Au sujet du meeting de Marine Le Pen le 5 février 2012 à Toulouse
Submitted by Anonyme (non vérifié)Le meeting de Marine Le Pen ce dimanche 5 février 2012 à Toulouse était un discours allant dans le sens du fascisme. Un cas d'école à étudier en vérité, car toute l'essence de l'idéologie fasciste, dans sa synthèse nationale-bourgeoise française, y était présente.
Ce qui d'abord est révélateur dans les paroles de Marine Le Pen, c'est son anti-capitalisme idéaliste, allant droit à l'antisémitisme. Elle a en fait passé prêt d'un tiers de son meeting à fustiger la « finance », à critiquer « la droite et la gauche », « tous soumis aux marchés financiers ».
Dans une dynamique anticapitaliste-romantique typiquement fasciste, la « finance » (puis carrément « l'argent »), est présentée comme une menace extérieure, un corps étranger qui gangrène le corps national.
Ainsi a-t-elle parlé de : « la remise des clefs de la maison France aux marchés financiers qui depuis envahissent nos vies, empoisonnent la politique de la France et décident de tout à votre place. »
Cette pseudo-critique est une façon pour Marine Le Pen d'avancer « par la gauche » ; elle s'en est donc largement prise au Parti Socialiste :
« C'est le Parti Socialiste qui a imposé en France la domination de la finance. C'est Jacques Delors, c'est Pierre Beregovoy, c'est Pascal Lamy le directeur de l'OMC, qui ont cédés devant le mur de l'argent avec l'acte unique et les 300 directives européennes de déréglementation qui permirent d'élargir à toute l'Union Européenne cette puissance de la finance »
Puis elle s'est empressée de rappeler que Michel Sapin est « en charge avec Laurent Fabius du projet de François Hollande » après avoir affirmé :
« Cette véritable histoire d'amour entre la finance et la gauche n'a jamais cessé : en 1992 et 1993 Michel Sapin alors ministre de l'économie et des finances du gouvernement de Pierre Beregovoy va méthodiquement courir le monde pour que la dette française soit détenue par l'étranger. »
Voici là présenté le fondement de l'antisémitisme de Marine Le Pen : défendre le capital national français contre « l'étranger ».
« Il n'y a pas qu'à la banque qu'ils sont soumis » dit-elle également plus tard : « ils sont aussi soumis aux puissances étrangères. De gauche et de droite la grande mode aujourd'hui c'est de se succéder en rangs serrés au Quatar ! »
L'idéologie fasciste synthétisée dans le discours de Marine Le Pen est l'expression de l'impérialisme français qui cherche à tirer son épingle du jeu dans l'arène impérialiste mondiale. Son anticapitalisme romantique est l'expression irrationnelle, profondément anti-scientifique, de la volonté impérialiste d'épurer la bourgeoisie française. Le but est de régénérer le capitalisme national, essentiellement au profit du capital monopoliste, pour adopter une forme plus conforme à l'époque de la crise générale du capitalisme.
Cela est très clair lorsque l'on constate la façon qu'a Marine Le Pen de critiquer les dirigeants politiques qu'elle fustige. Pour elle, ces personnes sont animées d'une volonté individuelle de s'en prendre à la France, alors qu'elle, au contraire, prétend avoir la volonté de servir la France.
Elle dit :
« Que peut-on raisonnablement espérer de ces gens là ? Rien. Ils ne sont pas des hommes libres, ils se sont soumis aux maîtres qu'ils ont choisis : banques, marchés financiers, et donc bien sûr les agences de notation. »
Cela est clairement irrationnel, cette vision du monde s'oppose à la compréhension scientifique du mode de production capitaliste qui établit que l'histoire est le produit de lutte des classes. Les fascistes s'opposent à la compréhension matérialiste-dialectique du monde, plus haut degré de la civilisation, qui explique que l'humanité est de la matière en mouvement selon des lois déterminées. Selon la vision idéaliste du monde des fascistes au contraire, tout est question de volonté individuelle. C'est cela qui produit en période de crise le point de vue outrancièrement idéaliste porté par Marine Le Pen :
« Ils sont dans la main des marchés financiers, dans la main des banques et peut être même au bout de leur fils, marionnettes d'un minable spectacle qu'on réactive tout les cinq ans pour faire croire qu' on s'oppose. »
Les « marionnettes » dans la main des banques, quel pur cliché fasciste, quel pur symbolique antisémite ! Et bien évidemment Marine Le Pen se présente par contre comme un recours obligé :
« Qui seule propose de revenir sur cette emprise des marché financiers ? Moi bien sûr. »
Mais quel est le véritable projet de Marine Le Pen ? Au delà de ses simples constats démagogiques sur des questions sociales (précarité, mal logement, chômage, etc.), l'attention de Marine Le Pen est systématiquement portée sur la question du redressement du capitalisme national.
Sa politique est clairement de renforcer le capitalisme monopoliste d'Etat, quand elle parle de la dette, quand elle parle des services publics « bradés », quand elle critique les privatisations de « la gauche », etc.
