Jean Racine - Bérénice - Acte III (1670)
Submitted by Anonyme (non vérifié)Scène 1
Titus, Antiochus, Arsace
Titus Quoi, Prince, vous partiez? Quelle raison subite
Presse votre départ, ou plutôt votre fuite?...
Titus, Antiochus, Arsace
Titus Quoi, Prince, vous partiez? Quelle raison subite
Presse votre départ, ou plutôt votre fuite?...
Bérénice, seule.
Phénice ne vient point? Moments trop rigoureux,
Que vous paraissez lents à mes rapides vœux!
Je m'agite, je cours, languissante, abattue...
Arsace, seul.
Où pourrai-je trouver ce prince trop fidèle?
Ciel, conduisez mes pas, et secondez mon zèle;
Faites qu'en ce moment je lui puisse annoncer...
Jean MAIRET
LA SOPHONISBE
ACTE I
SCÈNE 1
SYPHAX, SOPHONISBE
Puisque le jugement que j’ai fait de cet ouvrage est une des principales causes qui a porté Monsieur de Schélandre à le publier, il me semble que je suis responsable de toutes les objections qu’on lui peut faire en cette occasion, et qu’il sera pleinement excusé de tout le blâme qu’il pourrait encourir de cette action, s’il en rejette la faute sur moi.
Je lui ai dit tant de fois que Tyr et Sidon était une bonne pièce, qu’à la fin il s’est laissé persuader qu’elle n’était pas mauvaise, et qu’il pouvait la donner au public à mes périls et fortunes. C’est une chose étrange, que l’homme dont je parle, qui à l’âge de vingt-cinq ans a composé trois livres d’une Stuartide admirée de ce docte roi de la Grande-Bretagne, qui a fait asseoir auprès de lui les Muses dans son propre trône, ait maintenant de la peine à se résoudre de nous faire voir une tragi-comédie qu’il a travaillée avec tant d’art et tant de soin...
Qu’on ne s’étonne point que j’aie remis en ce lieu les raisons que j’ai à donner sur cet ouvrage, pour en justifier ensemble et les moindres parties et tout le dessein.
J’ai laissé lire expressément la première Journée, afin qu’on pût en reconnaître les défauts, avant que je les disse ; et comme il est de la nature et de l’ordre des choses de pécher avant que de s’en confesser, je prétends aussi que ma confession me serve d’excuse, et que la raison qui ne peut faillir tienne partie en mon erreur. Je parle hardiment, et de la même sorte que j’ai bien osé commettre un crime contre les maximes de l’ancienne poésie, qui se plaindra que je viole avec effronterie de certaines lois pour le théâtre, que les plus doux esprits ont révérées, et que les plus forts ont reçue...
Puis que la terre (ô Roy, des Rois la crainte),
Qui ne refuse estre à tes loix estrainte,
De la grandeur de ton sainct nom s’estonne,
Qu’elle a gravé dans sa double colonne ;
Puis que la mer, qui te fait son Neptune, (5)
Bruit en ses flots ton heureuse fortune,
Et que le ciel riant à ta victoire
Se voit mirer au parfait de ta gloire,
Pourroyent vers toi les Muses telles estre,
De n’adorer et leur pere et leur maistre ? (10)
La social-démocratie, c'est l'union du mouvement ouvrier et du socialisme. Karl Kautsky.
Ils sont vraiment par trop importuns, nos "menchéviks" ! Je parle des "menchéviks" de Tiflis. Ayant eu vent des divergences dans le parti, les voilà qui vont répétant : qu'on le veuille ou non, partout et toujours nous parlerons de ces divergences ; qu'on le veuille ou non, nous nous en prendrons en toutes circonstances aux "bolchéviks" ! Et ils s'en prennent à nous comme des possédés. A tous les carrefours, entre eux ou devant des étrangers, bref, n'importe où, ils clament la même chose : méfiez-vous de la "majorité", ces gens ne sont pas des nôtres, ils ne sont pas sûrs ! Non contents de leur champ d'action "habituel", ils ont porté "l'affaire" dans les publications légales et par là, ils ont porté "l'affaire" une fois de plus, montré au monde leur... importunité...
