Serge Haroche : la mécanique quantique comme offensive contre la dialectique
Submitted by Anonyme (non vérifié)L'expérience de Serge Haroche – pour laquelle il a obtenu le prix Nobel – comme les hypothétiques phénomènes qu'elle mettrait en jeu, superposition d'états et décohérence quantique, sont une véritable offensive contre le matérialisme dialectique (voir l'article précédent sur Serge Haroche et la décohérence quantique).
Pour comprendre cela, il n'y a pas besoin de fouiller beaucoup dans les théories de la mécanique quantique puisque son existence même est la manifestation première de ce manque de dialectique. En effet, lorsque nous disions, dans l'article précédent que « la mécanique quantique s'oppose à la mécanique dite classique ou newtonienne », cela signifie qu'aujourd'hui la mécanique quantique se conçoit comme à la fois complémentaire et opposable à la mécanique classique pour décrire le monde dans une tentative de passer outre la relativité.
La mécanique classique est le nom donné à la mécanique newtonienne depuis la grande contribution d'Albert Einstein. Ce choix de parler de mécanique classique plutôt que de comprendre la valeur historique de la dynamique relativiste ou de théorie de la relativité traduit bien la volonté de nier les apports d'Albert Einstein.
Ce dernier avait permis un saut qualitatif de la science, dans la mesure où la théorie de la relativité effectue la synthèse des connaissances en physique, qui étaient auparavant des domaines séparés (d'ailleurs, le terme de dynamique relativiste – plutôt que celui de mécanique relativiste – traduit bien ce changement). Son dernier chantier inachevé était l'unification de ces domaines assemblés avec l'infiniment petit.
La mécanique quantique constitue donc un retour en arrière par rapport à la théorie de la relativité. Lorsque nous disions que la mécanique quantique s'oppose à la mécanique classique, cela fait référence au fait que, actuellement, la grande majorité des physiciens considèrent que le monde est divisé en deux parties : l'infiniment petit (décrit par la mécanique quantique) auquel on peut opposer le reste (décrit par la mécanique classique).
Opposable, car on peut les mettre en vis-à-vis, chaque domaine d'étude possédant ses propres lois qui ne peuvent s'appliquer à l'autre. Et les physiciens partisans de cette vision de l'Univers considèrent que la synthèse de l'infiniment petit et du reste est irréalisable (sauf par des fantasmagories des multivers, etc.). C'est donc bien une lutte contre la volonté unificatrice de la théorie de la relativité.
Or, selon le matérialisme dialectique, l'Univers est défini comme tout ce qui existe, c'est-à-dire un tout, un système avec ses contradictions internes et, rien n'étant indivisible, il peut être divisé en parties, elles-mêmes systèmes ayant leurs propres contradictions internes et ainsi de suite. Les lois fondamentales qui s'appliquent aux différents systèmes sont par conséquent les mêmes puisque ces systèmes font partie d'un même tout.
On voit donc bien que la conception du monde mécanique quantique complétée par la mécanique classique va totalement à l'encontre du matérialisme dialectique.
Nous avions vu dans l'article précédent que la décohérence quantique servait à faire le lien entre la mécanique quantique et la mécanique classique. La décohérence consiste à dire que l'environnement, et donc l'observation par l'être humain, entraîne la disparition de la superposition des états, propre au domaine de la mécanique quantique.
La décohérence est donc présentée comme une explication du passage entre les deux, la raison pour laquelle elles formeraient un ensemble cohérent. En réalité, la décohérence est une barrière, une barrière entre deux mondes différents. L'un serait le monde du hasard, l'autre celui du déterminisme. L'un serait le monde de la complexité, l'autre celui de la simplicité (il est d'ailleurs impressionnant de voir à quel point les partisans de la mécanique quantique balaye la complexité réelle du monde macroscopique d'un revers de main). Etc etc.
La décohérence quantique est parfois qualifiée de saut quantique – plus précisément c'est l'axiome de la réduction fonction d'ondes, dont la décohérence est aujourd'hui la tentative d'explication concrète la plus aboutie –.
Et le saut quantique est généralement décrit comme un changement brusque et discontinu. Mais la décohérence quantique n'a rien à voir avec un saut qualitatif. Selon les partisans de la décohérence quantique, l'état observé à un moment ne préexiste pas à la mesure : c'est la mesure qui le fait advenir. Autrement dit, le résultat de la décohérence est de « créer » un état par la mesure. Il n'y a aucune contradiction dans la mécanique quantique, il ne peut donc y avoir de saut qualitatif, synthèse entre deux forces en contradiction.
Ainsi la mécanique quantique s'illustre par la volonté farouche d'isoler les choses et les phénomènes et ce, logiquement, jusque dans ses expériences.
Celle de Serge Haroche consiste à envoyer des atomes de Rydberg un par un pour les faire se rencontrer avec un à quelques photons. L'étude d'une situation aussi artificielle ne peut rendre compte avec exactitude de la réalité. De plus, l'isolement total des particules est impossible. Pas dans le sens d'impossibilité d'envoyer un seul atome ou un seul photon, mais dans le sens d'impossibilité de réussir à isoler totalement les particules de leur environnement. C'est un objectif idéaliste et stérile.
Le but de la recherche scientifique ne doit pas être d'isoler les phénomènes mais d'étudier les relations entre les différents systèmes.
Le chemin de l'Humanité depuis le matriarcat a consisté à aller vers une synthèse toujours plus complète de l'Univers. Ce chemin doit être poursuivi sans s'égarer sur les sentiers de l'idéalisme. L'objectif du matérialisme dialectique est la compréhension de l'Univers, pas moins.