Le Journal du Dimanche du 1er janvier 2012 a révélé deux informations qui, pour autant qu'elles soient vraies en soi, disent beaucoup de choses.

 

La première n'est guère étonnante : « Marine Le Pen s’est affirmée comme la candidate des ouvriers, avec un écrasant 35% d’intentions de vote. »

 

Quiconque connaît la situation de la classe ouvrière sait à quel point c'est certainement vrai.

 

La classe ouvrière est prise à la gorge mais pétrie de mentalités petites-bourgeoises ; à cela s'ajoute que sur le plan de la culture et de la civilisation – valeurs ouvrières essentielles – Marine Le Pen est la seule à proposer des solutions « globales. »

 

Cela laisse présager la catastrophe culturelle et idéologique que vont être les prochaines élections présidentielles, une catastrophe qui mettra à jour une sinistre réalité, parfaitement comprise par le PCMLM.

 

La seconde information mérite quant à elle une réflexion approfondie.

 

Elle va d'ailleurs avec la première information.

 

Cette second information est en effet le fameux « Top 50 » des personnalités préférées des « Français. »

 

Le caractère absurde et populiste d'un tel « Top 50 » n'a rien de nouveau, mais voici les premières « personnalités » préférées :

 

1.Yannick Noah

2.Zinedine Zidane

3.Omar Sy

4.Simone Veil

5.Gad Elmaleh

6.Jean Dujardin

7.Jamel Debbouze

8.Dany Boon

9.Florence Foresti

10.Michel Sardou

 

Sur le plan culturel, toutes ces personnalités sont indéniablement françaises ; elles appartiennent bien à la nation française en tant qu'entité sociale, économique, politique.

 

Il y a cependant un aspect qui saute aux yeux : le caractère hégémonique écrasant des personnes liées à une immigration relativement récente.

 

Seuls Michel Sardou et Jean Dujardin font partie d'une famille non pas « française de souche » car cela ne veut rien puisque le métissage est un processus historique obligé, mais non liée au moins en partie à l'immigration à une génération.

 

Yannick Noah a ainsi un père camerounais, Dany Boon un père kabyle. Zinedine Zidane a des parents kabyles, Omar Sy a quant à lui des parents du Sénégal.

 

Simone Veil est issue d'une famille juive ashkénaze depuis longtemps en France, Gad Elmaleh est un Juif du Maroc arrivé en France à 20 an. Jamel Debbouze a des parents marocains.

 

Enfin, Florence Foresti est d'origine italienne.

 

Il y a lieu de se poser la question : pourquoi ces gens sont-ils préférés ? Pour ce qu'on considère être leur talent, leur style, l'humour surtout.

 

Leur dimension « divertissante » saute aux yeux, sauf pour Simone Veil, considérée ici du point de vue moral.

 

Or, si l'on compare cela aux « hommes politiques » en France, on voit bien que la différence est flagrante. On peut penser pareillement pour les scientifiques, l'appareil d’État, etc.

 

Au sein de la bourgeoisie, les lois du Capital permettent à des gens d'origine immigrée de dépasser les barrières, sauf dans certaines couches sociales fermées sur elle-même dans la bourgeoisie et la haute bourgeoisie.

 

Mais dès qu'il y a un « esprit de corps » - que ce soit à l'école militaire de Saint-Cyr ou dans la bourgeoisie traditionnelle d'une ville – il n'y a pas de mélanges, ou très peu.

 

Pourtant, les mêmes personnes qui d'un côté ont dans leurs personnalités préférées des gens d'origine immigrée, votent ou respectent fondamentalement de l'autre des gens ayant une culture nationale totalement traditionnelle.

 

Pour caricaturer, la France est un pays où le Brésil est extrêmement populaire, de par sa dimension métissée synonyme de mélange, de joie de vivre, de vie... et où pourtant cela ne se concrétise pas dans une union populaire la plus complète et la plus généralisée.

 

Il y a ici une contradiction explosive. Un pays ne peut pas d'un côté basculer dans le repli sur soi nationaliste, de Mélenchon à Le Pen, et de l'autre considérer que le divertissement apporté par des personnes immigrées a sa préférence !

 

Les « Indigènes de la République » réclameraient ici plus de « droits » pour les personnes immigrées et fustigeraient la France qui serait encore coloniale. C'est une lourde erreur, car ce sont les classes sociales qui constituent une société, pas les « ethnies » ou, pire, les « races » (les « Indigènes de la République » considèrent qu'il existe des « races sociales »!).

 

Les « Indigènes de la République » ne veulent d'ailleurs pas du métissage, justement parce qu'ils sont bourgeois ; le prolétariat puise son identité dans la révolution mondiale, il est universel.

 

Le prolétariat, c'est le Brésil, c'est aussi cela le sens du « Top 50 des personnalités. » Mais la nature seulement divertissante de ces personnalités montre le caractère bourgeois de la société, et donc point de Brésil au programme concret, seulement Marine Le Pen...

 

Le Journal du Dimanche constate ainsi cette contradiction :

 

« Omar Sy fait une entrée fracassante, 3e, quand François Cluzet n’est "que" 44e. L’été 2008, dans la foulée du carton des Ch’tis, Dany Boon était entré à la 2e place (il est 8e aujourd’hui).

Sur le mode de la réconciliation Nord-Sud d’il y a trois ans, le Français d’origine sénégalaise est le héros emblématique du rapprochement pauvres-riches/banlieues-centres-villes/valides-handicapés.

Il s’insère dans un classement déjà très métissé depuis plusieurs années.

"Cela peut faire penser à 1998 et à la victoire de la France black-blancbeur, analyse Frédéric Dabi. Mais n’oublions pas que quatre ans plus tard, Jean-Marie Le Pen était au deuxième tour de la présidentielle."

Pour le directeur du département Opinion de l’Ifop, "on peut parler, à propos d’Intouchables, d’un film hors temps ou hors sol. Pendant que la crise révèle des crispations sociales et identitaires, les Français valorisent des valeurs de partage, d’entraide, de réconciliation." »

 

D'un côté le national identitaire et le social crispé, de l'autre l'unité et le partage ? Il y a bien là une dimension de l'affrontement bourgeoisie – classe ouvrière...