Le mondial de l'auto 2008 a tenté de se mettre en avant comme « écologique », une prétention que tout un chacun devinera aisément comme velléitaire.

Mais la pression des masses se fait sentir: l'écologie est incontournable.

Alors on a droit à l'écologie, encore que, d'une drôle de manière. On a ainsi une Peugeot 908 qui courra les 24 heures du Mans avec un moteur « hybride. »

Mais les 24 heures du Mans ne sont-elles pas par définition inutiles, polluantes et patriarcales?

On aura aussi une Porsche 911 qui consommera... moins de 10 litres au 100 kilomètres.

Là encore, on est loin de la vie quotidienne des masses.

Seulement voilà la vie quotidienne des masses, le capitalisme ne s'y intéresse pas et le mondial de l'automobile n'éprouve de l'intérêt qu'aux superlatifs du type « supersportives », « supercars »...

Le tout formant une belle hypocrisie propre à une société capitaliste donnant à la fois des PVs pour excès de vitesse tout en vendant des détecteurs de radars.

Sans parler des voitures qu'il suffirait de brider à 130 kilomètres / heure si l'on tenait tant que cela à ce que les limitations de vitesse soient réellement respectées.

Alors bien sûr, il y a la fameuse déclaration de Sarkozy faite à l'occasion du Salon de l'automobile, déclaration qui vise à « aider » l'industrie automobile à s'adapter.

Mais s'adapter à quoi? A l'écologie? Absolument pas.

Sarkozy a été très clair à ce sujet: « Moi, je ne veux pas que nous vivions dans un cadre où nous n'aurions pas le droit d'aider de la même manière nos constructeurs à s'engager sur la voie d'une mutation technologique majeure, décisive pour la protection de l'environnement et capitale pour la sécurité énergétique de notre pays ».

Cela signifie que si l'Europe fait comme les Etats-Unis, c'est-à-dire accorder 25 milliards de dollars de prêts à taux bonifiés à l'industrie automobile, ce n'est pas pour des motifs écologiques. Cela est simplement lié à la question des réserves d'énergie, qui nécessite une mutation du capitalisme. Et la forme d'énergie mise en avant par les capitalistes n'est pas écologique.

Les piles à combustible qui forment la prétendue solution miracle nécessitent en effet l'hydrogène, qui n'existe pas à l'état naturel sous une forme directement accessible.

Il faut donc retirer l'hydrogène soit... des hydrocarbures (pétrole, gaz, charbon), soit le produire par électrolyse de l'eau, ce qui nécessite alors de produire de l'électricité. Ce qui va s'accompagner chez les capitalistes d'un élargissement généralisé du nucléaire !

Déjà il est prévu que la puissance nucléaire installée, de 372 gigawatts en 2007, passe à entre 509 et 663 GW en 2030! Comme on le voit, on tombe de Charybde et Scylla.

Les capitalistes le savent bien et expliquent même qu'il n'y aura du nucléaire... que pour un siècle et demi, au grand mieux.

Au grand mieux car dans cette gigantesque mutation technologique du capitalisme, il faut voir les proportions.

Il y a aujourd'hui dans le monde 600 millions de véhicules, chiffre passant à environ 2,5 milliards de véhicules en 2060 vues les tendances actuelles. Cela signifie davantage de routes, d'infrastructures, de massacre de la planète, et bien peu de chances de toutes manières que toutes ces voitures soient non polluantes.

La pile à combustible va-t-elle donc sauver le monde? La vérité est que si les capitalistes réussissent leur plan, ils ne gagneront donc qu'un siècle et demi, le temps d'épuiser les ressources en uranium.

Le monde sera alors totalement nucléarisé, les métaux rares de la planète auront été pillés pour satisfaire les monopoles.

Car en attendant d'hypothétiques enzymes capables de les remplacer, ce sont les métaux rares qui sont utilisés, comme par exemple le platine, valant aujourd'hui plus cher que l'or et servant de catalyseur aux piles à combustibles, et inactivé par la présence d'oxyde de carbone (que l'on trouve fréquemment à l'état d'impuretés dans l'hydrogène produit industriellement, d'où le grand problème technique des capitalistes).

Pour les ordinateurs portables ainsi que les téléphones portables, c'est le lithium qui est concerné – pour un ordinateur, il faut 31 métaux différents! Et dans tous les cas, ce sont les pays d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine qui forment un gigantesque butin.

Le Pérou, le Chili, le Mexique et la Chine fournissent plus de 50% de la production mondiale d'argent; le Chili, l’Indonésie et le Pérou fournissent la moitié de la production mondiale de cuivre; le Botswana, l’Angola, la République Démocratique du Congo et l’Afrique du Sud fournissent plus de la moitié de la production mondiale de diamant; l’Indonésie, la Chine, le Pérou, la Bolivie et le Brésil fournissent 95% de la production mondiale d’étain.

Ceci explique par exemple l'affrontement impérialiste pour le Tibet. La chine capitaliste a envoyé 1 000 géologues pour un programme d’exploration au Tibet de sept années, elle est présente de manière néo-coloniale dans de nombreux pays, pour satisfaire ses besoins en métaux préciaux: Jiangxi Copper en Afghanistan, Chinalco au Pérou, Minmetals associé à China Development Bank au Chili...

Le capitalisme est une course folle. Aujourd'hui où 550 millions de piles jetables sont vendues chaque année en France, toutes contenant des métaux lourds (mercure, nickel, cadmium, etc.) d'une grande toxicité.

Sans compter le fait que produire une pile consomme 50 fois plus d’énergie qu’elle n’en fournira par la suite!

Telle est la logique délirante du capitalisme.

Et dans ce cadre terrifiant, il y en a bien entendu de tristes illusions et venir quémander aux monopoles quelque chose qu'ils n'obtiendront jamais.

Lors du Salon de l'automobile, des membres de Greenpeace se sont par exemple menottés à certaines berlines allemandes, accusées d'être trop polluantes.

On voit bien la logique de Greenpeace: plutôt que de critiquer l'automobile elle-même au sein du capitalisme, on critique certaines voitures, et qui plus est « allemandes. »

La dimension réelle du combat leur échappe.

Les salariés de l'usine Ford de Blanquefort en Gironde ont eu une démarche pareillement totalement partielle: coller des autocollants « sauvons nos emplois » sur le stand de Ford changera-t-il réellement les choses? Il va de soi que non.

Là aussi, c'est une question de dimension.

Et pour comprendre cette dimension, il faut le socialisme scientifique, il faut le Parti. Ou bien accepter de manière angoissée la destruction généralisée de la planète.