Marine Le Pen a affirmé qu’elle ferait en sorte qu’il n’y ait pas de « crânes rasés » lors du défilé de Jeanne d’Arc le premier mai à Paris. Voici ce que dit un document du FN en Moselle : « Marine Le Pen a prévenu que tout ce qui ressemble de près ou de loin à un “ skinhead ” sera exclu manu militari. Sont exclues toutes les tenues vestimentaires type treillis, Rangers, etc. Seuls les drapeaux français et régionaux seront acceptés. Des pancartes seront distribuées sur place, ainsi que des ballons bleu-blanc-rouge et des petits drapeaux. » Les médias parlent de dédiabolisation, mais ce n’est pas cela qu’il faut comprendre. Ce que nous pensons, c’est que le fascisme est un mouvement, et qu’en agissant ainsi, Marine Le Pen permet la construction de la fraction non électorale et brutale du fascisme, qui elle manifestera (traditionnellement) une semaine après (ainsi que le 9 mai). D’un côté un mouvement « légal » et de l’autre des structures éparpillées, para-légales, para-militaires, etc. D’un côté, une manifestation du 1er mai en version « patriotique » aura comme mot d’ordre « Avec Marine, pour un printemps social ! » et de l’autre une production culturelle et intellectuelle en version « ultra. » Pris en tenaille, l’extrême-gauche petite-bourgeoise est en tétanisée. Sa seule réaction est la posture qui consiste à expliquer que les fachos ne tiennent pas la route et qu’ils vont se faire casser la gueule. Nous reviendrons plus en détail sur les modalités de comment ces deux manifestations vont se goupiller pour produire un renforcement de l’extrême-droite et une installation militante plus ancrée. Mais il faut bien avoir à l’esprit déjà que l’esprit français de la « modération » et du « raisonnable » va conduire à une catastrophe, en étant à l’origine d’une passivité culturelle et idéologique complète face au fascisme.« L’antifascisme radical » peut bien ici agiter une vaine prétention à la violence antifasciste – non seulement cette prétention offensive est totalement décalée par rapport à la nécessaire défensive stratégique, mais en plus son aspect principal est de nier l’importance de la révolutionnarisation culturelle pour affronter le fascisme, pour être révolutionnaire de manière correcte à notre époque. Seule une fondation solide – le parti de la science et de la culture, de la civilisation – pourra résister à l’offensive fasciste !