Antonio Gramsci

30 juil 2016

La mort d'Antonio Gramsci, le 27 avril 1937, apparaît comme le moment qui clôt toute une période. Antonio Gramsci, qui était bossu, avait une santé très faible en général et la détention a fait des dernières années de sa vie un enfer, alors qu'il souffrait de dépression cardiaque, de tuberculose pulmonaire, d'arthrite, d'hypertension, d'une hernie ombilicale, d'une pyorrhée alvéolaire qui lui a fait perdre plusieurs dents.

Les conditions infectes de son emprisonnement étaient supervisées directement par Benito Mussolini ; il s'agissait d'empêcher que le PCI puisse profiter, de quelque manière que ce soit, de son dirigeant emprisonné...

22 juil 2016

Le grand problème posé par le fascisme au gouvernement est de savoir comment l'en sortir. Le PCI considère que pour l'extirper, il faut nécessairement changer de régime. Le PSI, basculant toujours plus à droite, pense qu'il est possible justement de s'appuyer sur le régime pour le chasser.

Il y a toutefois pire comme problématique : personne ne pense que le fascisme puisse se maintenir. Tout le monde pense que Benito Mussolini pousse dans la brutalité des chemises noires justement afin de parvenir à un compromis et de s'institutionnaliser...

13 juil 2016

L'Internationale Communiste, depuis le début, a un problème avec la direction du PCI, qui n'hésite pas à faire comme bon lui semble, au nom de la révolution qui serait imminente dans toutes les situations, ce qui nécessiterait une position ultra-gauchiste afin d'apparaître comme la seule option aux yeux des masses.

Lorsque l'Internationale Communiste exige que le Parti Communiste d'Italie fusionne avec le Parti Socialiste italien, Amadeo Bordiga qui est emprisonné parvient à exposer sa ligne dans ses messages : il faut dire non et rejeter l'Internationale Communiste. La rupture est alors complète et l'Internationale Communiste peut enfin remplacer la direction du PCI, ce qui se réalise à la mi-1924, avec enfin un poste de secrétaire général qui est formé, Antonio Gramsci assumant cette fonction...

9 juil 2016

La marche sur Rome est l'événement le plus connu du fascisme italien. Il est souvent associé à la prise du pouvoir en tant que tel, ce qui est tout à fait erroné : avec cette marche, le fascisme a progressé d'une étape, mais il ne possède pas encore réellement le pouvoir.

Ce qui se passe est que, après que les faisceaux italiens de combat se soient lancés contre la gauche par la violence, il y a une tentative de capitaliser cela politiquement avec la fondation, le 9 novembre 1921, d'un Parti National Fasciste (PNF).

Benito Mussolini tente, par cette manœuvre, d'unifier un mouvement disparate. Avant la fondation du PNF, les 2200 faisceaux regroupent 320 000 personnes, dont la majorité consiste en des étudiants, des employés, des commerçants et artisans, des propriétaires terriens...

5 juil 2016

Pendant que les forces du PCI sont harcelées et débordées sur tout le territoire, des antifascistes se regroupent spontanément, principalement des anciens combattants progressistes, des républicains du Parti Populaire Italien (catholique), des anarchistes, des socialistes...

En quelques mois, ce phénomène de cellules autonomes, les Arditi del Popolo, prend une ampleur telle que leur nombre atteint 20 000 hommes pour 144 sections. Le style des Arditi del Popolo était au moins en partie problématique, car il reprenait le principe de la brigade de choc de la première guerre mondiale, l'esthétique rebelle sans démilitations culturelles et politiques, etc. C'était une révolte populaire épidermique, née sur le terrain de la contre-violence face aux violences fascistes...

30 juin 2016

Les fascistes avaient réussi à s'organiser et à développer une réelle pratique. Qu'en était-il à gauche ? Tout dépendrait de cela.

Soit la gauche s'épuisait, soit elle avançait réellement et alors elle pouvait faire face au fascisme. L'aile droite du PSI ne le voulait pas, appelant à « tendre l'autre joue », à respecter la « civilité socialiste » à tout prix, pensant que le fascisme n'était qu'un phénomène faible et passager...

