Benito Mussolini

6 aoû 2016

Au sens strict, le fascisme est un modernisme poussé par la partie nord de l'Italie, industrialisée et ayant accepté un compromis avec le féodalisme du sud. Le respect de la royauté a fait partie de ce compromis.

Giovanni Gentile a été l'artisan de ce compromis, notamment avec une réforme de l'école. Désireux de mettre en avant la « morale », il avait fait en sorte que dans les « gymnases », c'est-à-dire les lycées, 70 % des cours relèvent des sciences humaines (italien, latin, grec, histoire, philosophie), comprises comme des « méthodes », des « règles », le par cœur étant la principale démarche...

5 aoû 2016

1943 est l'année de l'effondrement interne du fascisme italien. Rien qu'en mars ont lieu des grèves en masse, à Turin tout d'abord, puis Milan, Venise afin de se diffuser, pour toucher 100 000 ouvriers protestant contre leurs conditions de vie et exigeant la paix. Les centaines d'arrestations ne suffisent pas à ébrécher un mouvement témoignant d'une véritable relance de la lutte de classe ; elles nuisent par contre grandement aux réseaux communistes.

Toutefois, les impérialistes connaissent également la situation et ils ont intégré ce fait. En juillet 1943, le 10, les Alliés organisent un débarquement en Sicile, ayant pris au préalable de nombreux contacts avec la mafia italienne pour aider à assurer une transition. L'Armée fasciste ne fait pas le poids avec ses 18 divisions mal équipées, ainsi que 8 autres en garnisons dans les îles, alors que 34 autres sont actives en France, en Grèce et dans les Balkans...

31 juil 2016

L'Italie ayant émergé sur le tard comme puissance impérialiste, le « partage du monde » était déjà en grande partie réalisé et le pays eut un rôle colonial mineur comparé à l'Angleterre ou la France, se contentant des zones secondaires. La toute première colonie italienne fut établie en Érythrée par l'armateur Rubattino en 1882 ; dix ans tard, au terme d'une rude concurrence avec les britanniques, s'ajouta la Somalie voisine.

Une option disponible pour les Italiens était également de se confronter aux forces coloniales déjà existantes pour leur arracher des territoires. Ce fut le cas de la guerre de 1911 contre l'Empire Ottoman, l'Italie de Giolitti arrachant la Tripolitaine, la Cyrénaïque ainsi que le Dodécanèse grec...

30 juil 2016

La mort d'Antonio Gramsci, le 27 avril 1937, apparaît comme le moment qui clôt toute une période. Antonio Gramsci, qui était bossu, avait une santé très faible en général et la détention a fait des dernières années de sa vie un enfer, alors qu'il souffrait de dépression cardiaque, de tuberculose pulmonaire, d'arthrite, d'hypertension, d'une hernie ombilicale, d'une pyorrhée alvéolaire qui lui a fait perdre plusieurs dents.

Les conditions infectes de son emprisonnement étaient supervisées directement par Benito Mussolini ; il s'agissait d'empêcher que le PCI puisse profiter, de quelque manière que ce soit, de son dirigeant emprisonné...

28 juil 2016

Qu'est-ce que la société italienne fasciste ? Est-elle un « totalitarisme » ? En fait, la société italienne reste une société où les valeurs libérales prédominent au plan individuel ; le fascisme se veut même le meilleur porteur du libéralisme.

Cependant, selon l'idéologie fasciste, seul l’État est le garant des droits individuels. C'est ici qu'on retrouve la philosophie de Giovanni Gentile, le maître d'oeuvre idéologique du régime. Selon Giovanni Gentile, la philosophie de la praxis est conforme à la réalité : ce n'est qu'en s'actualisant dans la pratique que la conscience est réalité...

26 juil 2016

​A quoi ressemble le régime fasciste une fois qu'il a placé dans l'illégalité toute l'opposition et considérablement affaibli le PCI ?

L'une des choses les plus importantes qu'il réalise, dans le cadre italien, est un accord avec le Vatican, signé le 11 février 1929. Ces « accords de Latran » – du nom du palais du Latran, la résidence du pape – donnent naissance à l’État du Vatican, formellement indépendant, et fait de l’Église catholique, apostolique et romaine la tenante de la religion officielle de l'Italie...

14 juil 2016

C'est donc une chose très importante à comprendre : en 1922, le fascisme ne prend pas le pouvoir, il prend seulement la tête du gouvernement. Il y a une répression illégale menée par les squadristes, il y a des interdictions, mais le régime n'a pas changé officiellement de nature.

Ainsi, en 1923 l’État procède à un très vaste coup de filet anti-communiste, décapitant la direction du Parti Communiste d'Italie. Or, les 2000 personnes arrêtées ne le sont que pour peu de temps, quelques mois au maximum, 97 sont libérées pour manques de preuves alors que les 31 personnes passant en procès sont acquittés, sauf une à quatre mois de prison...

