22 fév 2012

Militer comme le syndicalisme révolutionnaire ou bien se centraliser dans un organe de presse avec l'idéologie ?

Submitted by Anonyme (non vérifié)

« Si pour le social-démocrate l'idée de “lutte économique contre le patronat et le gouvernement “, l’emporte sur celle de la lutte politique, il est naturel de s’attendre à ce que l’idée d’”organisation des ouvriers” l’emporte plus ou moins chez lui sur l’idée d’”organisation des révolutionnaires”. » (Lénine, Que faire?)

Que faisaient les révolutionnaires des années 1960 dans le monde entier lorsqu'ils avaient décidé de lutter, sans être subordonné aux partis soutenant le révisionnisme soviétique ?

 

Allaient-ils "militer", allaient-ils simplement "dans les masses" ? Ou bien fondaient-ils un organe de presse ?

 

Ils fondaient un organe de presse. Fonder un organe de presse est l'acte premier, l'acte fondateur, un acte léniniste par essence même.

 

Ne pas avoir d'organe de presse, se contenter de « pousser » à la lutte, ou même avoir un journal consistant simplement en des appels à la lutte, voilà qui relève du spontanéisme, critiqué de A à Z dans l'oeuvre classique de Lénine : Que faire ?

 

Lénine y explique ainsi notamment :

 

« Économistes et terroristes d'aujourd'hui ont une racine commune, savoir ce culte de la spontanéité dont nous avons parlé au chapitre précédent comme d'un phénomène général, et dont nous allons examiner l'influence sur l'action et la lutte politiques.

 

Au premier abord, notre affirmation peut paraître paradoxale, si grande semble la différence entre ceux qui mettent au premier plan la "lutte obscure, quotidienne” et ceux qui préconisent la lutte exigeant le plus d'abnégation, la lutte de l'individu isolé.

 

Mais ce n'est nullement un paradoxe. Économistes et terroristes s'inclinent devant deux pôles opposés de la tendance spontanée : les économistes devant la spontanéité du "mouvement ouvrier pur”, les terroristes devant la spontanéité de l'indignation la plus ardente d'intellectuels qui ne savent pas ou ne peuvent pas lier en un tout le travail révolutionnaire et le mouvement ouvrier.

 

Il est difficile en effet à ceux qui ont perdu la foi en cette possibilité ou qui n'y ont jamais cru, de trouver une autre issue que le terrorisme à leur indignation et à leur énergie révolutionnaire.

 

Ainsi donc, le culte de la spontanéité n'est, dans les deux tendances indiquées par nous, que le commencement de la réalisation du fameux programme du Credo : les ouvriers mènent leur “lutte économique contre le patronat et le gouvernement” (que l'auteur du Credo nous pardonne d'exprimer sa pensée dans la langue de Martynov ! »

 

Les spontanéistes n'ont jamais d'organe de presse, tout au plus une presse propagandiste ne ressemblant à rien à un journal. Ils parlent de lutte économique, voire de culture « prolétarienne », car ils considèrent que la révolution se fonde simplement sur une accumulation de luttes économiques amenant une « rupture » révolutionnaire.

 

Ce point de vue économiste, totalement étranger au marxisme, est celui du syndicalisme révolutionnaire, et il n'est pas difficile de voir qu'il est commun tant aux anarchistes qu'aux trotskystes, comme aux « marxistes-léninistes » et pseudo-maoïstes. Tous soutiennent la « lutte », appellent à la « lutte », encouragent le peuple à « lutter. »

 

C'est une négation complète de l'analyse objective de la lutte des classes, c'est un populisme niant la synthèse du Parti comme noyau dur se construisant autour de l'idéologie révolutionnaire de la classe ouvrière.

 

Lénine est très clair :

 

« Si pour le social-démocrate l'idée de “lutte économique contre le patronat et le gouvernement “, l’emporte sur celle de la lutte politique, il est naturel de s’attendre à ce que l’idée d’”organisation des ouvriers” l’emporte plus ou moins chez lui sur l’idée d’”organisation des révolutionnaires”. »

 

« Quelle était donc la source de nos divergences ? Mais justement que les économistes dévient constamment du social-démocratisme vers le trade-unionisme dans les tâches d'organisation comme dans les tâches politiques. »

 

Il est très facile de reconnaître ici les défauts du Nouveau Parti Anticapitaliste, ou bien les positions des anarcho-syndicalistes, syndicalistes révolutionnaires, syndicalistes de classe, « marxistes-léninistes » et pseudo-maoïstes qui tous en appellent au peuple, estiment que les choses vont bouger par le peuple et que l'avant-garde n'a, au mieux, qu'à se rassembler pour émettre des avis.

 

Voie Lactée est, par contre, un véritable organe de presse, avec un travail politique, idéologique, culturel, théorique de fond ; sans ce travail, aucun travail pratique ne peut exister.

 

Et justement en raison de notre combinaison dialectique des deux, les esprits bourgeois les opposent, incapables de comprendre cela, totalement soumis qu'ils sont à la conception bourgeoise de l'opposition entre travail intellectuel et travail manuel.

 

Les esprits bourgeois ne conçoivent pas, ils ne peuvent pas le concevoir, c'est hors de leur portée, que le travail théorique de la part des révolutionnaires est déjà une démarche pratique, qui se fonde sur une rupture personnelle avec les démarches bourgeoises.

 

Et si cette rupture pratique n'existait pas, comment pourrait-il y avoir de rupture théorique ?

 

C'est là un point essentiel. Lorsque les esprits bourgeois voient un document sur l'univers et la dialectique, ils pensent : c'est de la théorie.

 

Ils sont capable de comprendre que cette théorie émane d'une réalité pratique, que cette réalité est le socle de l'expression théorique.

 

En ce sens, l'objectif de Voie Lactée n'est pas de simplement construire une organisation révolutionnaire, mais bien de refonder le Parti, le grand Parti Communiste français des années 1930-1950 qui avait réussi à combiner théorie et pratique, sur une base révolutionnaire.

 

Et les esprits bourgeois peuvent bien se moquer ! Voici ce que dit Lénine dans Que faire ? (c'est nous qui soulignons) :

 

« La première période embrasse une dizaine d'années, à peu près de 1884 à 1894. Période de naissance et de consolidation de la théorie et du programme de la social-démocratie. Les partisans de la nouvelle orientation en Russie se chiffraient par unités.

 

La social-démocratie existait sans le mouvement ouvrier, elle traversait une période de gestation comme parti politique.

 

La deuxième période embrasse trois ou quatre ans, de 1894 à 1898. La social-démocratie vient au monde comme mouvement social, comme essor des masses populaires, comme parti politique. »

 

Première étape : construction de l'économie politique, synthèse du socialisme scientifique, analyse de la réalité sociale du pays.

 

Seconde étape : fusion du socialisme scientifique et des masses populaires.

 

Voilà un enseignement réel et fort, voilà ce qu'il faut faire, et voilà ce ne que font pas les spontanéistes, les populistes, qui disent « le peuple ! Le peuple ! » pour masquer la nécessité prioritaire des communistes : la compréhension et la défense du noyau idéologique communiste, le matérialisme dialectique !

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