Publié dans Le Socialiste, 3 mai 1905.
Depuis qu’elle existe, la fête de Mai n’a pas encore été célébrée une année dans une situation aussi orageuse, aussi révolutionnaire. La Révolution a éclaté en Russie, s’est emparée des masses et est en marche de façon à ne pouvoir être arrêtée...
Publié dans Le Socialiste, 2 mai 1904.
Plus d’une fête est célébrée par le prolétariat ; mais dans la célébration de toutes, il se rencontre avec d’autres classes, même lorsqu’il s’agit des grandes dates de la Révolution. Même dans l’insurrection de la Commune de Paris, il n’y a pas été le seul participant, d’importantes fractions de la petite bourgeoisie combattaient avec lui, et si dans la commémoration du 18 mars il prend une part de plus en plus prépondérante, elle n’est pourtant pas exclusive...
Jamais il ne fut peut-être un esprit plus sage, plus méthodique, un logicien plus exact que M. Locke ; cependant il n’était pas grand mathématicien. Il n’avait jamais pu se soumettre à la fatigue des calculs ni à la sécheresse des vérités mathématiques, qui ne présente d’abord rien de sensible à l’esprit ; et personne n’a mieux prouvé que lui qu’on pouvait avoir l’esprit géomètre sans le secours de la géométrie. Avant lui, de grands philosophes avaient décidé positivement ce que c’est que l’âme de l’homme ; mais, puisqu’ils n’en savaient rien du tout, il est bien juste qu’ils aient tous été d’avis différents.
Dans la Grèce, berceau des arts et des erreurs, et où l’on poussa si loin la grandeur et la sottise de l’esprit humain, on raisonnait comme chez nous sur l’âme...
Le drame qu’on va lire n’a rien qui le recommande à l’attention ou à la bienveillance du public. Il n’a point, pour attirer sur lui l’intérêt des opinions politiques, l’avantage du veto de la censure administrative, ni même, pour lui concilier tout d’abord la sympathie littéraire des hommes de goût, l’honneur d’avoir été officiellement rejeté par un comité de lecture infaillible.
Il s’offre donc aux regards, seul, pauvre et nu, comme l’infirme de l’Evangile, solus, pauper, nudus...
L’unité de temps n’est pas plus solide que l’unité de lieu. L’action, encadrée de force dans les vingt-quatre heures, est aussi ridicule qu’encadrée dans le vestibule. Toute action a sa durée propre comme son lieu particulier. Verser la même dose de temps à tous les événements ! appliquer la même mesure sur tout ! On rirait d’un cordonnier qui voudrait mettre le même soulier à tous les pieds.
Croiser l’unité de temps à l’unité de lieu comme les barreaux d’une cage, et y faire pédantesquement entrer, de par Aristote, tous ces faits, tous ces peuples, toutes ces figures que la providence déroule à si grandes masses dans la réalité ! c’est mutiler hommes et choses, c’est faire grimacer l’histoire. Disons mieux : tout cela mourra dans l’opération ; et c’est ainsi que les mutilateurs dogmatiques arrivent a leur résultat ordinaire : ce qui était vivant dans la chronique est mort dans la tragédie. Voilà pourquoi, bien souvent, la cage des unités ne renferme qu’un squelette...
«… Dans ce moment de mêlée et de tourmente littéraire, qui faut-il plaindre, ceux qui meurent ou ceux qui combattent ? Sans doute, il est triste de voir un poète de vingt ans qui s’en va, une lyre qui se brise, un avenir qui s’évanouit ; mais n’est-ce pas quelque chose aussi que le repos ?