9 juil 2016

La marche sur Rome est l'événement le plus connu du fascisme italien. Il est souvent associé à la prise du pouvoir en tant que tel, ce qui est tout à fait erroné : avec cette marche, le fascisme a progressé d'une étape, mais il ne possède pas encore réellement le pouvoir.

Ce qui se passe est que, après que les faisceaux italiens de combat se soient lancés contre la gauche par la violence, il y a une tentative de capitaliser cela politiquement avec la fondation, le 9 novembre 1921, d'un Parti National Fasciste (PNF).

Benito Mussolini tente, par cette manœuvre, d'unifier un mouvement disparate. Avant la fondation du PNF, les 2200 faisceaux regroupent 320 000 personnes, dont la majorité consiste en des étudiants, des employés, des commerçants et artisans, des propriétaires terriens...

4 juil 2016

La gauche, à la suite du bienno rosso, a de plus en plus perdu les masses. Les fascistes ont réussi à happer des secteurs entiers dans le corporatisme, c'est-à-dire le syndicalisme révolutionnaire sans la révolution, l'énergie sociale-révolutionnaire passant dans le nationalisme.

On reste dans l'apolitisme, au nom de l'anti-parlementarisme, mais la sortie n'est plus une hypothétique révolution, mais la transformation nationale-révolutionnaire. Benito Mussolini est historiquement le dirigeant socialiste qui a le plus accepté et soutenu le syndicalisme révolutionnaire...

30 juin 2016

Les fascistes avaient réussi à s'organiser et à développer une réelle pratique. Qu'en était-il à gauche ? Tout dépendrait de cela.

Soit la gauche s'épuisait, soit elle avançait réellement et alors elle pouvait faire face au fascisme. L'aile droite du PSI ne le voulait pas, appelant à « tendre l'autre joue », à respecter la « civilité socialiste » à tout prix, pensant que le fascisme n'était qu'un phénomène faible et passager...

29 juin 2016

En réaction au mouvement ouvrier, ainsi que dans le prolongement de l'irrédentisme et du nationalisme, le fascisme s'est développé en Italie avec un grand succès. Son symbole était un faisceau, un fascio, d'où le qualificatif de fasciste (qui se prononce ainsi initialement en français avec un son en « s » et non en « ch »).

Le faisceau avait été utilisé comme symbole révolutionnaire, surtout démocrate, dans l'Italie de la fin du XIXe siècle, notamment en Sicile ; composé de verges, c'est-à-dire de baguettes en bois, le faisceau représentait la force de l'unité, de par la solidité de l'ensemble par rapport à la fragilité d'une verge seule...

19 juin 2016

La France a toujours possédé des liens étroits avec l'Italie. C'est une nation en quelque sorte cousine, si ce n'est sœur, et il est considéré que finalement la différence entre Français et Italiens ne tient qu'à quelques différences de tempérament, de mentalités. Historiquement, la figure de Benito Mussolini n'a ainsi jamais pu être prise au sérieux en France, pays où le classicisme et les Lumières ont amené une exigence de propreté formelle, de linéarité dans l'expression.

Benito Mussolini apparaît pour cette raison, comme une figure de la commedia dell'arte, qu'on ne peut pas prendre au sérieux. Le fascisme italien est dévalué comme une sorte d'aventure foklorique propre à l'Italie, à placer au même niveau que les simulations des joueurs italiens de football ou les frasques de Silvio Berlusconi, l'entrepreneur qui a dirigé l'Italie pendant de longues années...

13 aoû 1923

Dans le récent discours prononcé à la Chambre pour arracher l'approbation de la nouvelle loi électorale, Mussolini a encore une fois répété avec ostentation la critique de la démocratie parlementaire, allant jusqu'à se battre contre les pauvres ombres de Cavallotti et de Brofferio. Et il a fait appel à l'argument, guère nouveau, selon lequel les adversaires les plus radicaux du fascisme sont anti-démocrates et anti-parlementaires et selon lequel en Russie les garanties démocratiques sont abolies pour tous les partis opposés au régime bolchevik.

Il est vrai qu'il y a une espèce de convergence, sur cette question, des points de vue des deux groupes politiques extrêmes. Mais l'argument ne s'adresse qu'à une bien petite partie des opposants du fascisme – les communistes – puisque les autres partis socialistes sont, dans leurs divers comportements théoriques, à la fois imbibés et avides de parlementarisme; quant aux syndicalistes-révolutionnaires et aux anarchistes, a-parlementaires il est vrai, ils s'opposent eux à toutes les dictatures...

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