Honduras et Uruguay: la concurrence inter-impérialiste pour des pays voués à l’agriculture (et le discours « anti-impérialiste » en France)
Submitted by Anonyme (non vérifié)L’Amérique latine est aujourd’hui au centre de la concurrence inter-impérialiste. La plupart des pays qui composent ce continent ont connu d’importants bouleversements ces 20-30 dernières années, passant de pays semi-féodaux à pays semi-capitalistes.
Mais leur statut reste semi-colonial. Et les explications des camarades de Chine populaire tout au long des années 1950-1970 sont très claires : en absolument aucun cas, à notre époque, le gouvernement d’un pays semi-colonial ne peut représenter autre chose que la bourgeoisie bureaucratique et son maître impérialiste. Toute autre affirmation relève à considérer qu’il existe des « Etats nationaux », et c’est une thèse révisionniste.
Quelle est la forme de ce gouvernement? Il ne peut être que de deux types: ou bien militaro-répressif, ou bien populiste.
Dans le premier cas, il représente le plus souvent la soumission aux USA et dans le second cas, le plus souvent la soumission aux pays concurrents des USA (France, Allemagne, Russie…).
Ceci se lit très bien avec les deux « élections » qui viennent d’avoir lieu. En Uruguay, José Mujica, emprisonné 14 ans avant et pendant la dictature (1973-85), a remporté le 2e tour de la présidentielle.
Mujica a participé aux Tupamaros, une guérilla antifasciste (dont Contre-Informations est bien entendu seul d’ailleurs à fournir les analyses – voir ici Tactique de la guérilla urbaine, rien que le titre brûle les doigts des réformistes).
Mais cette guérilla était passée sous la coupe du social-impérialisme russe, par l’intermédiaire du « guévarisme » et à la fin de la dictature ouverte, les Tupamaros sont devenus un parti légal, participant aux institutions et à un regroupement populiste: le « Frente Amplio. »
Qui est Mujica? Il est proche du président brésilien Lula da Silva, il a été ministre de l’agriculture du gouvernement « de gauche » de 2005 à 2008. C’est surtout cela qu’il faut voir.
Les exportations de l’Uruguay sont en effet en majorité liées à l’agriculture; l’élevage du bétail (bovin et ovin) est la principale activité agricole de l’Uruguay, et le Brésil est très présent: une grande partie du secteur de la production bovine est détenue par les entreprises brésiliennes Bertin Group et Marfrig S.A., qui comptent parmi les dix plus grandes entreprises de traitement et d’exportation de la viande au monde.
De la même manière, 99% des machines agricoles sont importées, et elles le sont en grande majorité… du Brésil.
Il n’est pas difficile donc de voir que l’Uruguay fait partie du bloc composé du Brésil, mais aussi de la Bolivie, du Venezuela, de Cuba… c’est-à-dire des pays d’Amérique latine qui ne sont pas directement inféodés à l’impérialisme US.
Un autre pays a récemment manqué de peu de s’ajouter à cette liste: le Honduras. Dans ce pays, les élections présidentielles ont été marquées par le soulèvement des forces pro USA, en juin 2009.
Ce soulèvement visait le camp du président Zelaya, qui était pour que le Honduras rejoigne le bloc du Brésil, de la Bolivie, du Venezuela, de Cuba… Zelaya est d’ailleurs réfugié depuis deux mois dans la capitale du Honduras (Tegucigalpa) à l’ambassade… brésilienne.
De nouvelles « élections » présidentielles viennent justement de se tenir ce dimanche sous haute surveillance, et ont évidemment amené la victoire du candidat pro USA.
La France, puissance concurrente des USA, n’est logiquement pas satisfaite de la situation, et ce lundi le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères explique: « Comme nos partenaires de l’Union européenne, nous demandons le rétablissement des libertés fondamentales et de l’Etat de droit. Nous appelons à l’ouverture rapide d’un processus de réconciliation nationale. »
Nos « anti-impérialistes » français n’en pensent bien sûr pas moins. Beaucoup d’entre eux ont mis en avant la question du Honduras, qui correspond parfaitement à leur vision du monde de type fasciste.