28 juin 2016

Au lendemain de la Première Guerre mondiale impérialiste, ce n'est pourtant pas le nationalisme qui a immédiatement l'initiative, mais le mouvement ouvrier, avec deux années d'intenses mobilisations.

Le drame historique est qu'il n'y eut pas de développement d'un contenu idéologique et culturel conséquent; pour cette raison, le « bienno rosso » - les « deux années rouges » - ont abouti directement à renforcer le fascisme en lui laissant un espace majeur.

De fait, le Parti Socialiste italien disposait en 1919 d'une base solide. Il avait 200 000 membres, ayant encore ses structures intactes en s'étant surtout mis en veilleuse pendant la Première Guerre mondiale, sur une ligne refusant tant le soutien à la guerre que son refus, synthétisé par le mot d'ordre « ni adhérer ni saboter »...

21 juin 2016

Il serait totalement erroné de penser que le volontarisme subjectiviste modernisateur se soit cantonné dans les arts et la littérature de l'Italie du début du XXe siècle ; en réalité, les arts et la littérature sont le reflet culturel-idéologique de toute lame de fond sociale et intellectuelle.

De la même manière qu'en France, le marxisme a été largement incompris en Italie. Cela a donné, comme en France, la combinaison d'un réformisme politique « socialiste » et d'une ligne « ultra » de type syndicaliste-révolutionnaire...

19 déc 2011

Antonio Gramsci : Le conseil d'usine (1920)

Submitted by Anonyme (non vérifié)

La révolution prolétarienne n'est pas l'acte arbitraire d'une organisation qui se prétend révolutionnaire ou d'un groupe d'organisations qui se prétendent révolutionnaires. La révolution prolétarienne est un très long processus historique qui se réalise quand apparaissent et se développent certaines forces productrices déterminées (que nous désignons globalement en nous servant du mot « prolétariat»), dans une ambiance historique donnée (que nous synthétisons par les formules : « mode de propriété individuelle, mode de production capitaliste, système de l'usine, mode d'organisation de la société au sein de l'État démocratique-parlementaire»).

26 fév 2011

C’est le problème des rapports entre structure et superstructure qu’il faut poser exactement et résoudre pour parvenir à une juste analyse des forces qui opèrent dans l’histoire d’une période déterminée et définir leur rapport.

31 Jan 2007

Brochure ANTIFASCISME - Antonio Gramsci

Submitted by Anonyme (non vérifié)

En tant que dirigeant du mouvement communiste en Italie exactement au moment où le fascisme de développe et finit par triompher, Antonio Gramsci a été en première ligne dans la tentative d’analyse de ce phénomène « nouveau ». Gramsci a ainsi pu voir comment le fascisme a mis en place le corporatisme, découpage de la société en strates totalement compartimentées et soumises à l’Etat fasciste. Il interprète cette forme d’organisation sociale comme correspondant à l’idéologie de la petite-bourgeoisie...

24 fév 1926

Notre Parti est né en janvier 1921, au moment le plus critique de la crise générale de la bourgeoisie italienne et de la crise du mouvement ouvrier. Si la scission était historiquement nécessaire et inévitable, les grandes masses, hésitantes, n'y étaient pas préparées. Dans cette situation, l'organisation matérielle du nouveau Parti a dû se faire dans des conditions extrêmement difficiles.

Le travail organisationnel a ainsi absorbé, à lui seul, la quasi-totalité des énergies créatrices...

4 Jan 1926

XIV. La défaite du prolétariat révolutionnaire dans cette période décisive est due aux déficiences politiques, organisationnelles, tactiques et stratégiques du parti des travailleurs. En raison de ces déficiences, le prolétariat ne parvient pas à prendre la tête de l'insurrection de la majorité de la population, et à la faire déboucher sur la création d'un État ouvrier ; bien au contraire, il subit lui-même l'influence des autres classes sociales qui paralysent son action.

