Robots et épicurisme
Submitted by Anonyme (non vérifié)La révolution socialiste sonnera le départ d’une nouvelle civilisation qui dépassera le dépérissement du vieux monde capitaliste. Cette nouvelle civilisation sera celle d’une vie facile, emplie d’arts et de science, une vie épicurienne jouissant des plaisirs de la nature.
La nouvelle civilisation épicurienne a donc besoin de libérer du temps pour se cultiver, exercer ses sens et son corps ou encore philosopher. Pour cela, la nouvelle civilisation qui naîtra de la révolution socialiste s’appuiera nécessairement sur les robots.
Les robots qui existent aujourd’hui ne représentent qu’un appui à la production capitaliste ou à l'armée impérialisme et donc à l’exploitation de la classe dominante bourgeoise. Dans le cadre du capitalisme, les robots, les machines peuvent déjà s’acquitter des tâches les plus pénibles dans une chaîne de production mais, du même coup, poussent au chômage les prolétaires.
C’est là que prend tout son sens la révolution socialiste et la planification économique entre les mains de la classe ouvrière. En effet, la classe ouvrière n’a aucun intérêt à préserver les tâches pénibles et répétitives mais est forcée de vendre sa force de travail à la bourgeoisie dans le cadre du mode de production capitaliste pour survivre.
Dans l’Etat socialiste, qui naît de la révolution socialiste et s’empare des moyens de production « au nom de toute la société », il est évident que la classe ouvrière se débarrassera des tâches les plus pénibles, lesquelles seront confiées aux robots.
La classe ouvrière se libèrera ainsi du temps pour l’étude et le travail intellectuel. Ce faisant, la classe ouvrière s’abolit elle-même en tant que classe ouvrière dans une société désormais sans classes.
Le prolétariat s'empare du pouvoir d'Etat et transforme les moyens de production d'abord en propriété d'Etat. Mais par là, il se supprime lui-même en tant que prolétariat, il supprime toutes les différences de classes et oppositions de classes et également en tant qu'Etat.
La société antérieure, évoluant dans des oppositions de classes, avait besoin de l'Etat, c'est-à-dire, dans chaque cas, d'une organisation de la classe exploiteuse pour maintenir ses conditions de production extérieures, donc surtout pour maintenir par la force la classe exploitée dans les conditions d'oppression données par le mode de production existant (esclavage, servage, salariat).
L'Etat était le représentant officiel de toute la société, sa synthèse en un corps visible, mais cela, il ne l'était que dans la mesure où il était l'Etat de la classe qui, pour son temps, représentait elle-même toute la société: dans l'antiquité, Etat des citoyens propriétaires d'esclaves; au moyen âge, de la noblesse féodale; à notre époque, de la bourgeoisie.
Quand il finit par devenir effectivement le représentant de toute la société, il se rend lui-même superflu.
Dès qu'il n'y a plus de classe sociale à tenir dans l'oppression; dès que, avec la domination de classe et la lutte pour l'existence individuelle motivée par l'anarchie antérieure de la production, sont éliminés également les collisions et les excès qui en résultent, il n'y a plus rien à réprimer qui rende nécessaire un pouvoir de répression, un Etat.
Le premier acte dans lequel l'Etat apparaît réellement comme représentant de toute la société,- la prise de possession des moyens de production au nom de la société,- est en même temps son dernier acte propre en tant qu'Etat.
L'intervention d'un pouvoir d'Etat dans des rapports sociaux devient superflue dans un domaine après l'autre, et entre alors naturellement en sommeil. Le gouvernement des personnes fait place à l'administration des choses et à la direction des opérations de production. L'Etat n'est pas "aboli", il s'éteint.
Voilà qui permet de juger la phrase creuse sur l'"Etat populaire libre", tant du point de vue de sa justification temporaire comme moyen d'agitation que du point de vue de son insuffisance définitive comme idée scientifique; de juger également la revendication de ceux qu'on appelle les anarchistes, d'après laquelle l'Etat doit être aboli du jour au lendemain
Engels, l’Anti-Dühring, cité par Lénine, L’Etat et la révolution
Les robots joueront précisément un rôle prépondérant à l’époque de l’Etat socialiste où les classes sociales dépérissent. Les robots en s’acquittant des tâches les plus pénibles permettent à l’intellectuelLE de devenir ouvrier -ère et à l’ouvrier - ère de devenir intellectuelle… et donc de s’abolir eux-mêmes en tant qu’ouvrier –ère et intellectuelLE.
L’Etat socialiste sera à n’en pas douter marqué par une révolution sans précédent de la robotique : les robots, en plus d’assurer les travaux pénibles de production, se chargeront des tâches ménagères et apporteront une aide précieuse aux personnes âgées ou handicapées.
Ces types de robots domestiques existent déjà et un pantalon-robot ou même un « œil caméra » relié au cerveau, qui permettraient aux handicapés moteurs de se déplacer debout et aux aveugles de recouvrer partiellement la vue, sont en cours de développement. Toutefois, le capitalisme ralentit considérablement ces avancées par souci de rentabilité.
En outre, la fascisation progressive du capitalisme dans le contexte de crise générale favorise les critiques de la robotique. Les fascistes fustigent en effet la société moderne caractérisée selon eux par un « amollissement » des corps dû à une automatisation excessive et donc par extension aux robots.
A ce propos, le film d’animation « Wall-E » est intéressant car il colporte les contradictions typiques d’une pensée « progressiste » qui se transforme en pensée réactionnaire par refus de la révolution, c’est-à-dire d’un saut qualitatif de civilisation.
« Wall-E » est le nom d’un robot qui nettoie la Terre transformé en gigantesque dépotoir de déchets et abandonnée par une humanité réfugiée dans un immense vaisseau. Wall-E, amoureux d’un autre robot EVE, lui offre une plante, dernière trace de vie sur la planète. Or, EVE est justement un robot-sonde dont la mission est de détecter toute forme de vie à la surface de la Terre pour la rapporter aux humains. Il s’en suivra tout une suite de péripéties où les humains finiront par revenir sur la Terre.
D’un côté, le film est progressiste car il ne cède pas à une idéologie anti-robots et défend une approche écologiste. Ce sont même les deux robots qui sauvent l’humanité.
D’un autre côté, l’humanité est dépeinte comme une masse apathique et impotente. Devenus incapables de se déplacer autrement que dans leurs sièges aéroportés, les humains sont tous obèses et s’empiffrent de nourriture grasse fournie par le monopole « Buy & Large ».
On voit là une critique romantique que pourrait formuler un fasciste à l’encontre d’une société dégénérée, affaiblie et dévorée par la consommation de masse, les robots et l’automatisation des tâches. D’ailleurs, il s’agit bien d’une vision romantique et anti-scientifique car une telle société ne pourrait être à ce point amorphe et, en même temps, produire les marchandises ultra-technologiques nécessitant un haut degré d’innovation.
En vérité, les robots n’annonceront pas une société d’assistanat généralisée et de décadence, mais bien une civilisation épicurienne où les humains seront plus libres de se consacrer aux exercices physiques, à l’observation de la nature, aux arts et aux sciences.