10 fév 2010

Arlette Laguiller et Lutte Ouvrière craquent et résument le capitalisme à la spéculation

Submitted by Anonyme (non vérifié)

« Il n’y a jamais eu d’impérialisme pur, sans base capitaliste, il n’y en a jamais eu, il n’y en a nulle part et il n’y en aura jamais. »
(Lénine)

Lutte Ouvrière, l’organisation d’Arlette Laguiller, a mis en avant un document important dans son éditorial (signé Arlette Laguiller): Pour éviter la catastrophe, il faut exproprier les banquiers.

Nous le reproduisons plus bas (cliquer sur « lire la suite »).

Ce document est très important, car il est l’expression d’un grand craquage. De la même manière que pour le NPA il n’y a pas de bourgeoisie, de la même manière que pour les syndicalistes il n’y a que des patrons, pour Lutte Ouvrière il n’y a plus que des banquiers.

C’est très grave et c’est l’expression de la négation par Lutte Ouvrière de la base industrielle du capitalisme, ainsi que de l’État comme arme de la bourgeoisie française, au profit de la thèse comme quoi l’ennemi serait la finance internationale apatride.

Lutte ouvrière oppose la « vraie » économie à la « fausse » – c’est-à-dire qu’elle considère que la crise capitaliste ne serait seulement qu’une crise financière.

Le capitalisme n’aurait alors plus de crise de surproduction de marchandises, mais seulement des crises de surproduction de capitaux. C’est une vision anti-marxiste exprimée par un léninisme mal compris.

Citons ici l’éditorial, en soulignant certains passages:

« Cela était, de toute façon, un mensonge car les licenciements et les fermetures d’entreprises n’ont jamais cessé, signe que l’économie productive, celle qui crée les biens matériels, celle qui compte, n’avait pas du tout repris. La reprise n’était que celle des bénéfices des grandes entreprises et des banques ou des profits boursiers. Elle ne concernait que la seule classe capitaliste. Mais, ce coup-ci, la finance menace le monde d’une nouvelle crise. (…)

Et l’argent encaissé par les capitalistes n’a pas été consacré aux investissements productifs, à de nouvelles usines, de nouvelles machines, à des créations d’emplois. Il n’a servi qu’à des opérations financières, c’est-à-dire à la spéculation. (…)

Après les entreprises et les actions en Bourse, ce sont aujourd’hui les États et les titres représentant leurs dettes qui sont devenus le principal objet spéculatif des marchés financiers. Derrière cette expression neutre de « marchés financiers », il y a de grandes banques bien identifiées, il y a des fonds spéculatifs, qui spéculent avec l’argent des entreprises et de riches particuliers. (…)

Personne ne sait jusqu’où ira cette nouvelle crise financière. Personne ne peut, non plus, l’arrêter pour la bonne et simple raison qu’il faudrait interdire les spéculations, c’est-à-dire ce qui rapporte le plus aux propriétaires de capitaux. Aucun gouvernement ne le fera parce qu’ils sont tous au service des banquiers, des propriétaires et des actionnaires des grandes entreprises. Les banquiers ont conduit l’économie mondiale au bord de la catastrophe, avant d’être sauvés avec l’argent des États. »

 

Nous avons à de très nombreuses reprises souligné le fait qu’il y a une bataille en France entre la bourgeoisie traditionnelle (industrielle) et la bourgeoisie impérialiste (financière). Tout en expliquant évidemment que ces deux fractions sont unies en tant que bourgeoisie française; leur concurrence ne nous concerne que dans notre combat contre ces deux fractions.

D’ailleurs, comme l’a enseigné Lénine, la bourgeoisie financière naît comme « fusion du capital bancaire et du capital industriel. »

Mais Lutte Ouvrière nie ouvertement, dans son éditorial, le caractère réactionnaire de la bourgeoisie industrielle, pour n’accorder de la valeur qu’à la bourgeoisie financière (considérée comme uniquement financière), dont le caractère national est de plus nié au profit de la « spéculation » anonyme de grandes banques.

Cette thèse est totalement réactionnaire, elle est en contradiction totale avec les thèses léninistes et une ouverture complète aux thèses réactionnaires petites-bourgeoises opposant abstraitement un capitalisme productif (appelé dans le texte « économie productive ») à un capitalisme improductif.