La victoire du fascisme en 1926 doit donc être considérée non comme une victoire remportée sur la révolution mais comme la conséquence de la défaite subie par les forces révolutionnaires en raison de leurs faiblesses intrinsèques...

28 aoû 1924

Antonio Gramsci – Le destin de Matteoti (1924)

Submitted by Anonyme (non vérifié)

En commémorant, devant une assemblée de communistes, le Congrès de l'Internationale, un militant du nationalisme allemand fusillé dans la Ruhr par les nationalistes français, le camarade Radek a employé une formule incisive qui nous revient à l'esprit chaque fois que nous pensons au destin de Giacomo Matteotti.

« Le pèlerin du néant » : c'est ainsi que Radek a désigné le combattant malheureux, mais tenace jusqu'au sacrifice de soi, défenseur d'une idée qui ne peut conduire ses fidèles et ses militants à autre chose qu'un inutile cercle vicieux de luttes, d'agitations, de sacrifices sans résultat et sans issue. Un « pèlerin du néant », c'est ainsi que nous apparaît Giacomo Matteotti lorsque nous confrontons sa vie et sa fin à toutes les circonstances qui leur confèrent une valeur, non plus « personnelle », mais d'exemple universel et de symbole...

11 mar 1924

Antonio Gramsci : Le Vatican (1924)

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Le Vatican est sans doute la plus vaste et la plus puissante organisation privée qui ait jamais existé au monde. Il a, par certains aspects, le caractère d’un État, il est reconnu comme tel par nombre de gouvernements. Quoique le démembrement de la monarchie austro-hongroise ait considérablement diminué son influence, il n’en demeure pas moins une des forces politiques les plus efficientes de l’histoire moderne. La base d’organisation du Vatican est en Italie. C’est là que résident les organes dirigeants des organisations catholiques dont le réseau complexe s’étend sur une grande partie du globe.

L’appareil ecclésiastique du Vatican se, compose, en Italie, d’environ 200 000 personnes, ce chiffre est imposant, surtout si l’on pense qu’il comprend des milliers et des milliers de personnes, supérieures par leur intelligence, leur culture, leur habileté, consommée dans l’art de l’intrigue et dans la préparation et la conduite méthodique et silencieuse des desseins politiques. Beaucoup de ces hommes incarnent les plus vieilles traditions d’organisation de masses et de propagande que l’histoire connaisse...

3 Jan 1924

À une conférence des chefs de l'industrie italienne et des principaux dirigeants du syndicalisme fasciste tenue le 19 décembre, à Rome, sous les auspices et en présence du Président du conseil Mussolini, il a été formellement reconnu que le programme et les méthodes du fascisme, dans le domaine syndical, ont fait complètement faillite.

On se rappelle les tentatives acharnées du fascisme, avant et après son avènement au pouvoir, de créer un mouvement syndical à son service. On se rappelle également que ces tentatives, pour avoir donné des résultats relativement favorables parmi les travailleurs des campagnes, ont complètement échoué en ce qui concerne les ouvriers industriels. Il a été facile aux fascistes, vu les conditions de vie et de travail des paysans pauvres et des journaliers, dispersés dans les villages et seulement unis par de faibles liens syndicaux, de détruire les organisations socialistes des travailleurs agricoles et de contraindre, par la terreur et le boycottage économique, les masses laborieuses de la campagne d'entrer dans les corporations fascistes...

25 aoû 1921

Antonio Gramsci : Les deux fascismes (1921)

Submitted by Anonyme (non vérifié)

La crise du fascisme, dont les origines et les causes font couler tant d'encre ces jours-ci, est facilement explicable par un sérieux examen du développement du mouvement fasciste.

Les Fasci de combat, nés au lendemain de la guerre, étaient marqués de ce caractère petit-bourgeois propre aux diverses associations d'anciens combattants qui se sont créées à l'époque. Par leur caractère d'opposition radicale au mouvement socialiste, opposition en partie héritée des luttes du temps de guerre entre le Parti socialiste et les associations interventionnistes, les Fasci obtinrent l'appui des capitalistes et celui des autorités...

