurectionnalistes. En France les partisans de cette conception étant quasi uniquement des anarchistes, la question du Parti est bien entendu immédiatement écarté.

Or, le Parti est une obligation pour assumer et développer la guerre populaire prolongée. Il est l'outil essentiel à la discipline, à la démocratie, et à l'organisation dans la durée. Sans un Parti fort, doté d'un organe de communication avec une ligne politique claire, eh bien une fois la tension retombée, les militants disparaissent et laissent la voie ouverte à la social-démocratie pour récupérer et vider le mouvement de tout son contenu. Et le découragement survient souvent à ce moment là.

C'est bien ce qui risque de se passer en Grèce.

En revanche s'il y a un Parti derrière, un Parti dont chaque activiste serait dans les masses comme « un poisson dans l'eau », qui assumerait la conception voulant que le chemin soit sinueux mais que la route soit lumineuse, un Parti qui s'adapte à chaque situation concrète selon les principes de défense stratégique, d'équilibre stratégique et d'offensive stratégique, alors dans ce cas le peuple ne se découragera pas, il continuera à résister et à se révolter tout en sachant dans quelle direction se diriger.

Lénine résume parfaitement l'importance de la ligne de masse et du Parti d'avant-garde :

«Une des plus grandes erreurs des communistes (comme généralement de tous les révolutionnaires qui ont accompli victorieusement le début d'un grande révolution), c'est l'idée qu'une révolution peut-être faite par les révolutionnaires seuls.

Au contraire, tout travail révolutionnaire sérieux nécessite, pour son succès, la compréhension et la traduction en actes de l'idée que les révolutionnaires sont seulement capables de jouer le rôle d'avant-garde de la classe vraiment dynamique et avancée.

Une avant-garde ne remplit sa tâche d'avant garde qu'en se montrant capable d'éviter le divorce d'avec les masses qu'elle mène et quand elle est vraiment capable de mener toute la masse en avant.
Sans une alliance avec les non-communistes dans les domaines les plus divers, il ne peut être question d'une oeuvre consrtructive communiste couronnée de succès.» (Lénine, Sur la signification du matérialisme militant)

En ce qui concerne les défenseurs d'un idéaliste Grand soir, le problème est tout autre. Dans ce cas en effet, toute révolte du peuple est totalement niée. Il faut attendre, attendre, et attendre, et accumuler des forces.

Mais comment nier que la révolution est déjà en marche et qu'elle s'inscrit dans un processus à long terme, la guerre populaire? Comme ne pas voir les multiples révoltes du peuples, les émeutes dans les quartiers populaires, les sabotages, les séquestrations de patrons sur les lieux de travail...

Pour nier tout ceci, ils en viennent inévitablement à définir ces justes révoltes du peuple comme étant l'acte d'une infime minorité de «casseurs», de «provocateurs», de «gauchistes», de «terroristes», voire parfois comme étant organisé par l'Etat lui même pour décrédibiliser un mouvement.

Cette ligne est révolutionnaire en paroles, mais en réalité contre-révolutionnaire, elle consiste en une trahison pure et simple et se retrouve donc partout, c'est entre autres le cas en Grèce, où justement les grands pourfendeur de la grève générale ont accusé les autorités d'Athènes d'avoir consciemment laissé pénétré un groupe de «casseur» dans le centre ville pour discréditer le mouvement.

Nous, marxistes-léninistes-maoïstes, allons dans le sens contraire de ces traîtres, nous assumons les enseignements de Lénine, qui disait fort justement:

«Un marxiste ne peut considérer d'une façon générale comme anormale et démoralisante la guerre civile, ou bien la guerre de partisans qui est une de ses formes. Le marxiste se tient sur le terrain de la lutte de classes, et non de la paix sociale.

Dans certaines périodes de crises aiguës, économiques ou politiques, la lutte de classes aboutit dans son développement à une véritable guerre civile, c'est-à-dire à une lutte armée entre deux parties de la population.
En de telles périodes, le marxiste a l'obligation de se placer au point de vue de la guerre civile. Tout condamnation morale de celle-ci est absolument inadmissible du point de vue du marxisme.
A une époque de guerre civile, l'idéal du parti du prolétariat est un parti combattant. C'est absolument indéniable.» (Lénine, la guerre de partisans)

Les deux conceptions de l'insurrection, du grand soir, dont nous avons parlé, sont donc très différentes. Mais elle se retrouve en un point : le mépris du peuple. Dans les deux cas, le rôle central des masses dans l'histoire est purement et simplement nié !

La révolution serait lancé de l'extérieur du peuple, elle serait le fait soit d'un Parti éclairé, soit d'un groupe militariste.

Telle n'est pas la conception marxiste-léniniste-maoïste, qui affirme que le peuple, le peuple seul, est le créateur de l'histoire universelle.

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