Une vision du monde idéaliste, social-impérialiste. Rappelons-le: la seule critique pouvant exister des USA, de l’impérialisme (et donc de la France aussi) est celle possédant un caractère scientifique, est celle de la classe ouvrière!
L’anti-américanisme est un racisme, et il faut remarquer qu’il ne peut pas y avoir d’anti-américanisme sans antisémitisme, les deux formant un « anti-capitalisme » faux et illusoire, similaire au national-socialisme allemand!
Zelaya, bloqué dans l’ambassade brésilienne, avait déjà expliqué dans un grand élan fantasmatique que des mercenaires israéliens participaient à l’encerclement de l’ambassade et… utilisaient des gaz toxiques et des hautes fréquences radio afin de le torturer.
Chavez a fait les mêmes affirmations, accusant en plus l’État sioniste d’être le seul à reconnaître le coup d’État au Honduras; la rhétorique « anti-sioniste » sert ici de ciment nationaliste.
Et David Romero Ellner, le responsable de Radio Globo, a tenu en septembre des propos assez éclairants de la vision du monde de ce type de bourgeoisie bureaucratique. Radio Globo n’est en effet pas n’importe quelle radio au Honduras: elle a été appuyée par Chavez afin de soutenir Zelaya. Les propos suivants, tenus par son responsable, ne relèvent pas du hasard:
« Je me suis demandé s’il y avait un Hondurien, en uniforme militaire ou pas, capable de faire ce qu’ils font là, essayer d’empoisonner le Président de la République (…). Quand un Hondurien trouve quelqu’un pour l’aider à faire le mal, je crois qu’il peut faire le mal.
Il y a des fois où je me demande si Hitler avait raison ou non d’en finir avec cette race, avec le fameux Holocauste. S’il y a des gens qui causent des torts à ce pays, ce sont les Juifs, les Israéliens. Je veux nommer, ce soir à Radio Globo, avec les noms et les prénoms, les deux officiers de l’armée juive qui travaillent avec les Forces Armées de notre pays et qui sont en charge de mener toutes ces activités conspiratrices et actions secrètes et tout le reste arrivant au Président de la République.
Après ce que j’ai appris, je me demande pourquoi, pourquoi n’avons-nous pas laissé Hitler mené sa mission historique. Pardonnez mon expression grotesque. Mais je me demande ça après avoir réalisé cela et de nombreuses autres choses. Je crois qu’il aurait été juste et valable de laisser Hitler finir sa vision historique… »
Voilà en quoi consiste « l’anti-impérialisme »! Et quand on sait que tout récemment encore, Dieudonné était en Iran et qu’on le voit poser en photo avec Ahmadinejad, on sait ce que tout cela représente.
La question n’est pas tant de savoir si les partisans de Zelaya sont antisémites ouvertement, d’ailleurs Zelaya avait fait fin septembre un appel pour refuser l’antisémitisme au Honduras.
Ce qu’il faut comprendre, c’est que l’antisémitisme ne peut que réapparaître de manière périodique au sein de telles tendances historiques, tendances nullement prolétariennes et communistes.
Et on voit ici la responsabilité de nos « anti-impérialistes » français qui ont parlé du Honduras comme d’une situation « révolutionnaire. »
Eux-mêmes sont prisonniers de l’idéologie bourgeoise; ils s’imaginent « révolutionnaires » mais ne sont que des sociaux-impérialistes pétris d’anti-américanisme et d’antisémitisme.
Il faut rejeter ces « anti-impérialistes » et tous ceux qui mettent en avant les drapeaux « nationaux » en s’imaginant « révolutionnaires »!
Continuons à bâtir le Parti Communiste fondée sur la science mlm: le PCMLM!