26 nov 1920

Un des membres de la délégation italienne qui vient de rentrer de Russie soviétique a appris aux travailleurs de Turin que sur la tribune dressée à Kronstadt pour accueillir la délégation on pouvait lire l'inscription suivante :

« Vive la grève générale turinoise de 1920 ! »

C'est une nouvelle que les ouvriers ont apprise avec beaucoup de plaisir et avec une profonde satisfaction. La plupart des membres de la délégation italienne en Russie avaient été opposés à la grève générale d'avril. Ils soutenaient dans leurs articles contre la grève que les ouvriers turinois avaient été victimes d'une illusion et qu'ils avaient surestimé l'importance de leur grève...

5 juin 1920

Antono Gramsci – Le conseil d'usine (1920)

Submitted by Anonyme (non vérifié)

La révolution prolétarienne n'est pas l'acte arbitraire d'une organisation qui s'affirme révolutionnaire ou d'un système d'organisations qui s'affirment révolutionnaires. La Révolution prolétarienne est un processus historique très long qui s'incarne dans le surgissement et le développement de forces productives déterminées (que nous résumons dans l'expression – prolétariat –) dans un contexte historique déterminé (que nous résumons dans les expressions "mode de propriété individuelle, mode de production capitaliste, système de la fabrique, mode d'organisation de la société dans l'État démocratico-parlementaire").

Dans une phase déterminée de ce processus, les forces productives nouvelles ne peuvent plus se développer et s'organiser de façon autonome dans les schémas officiels dans lesquels se déroule la vie collective : dans cette phase déterminée intervient l'acte révolutionnaire qui consiste à briser violemment ces schémas, à détruire tout l'appareil du pouvoir économique et politique, dans lequel les forces productives révolutionnaires sont opprimées, c'est-à-dire à anéantir la machine de l'État bourgeois pour constituer un type d'État dans lequel les forces productives libérées trouvent la forme adéquate à leur développement ultérieur et l'organisation nécessaire et suffisante pour la suppression de leurs adversaires...

31 mar 1920

Les éléments de la crise italienne, qui a reçu une solution violente par l'avènement, au pouvoir du parti fasciste, peuvent être brièvement résumés comme suit :

La bourgeoisie italienne a réussi à organiser son État moins par sa propre force intrinsèque que parce qu'elle a été favorisée dans sa victoire sur les classes féodales et semi-féodales par toute une série de conditions d'ordre international (la politique de Napoléon III en 1852-1860, la guerre austro-prussienne de 1866, la défaite de la France à Sedan et le développement que prit à la suite de cet événement l'empire germanique).

L'État bourgeois s'est ainsi développé plus lentement et suivant un processus qu'on ne peut point observer dans beaucoup d'autres pays...

13 sep 1919

Camarades,

La nouvelle forme prise dans votre usine par le comité d'entreprise, avec la nomination de délégués d'ateliers ainsi que les discussions qui ont précédé et accompagne cette transformation, ne sont pas passées inaperçues dans le monde ouvrier ni dans le monde patronal turinois. Dans l'un des camps, les ouvriers d'autres établissements de la ville et de la province s'appliquent à vous imiter, dans l'autre, les propriétaires et leurs agents directs, les dirigeants des grandes entreprises industrielles, observent ce mouvement avec un intérêt croissant, et ils se demandent, et ils vous demandent, quel peut être son but, quel est le programme que la classe ouvrière turinoise se propose de réaliser...

24 mai 1919

Antonio Gramsci : L'Internationale communiste (1919)

Submitted by Anonyme (non vérifié)

L'époque actuelle est l'époque de la décomposition et de la faillite de tout le système capitaliste mondial, qui signifiera la faillite de la civilisation européenne si le capitalisme n'est pas supprimé avec tous ses antagonismes irrémédiables. La tâche du prolétariat à l'heure actuelle consiste dans la conquête des pouvoirs de l'État. Cette conquête signifie : suppression de l'appareil de gouvernement de la bourgeoisie et organisation d'un appareil gouvernemental prolétarien...
 

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