De l'insurrection à l'anti-répression?
Submitted by Anonyme (non vérifié)L'appel à une Réunion Publique le 6 décembre en banlieue parisienne afin de soutenir les personnes arrêtées le 11 novembre n'est pas signé.
Mais il est évident qu'il représente le point de vue dominant en ce moment dans ce que les médias appellent la mouvance «anarcho-autonome».
Et d'ailleurs le contenu de l'appel est extrêmement dense; il y a derrière l'appel à la solidarité tout une économie politique.
Quelle est-elle?
a)Nous vivrions selon le texte dans le cadre de la formation d'un «nouveau régime de gouvernement mondial», s'appuyant sur le prétexte de l'anti-terrorisme.
Le texte dit: «Ici, comme en Italie, en Allemagne, aux Etats-Unis, il est clair que l'anti-terrorisme n'est pas une série de lois d'exception que chaque pays s'accorde mais bien la base d'un nouveau régime de gouvernement mondial.»
Cette thèse n'a évidemment aucun sens. Il va de soi que ce qui se passe est simple: la dictature de la bourgeoisie jette son masque démocratique et applique la même tactique que celle des années 70-80 contre les révolutionnaires : la contre-révolution préventive !
Cette tactique de la bourgeoisie est en fait assez simple : surveiller et étudier les mouvements révolutionnaires et frapper là où ça fait mal pour les bloquer avant qu'ils prennent de l'ampleur.
Cette tactique développée dans les années 70, avec le succès qu'on sait, n'a jamais été abandonné par la bourgeoisie.
Il n'y a pas du tout un changement qualitatif; simplement un masque qui tombe alors que la crise capitaliste s'accélère.
Imaginer un «régime de gouvernement mondial» relève du fantasme pur et simple, niant au passage toutes les contradictions inter-impérialistes et la marche à la guerre impérialiste!
b)La forme la plus radicale de la lutte contre l'Etat consisterait en le sabotage.
Le document est explicite à ce sujet. Fini les anciens discours sur la guerre sociale, fini les appels à « détruire la démocratie », fini les appels à l'insurrection ou les « instructions pour une prise d'arme » : place au... sabotage !
Le texte ne revendique en rien son antagonisme complet avec l'Etat, il y a simplement une accusation contre l'Etat: celle de «fabriquer un sujet terroriste».
Il y a une critique des arrestations brutales, des interrogatoires pendant plusieurs jours, de l'absence d'avocat, etc.
On croirait lire un copié-collé du communiqué de la LCR de Besancenot («solidarité avec les victimes de ces agissements inhumains. Les libertés publiques sont menacées. Il y a urgence à se rassembler pour les défendre») ou de la LDH !
Il y a ici clairement une mystification. Mystification générale apparemment tant toutes les organisations de gauche et d'extrême-gauche (et même le MODEM) font presque toute le même communiqué alarmé sur la « menace » pesant sur les libertés publiques !
La vérité est qu'il s'agit ici d'une ligne petite-bourgeoise, où l'on «découvre» que l'Etat est une organe de répression!
La vérité est que cette mystification n'est que l'expression du flip qui prend la petite-bourgeoisie alors qu'elle voit que son confort disparaît et que l'Etat commence à la traiter comme il traite... les prolétaires !
La vérité est que le 11 novembre et ses arrestations ne sont en rien un «test» de l'Etat pour opprimer à tort et à travers, mais bien une simple péripétie dans l'histoire des luttes des classes en France!
L'histoire de l'Etat français ne commence pas le 11 novembre 2008, ni même avec l'élection de Nicolas Sarkozy. Et le texte est une pure négation de l'histoire des luttes depuis au moins le début du vingtième siècle!
Les auteurs du texte s'imaginent-ils que l'Etat respectait sa propre prétendue justice lorsqu'il réprimait le Parti Communiste des années 1920-1950, les maos des années 1960-1970 ou encore les autonomes des années 1980?
Les révolutionnaires peuvent-ils vraiment «s'étonner» et se plaindre des pratiques de l'Etat bourgeois? Alors que notre but est de... détruire cet Etat?
Il est symptomatique que le texte ne parle jamais de politique et se focalise sur l'anti-répressif avec un fond très « libéral-démocrate ».
La révolution a tout simplement... disparu comme horizon!
Il n'y pas une seule fois le mot anarchie, lutte de classes, communisme, révolution; même pas un petit soulèvement, insurrection, affrontement, révolte...
Rien! Juste a-t-on le mot sabotage, et encore nous dit-on que c'est «un acte encore banal, dans toute grève bien menée.»
On pourrait expliquer cela par la nécessité de la défense, de faire un mouvement large, par les « conditions », etc...
Mais la densité même du contenu politique du texte, le fait qu'il reprend exactement le même refrain que celui de tous les réformistes, invalident tous ces arguments.
Non il y a bien là la proposition d'une ligne stratégique et politique. Et nous, communistes, nous disons: cela ne va pas !
Il en va de la lutte des classes comme contenu, il n'en va pas d'une mise en valeur d'une forme particulière de lutte comme le sabotage, et il en va de la guerre du peuple, pas d'un jeu contre l'Etat!
Le texte fait dans la demi-mesure, il n'ose pas revendiquer l'évidence : les révolutionnaires veulent la destruction de l'Etat bourgeois!
Il met de côté la lutte des classes. Il s'agit, là, d'une erreur centrale et qui aura des conséquences sur le futur !