Cela est très facile de la part de Marine Le Pen de fustiger abstraitement « le CAC 40 » au début de son discours, cela n'engage à rien. Mais cette démagogie s'effondre totalement quand elle dévoile sa véritable nature impérialiste plus tard, à propos de la vente des mines d'uranium d'Areva par exemple... Nous avions d'ailleurs présenté les contradictions au sein de la bourgeoisie française que posent la question des mines d'uranium d'Areva.
Le but de Marine Le Pen est clairement de renforcer l’appareil impérialiste français, d'y remettre de l'ordre. Et cela se traduit donc inévitablement sur le plan culturel : bien qu'elle manie bien la démagogie sociale, Marine Le Pen est en fait culturellement très à droite. Et d'une droite française traditionnelle bien réactionnaire.
« Je veux remettre de l'ordre » dit elle avant de parler de la morale publique, de lois « contre les voyous » qui agressent « les braves gens » et de rajouter : « il faut punir, il faut sévir ».
Cela était aussi l'occasion de sur-enchérir dans la haine anti-arabe :
« Pourquoi l'UMP et le PS ne voient-ils rien à redire à ce que le Quatar ait créé en Décembre dernier un fond de 50 millions d'euros destiné aux français d'origine arabe dans les banlieues françaises ? N'est-ce pas là développer le communautarisme contre la République ? »
Sur le plan politique, Marine Le Pen cherche à encercler les représentants traditionnels de la bourgeoisie.
Elle attaque la gauche sur sa gauche, en surenchérissant dans l'idéalisme. Et en même temps, elle attaque la droite par la droite, sur les thèmes donc de la sécurité, de l'ordre, de la morale, etc.
Mais plus que des thèmes électoraux, les propos de Marine Le Pen à ce sujet montrent sa démarche fasciste pour régénérer le cadre national.
Avec Marine Le Pen, on assiste à une synthèse du fascisme français, intégrant la plupart des courants, mais en dosant subtilement pour être le plus efficace possible. Elle profite en fait d'une longue décantation, d'une maturation du fascisme français qui s'est restructuré durant ces 10/20 dernières années : de Alain de Benoist à la prose pseudo-sociale de Alain Soral, du syndicalisme-révolutionnaire de Serge Ayoub au racisme anti-arabe des identitaires en passant par l'antisémitisme de Dieudonné, etc.
Mais elle profite également des perditions de l'extrême gauche française, principalement sur la question de l'antisémitisme et du social-chauvinisme. D'ailleurs, comment ne pas voir que l'hystérie petite-bourgeoise de la gauche et l'extrême gauche contre Nicolas Sarkozy ces dernières années profite aujourd'hui largement au fascisme ? Cela devient effroyablement évident quand Marine Le Pen disait dimanche :
« Et je ne vous rappellerai pas cet épisode douloureux, dégradant pour le peuple que nous sommes, le grand peuple que nous sommes. Ce grand peuple qui a toujours placé la politique au-dessus de tout et a vu un président de la République se soumettre d'une façon aussi voyante aux puissances d'argent.
[…]
Oui j'épargnerai aux français ce spectacle désolant, qui est comme une tâche sur notre drapeau national, parce qu'il souille tout ce qui fait la grandeur de la France et qui est une insupportable offense au génie de notre peuple.
Et bien en Avril et en Mai prochain ce sera aux français de faire le ménage. »
En fait, Marine Le Pen réussit le tour de force de réunir dans les même phrases les critiques contre de Nicolas Sarkozy de gauche ET de droite :
« Sans ordre une société ne peut pas être libre. C'est un message fondamental que chacun doit entendre. […] Il n'est pas de liberté dans l'anarchie. L'anarchie, c'est pourtant au plus haut de l'Etat qu'elle s'est installée.»
Puis : « Ce n'est pas un président de la République que nous avons élu, mais un profiteur de la République.»
Et enfin : « je ne reviendrai pas sur le pathétique « casses-toi pauv'con », même s'il est révélateur de la triste conception que Nicolas Sarkozy se fait des français ».
Marine Le Pen peut alors ensuite clore son meeting en mettant en avant un nationalisme violent, ultra-agressif, presque guerrier, qui prouve sa nature impérialiste : elle appelle alors à lutter contre la « négation de nous même, de l'affaiblissement de la fierté d'être ce que nous sommes. Nous devons être fiers de notre Histoire, de notre culture, de nos valeurs, de nos traditions ! Mais enfin, nul ne doit pouvoir nous faire culpabiliser de notre patriotisme... et même de notre chauvinisme si nous le voulons ! »
Et de conclure :
« il est temps d'être fier, il est temps d'être fort, il est temps d'être libre ! Vivre la République, vive la France ! »
Pseudo-sociale et véritablement nationale, violemment impérialiste dans les faits, Marine Le Pen est une authentique fasciste. Cela, aujourd'hui seul le PCMLM est capable de le comprendre pleinement. Le PCMLM c'est la garantie d'y voir clair dans les tempêtes à venir, car chez nous l'idéologie marxiste-léniniste-maoiste est au poste de commandement, l'économie politique est au centre de notre démarche et notre culture est authentiquement antifasciste !