Le dossier sur l'économiste Eugen Varga publié par Les matérialistes est une contribution à la fois significative et majeure au mouvement communiste internationale. Pour des raisons pratiques, il est divisé en deux parties, correspondant précisément à cette valeur significative d'un côté, majeure de l'autre.

Pour la première fois, en effet, va être documentée de manière relativement approfondie l'émergence du courant révisionniste en URSS, après 1945 et jusqu'à la victoire de la clique de Nikita Khrouchtchev en 1953.

Il est bien connu que ce sont les communistes de Chine qui ont les premiers compris ce processus, mais leur démarche de rupture ne devient réelle qu'à partir de 1960. Il a fallu du temps pour saisir ce qui s'était passé et malheureusement, ils ne connaissaient pas la terrible lutte de deux lignes, ouverte et publique, qui s'était déroulé en URSS de 1945 à 1953. L'aurait-il connu qu'ils auraient gagné dix ans, leur critique en étant facilitée.

Cette lutte est ici donc exposée pour la première fois et consiste en la seconde partie du dossier sur Eugen Varga. Il s'agit là d'une contribution majeure, car elle présente enfin la forme concrète de l'émergence idéologique du révisionnisme, sa dynamique, les stades de sa formation. C'est là un outil précieux et un exposé qui manquait lourdement.

Une critique courante au maoïsme consistait notamment à lui reprocher la théorie de « l'interrupteur » : Staline mort, le révisionnisme apparaîtrait d'un coup. Cette critique était prétexte à la justification du caractère « socialiste » de l'URSS des années 1960-1992, qui était en réalité sociale-impérialiste. Désormais, cette critique ne pourra plus être formulée, la seconde partie du dossier sur Eugen Varga exposant l'affirmation du révisionnisme à partir de 1945 et la lutte de deux lignes qui en a découlé.

La première partie du dossier sur Eugen Varga forme quant à elle une contribution significative. Eugen Varga a en effet servi d'économiste à l'Internationale Communiste, notamment au moyen de brochures sur la crise générale du capitalisme. Il est à ce titre l'une des figures historiques les plus connues.

Seuls les historiens bourgeois spécialisés le connaissent cependant, le mouvement communiste international n'abordant sa personne que de manière rarissime, sans savoir d'ailleurs interpréter réellement ses écrits. Le dossier vient ici combler un manque.

Notons, pour finir, que ces deux dossiers n'en formant qu'un n'auraient pu être synthétisés sans une participation correcte, adéquate, juste, à la lutte des classes.

On sait comment le point de vue bourgeois oppose le travail manuel et le travail intellectuel et nombreux sont les personnes influencées par cette conception erroéne qui,, tout en reconnaissant la très haute qualité des dossiers que nous publions, en déduisent qu'il n'y a par conséquent aucune activité politique de menée.

Pour démolir cette thèse, rappelons simplement le principe du reflet : toute activité est le reflet d'une certaine participation à la lutte de classe, à la production, à l'expérimentation scientifique. Aucun dossier de haut niveau ne pourrait être réalisé sans une participation de qualité. Aucune synthèse ne saurait être produite à partir de rien.

Enfin, il est important également de souligner que les dossiers que nous publions témoignent de notre refus du populisme, de la simplification outrancière, de la démagogie. À une époque où, avec les gilets jaunes, on voit les restes d'une extrême-gauche désabusée, sans formation ni théorique ni intellectuelle, courir derrière n'importe qui et n'importe quoi, il est essentiel de rappeler que « sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire ».

En ce sens, les dossiers publiés sur Les matérialistes écrasent l'opportunisme, empêchent les déformations d'ultra-gauche, arborent de manière juste le drapeau du matérialisme dialectique.