Cette ouverture ne pourra qu’amener la décadence complète de Lutte Ouvrière: on ne sait que trop où amène la thèse niant la bourgeoisie et le caractère national de celle-ci, et parlant de spéculation de « grandes banques » contrôlant l’histoire du monde par des crises…

Comment comprendre cela?

Lutte Ouvrière nie en fait clairement la surproduction de marchandises, n’accordant son attention qu’à la crise de surproduction de capitaux. C’est une négation de la thèse de Karl Marx sur la chute tendancielle du taux de profit.

Lutte Ouvrière nie la nature de la marchandise, elle nie que l’exploitation présuppose la crise de surproduction de marchandises, et cela qu’il y ait crise financière ou pas!

Pour Lutte Ouvrière, les capitalistes sont des banquiers qui planent au-dessus de la production: il suffirait de les virer et la production pourrait se relancer sans heurts (d’où son programme de « plan d’urgence »).

C’est une conception petite-bourgeoise, totalement opposée à l’analyse du Capital par Karl Marx; pour nous communistes, pour le PCMLM, la base du capitalisme ce n’est pas la « spéculation » mais l’exploitation de la classe ouvrière et des masses populaires.

La position de Lutte Ouvrière est par contre totalement conforme à l’idéologie trotskyste affirmant de manière petite-bourgeoise que les forces productives auraient cessé de « croître »; pour les trotskystes, il n’y a pas eu de nouveau cycle capitaliste ouvert en 1945; les forces productives en 2010 sont les mêmes qu’en 1938… (voir sur le forum des amis de Lutte Ouvrière les 52 pages de débat à ce sujet).

La position trotskyste est petite-bourgeoise: elle critique non pas le capitalisme en général, mais seulement la finance. Elle nie la réalité de l’exploitation et de ce qui va avec (d’où le caractère culturellement populiste et anti-progressiste de Lutte Ouvrière, bien connue pour sa vision bornée et conservatrice de la classe ouvrière).

Lutte Ouvrière fantasme sur un capitalisme purement spéculatif; c’est une refus de voir la réalité capitaliste telle qu’elle se définit. Rappelons en ici les traits généraux:

« Les traits principaux et les exigences de la loi économique fondamentale du capitalisme actuel pourraient être formulés à peu près ainsi : assurer le profit capitaliste maximum par l’exploitation, la ruine et l’appauvrissement de la majorité de la population d’un pays donné, par l’asservissement et le pillage systématique des peuples des autres pays, notamment ceux des pays arriérés; enfin, en déclenchant des guerres et en militarisant l’économie nationale en vue d’assurer les profits les plus élevés. »
(Staline, Les problèmes économiques du socialisme en URSS)

L’impérialisme se développe ainsi sur la base du capitalisme; il faut combattre l’un et l’autre. Il n’y pas « d’impérialisme pur » qu’il faudrait combattre parce qu’il dominerait le monde, Lénine l’a très clairement affirmé:

« Il n’y a jamais eu d’impérialisme pur, sans base capitaliste, il n’y en a jamais eu, il n’y en a nulle part et il n’y en aura jamais.

C’est généraliser de façon erronée tout ce qu’on a dit des consortiums, des cartels, des trusts, du capitalisme financier, quand on a représenté ce dernier comme une formation ne reposant sur aucun des fondements de l’ancien capitalisme. … Si Marx disait de la manufacture qu’elle était une superstructure de la petite production de masse, l’impérialisme et le capitalisme financier sont des superstructures de l’ancien capitalisme.

Défendre le point de vue qu’il y a un impérialisme intégral sans ancien capitalisme, c’est prendre ses désirs pour des réalités ; … L’impérialisme est une superstructure du capitalisme. Quand il s’écroule, le sommet s’effondre et les fondations sont mises à nu. »
(Rapport sur le programme du parti)

La position de Lutte Ouvrière est petite-bourgeoise, elle est l’expression de l’aristocratie ouvrière qui voudrait que la « classe ouvrière » se place comme force d’appui aux capitalistes considérés comme « non spéculateurs. »  

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