N’est-il pas permis à ceux autour desquels s’amassent incessamment calomnies, injures, haines, jalousies, sourdes menées, basses trahisons ; hommes loyaux auxquels on fait une guerre déloyale ; hommes dévoués qui ne voudraient enfin que doter le pays d’une liberté de plus, celle de l’art, celle de l’intelligence ; hommes laborieux qui poursuivent paisiblement leur œuvre de conscience, en proie d’un côté à de viles machinations de censure et de police, en butte de l’autre, trop souvent, à l’ingratitude des esprits mêmes pour lesquels ils travaillent ; ne leur est-il pas permis de retourner quelquefois la tête avec envie vers ceux qui sont tombés derrière eux, et qui dorment dans le tombeau ? Invideo, disait Luther dans le cimetière de Worms, invideo, quia quiescunt...
August Bebel : Discours au congrès socialiste international d'Amsterdam (1904)
Le discours qu'a prononcé aujourd'hui notre camarade Jaurès est de nature à éveiller la fausse impression que nous ayons, nous, les démocrates‑socialistes d'Allemagne, soulevé ce débat.
Ni avant ni après Dresde nous n'y avons songé une minute, c'est une partie de nos camarades français qui ont pensé que, notre résolution de Dresde se prêtait excellemment pour devenir fondamentale pour la tactique de la démocratie socialiste dans tous les pays à régime parlementaire...
Paru dans le Supplément littéraire du journal Le Figaro du samedi 18 septembre 1886, qui présente le document de la manière suivante :
Depuis deux ans, la presse parisienne s'est beaucoup occupée d'une école de poètes et de prosateurs dits "décadents". Le conteur du Thé chez Miranda (en collaboration avec M. Paul Adam, l'auteur de Soi), le poète des Syrtes et des Cantilènes, M. Jean Moréas, un des plus en vue parmi ces révolutionnaires des lettres, a formulé, sur notre demande, pour les lecteurs du Supplément, les principes fondamentaux de la nouvelle manifestation d'art.
Où est-il passé ce premier chant de Maldoror, depuis que sa bouche, pleine des feuilles de la belladone, le laissa échapper, à travers les royaumes de la colère, dans un moment de réflexion ? Où est passé ce chant… On ne le sait pas au juste. Ce ne sont pas les arbres, ni les vents qui l’ont gardé. Et la morale, qui passait en cet endroit, ne présageant pas qu’elle avait, dans ces pages incandescentes, un défenseur énergique, l’a vu se diriger, d’un pas ferme et droit, vers les recoins obscurs et les fibres secrètes des consciences. Ce qui est du moins acquis à la science, c’est que, depuis ce temps, l’homme, à la figure de crapaud, ne se reconnaît plus lui-même, et tombe souvent dans des accès de fureur qui le font ressembler à une bête des bois...
La Statue de Rimbaud, article de Charles Maurras, paru dans La Gazette de France le 21 juillet 1901, repris en 1923 dans le recueil Barbarie et Poésie.
Ce personnage fantastique aura donc sa statue ! Elle sera inaugurée demain, en grande pompes à Charleville, où Rimbaud était né, où sa famille réside encore 1. Connaissiez-vous son nom ? Oui, par le sonnet des Voyelles peut-être :
A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu, Voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes…
Citoyennes, citoyens, camarades, Laissez-moi, tout d’abord, remercier Jaurès d’avoir aussi bien posé la question, la seule question pour la solution de laquelle vous êtes réunis ce soir.
Jaurès a dit la vérité au point de vue historique de nos divergences lorsque, allant au-delà de la participation d’un socialiste à un gouvernement bourgeois, il est remonté jusqu’à ce qu’on a appelé l’affaire Dreyfus. Oui, là est le principe, le commencement, la racine d’une divergence qui n’a fait depuis que s’aggraver et s’étendre...
C’est Elm qui a essayé en dernier lieu d’exposer la politique de neutralité des syndicats en dehors de tout parti.
Cette politique doit être : « une politique pratique d’actualité » , « une pure politique d’intérêts, non une politique de parti ».
Voilà qui est net, surtout quand c’est imprimé en gros caractères, mais si l’on y regarde de plus près, on reconnaît que cela prête à tout autant d’ interprétations que la « politique ouvrière »...