Charlie Hebdo sort aujourd'hui son nouveau numéro, à trois millions d'exemplaires, alors que sa rédaction a été pratiquement anéantie lors de l'attaque par des islamistes il y a une semaine. C'est une volonté d'aller de l'avant, dans la continuité du passé, comme le prouve la couverture, avec un personnage censé représenter Mahomet, qui tient une pancarte « Je suis Charlie », le mot « pardonné » étant inscrit à l'arrière-plan.

Il y a là quelque chose de profondément, si ce n'est stupide, au moins malsain. Surtout alors que des franges racistes radicales mènent depuis plusieurs jours des provocations et des attentats contre des mosquées, tentant de briser le refus par la société française de basculer dans le racisme ou la guerre de religion...

La tuerie à Charlie Hebdo est, très précisément, le fruit d'une contradiction terrible, qui marque les quinze dernières années, entre d'un côté l'impérialisme et de l'autre les réactions romantiques issues des pays semi-féodaux semi-coloniaux. Des pays comme le Qatar et l'Arabie Saoudite finançant également ces romantismes afin d'appuyer leur expansionnisme.

Cette contradiction est tellement forte que des secteurs entiers de la petite-bourgeoisie tentent de se renforcer socialement, soit en appuyant un occidentalisme pro-impérialiste, soit un islamo-gauchisme « anti-impérialiste »...

Nous condamnons Charlie Hebdo, dont les pseudos journalistes sont de véritables pyromanes fascistes. L'initiative de publier un numéro spécial « Charia Hebdo » ne consistait nullement en une critique de l'obscurantisme religieux, comme ils le prétendent, mais bien en la mise en avant du discours nationaliste français de type républicain.

En changeant le nom de l'hebdomadaire « satirique » et en mettant en couverture un dessin de Mahomet expliquant « 100 coups de fouet si vous n'êtes pas mort de rire », Charlie Hebdo contribue à une polarisation réactionnaire en France, à la stigmatisation des personnes de religion musulmane, à la mise en place d'une fausse grille d'affrontement laïcité / religion.

La religion est bien entendu l'expression aliénée d'une souffrance, mais elle est également une expression contre la société faisant naître cette souffrance...