13 fév 2013

Les femen à la cathédrale Notre Dame de Paris

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Il y a quelques jours, dimanche précisément, s'est terminé en Inde une fête religieuse, la Kumbh Mela. Cette fête hindoue a rassemblé 40 millions de personnes à Allahabad, ce qui en fait sans doute le plus grand rassemblement humain de toute l'histoire.

On peut regretter l'importance de la religion dans les masses, et d'ailleurs les communistes veulent débarrasser les masses de la religion. Cependant, c'est la réalité transformée qui abolit la religion, pas simplement une bataille d'idées.

La France connaît pareillement une importante partie de la population ayant des valeurs catholiques ou proches du catholicisme. On peut et on doit le regretter, car ce sont des superstitions et des préjugés, mais le nier est une absurdité.

On sait bien, depuis le fameux texte de Karl Marx sur la religion comme « opium du peuple » que la religion ne disparaîtra que lorsque les conditions qui permettent son existence disparaîtra.

La religion, ce n'est pas une simple mauvaise conception du monde, c'est le reflet d'une peur et d'une souffrance. Bien sûr, cela est vrai pour les masses, pas pour la haute bourgeoisie utilisant les institutions religieuses.

Voilà pourquoi l'action des « Femen » hier matin est une aberration complète. En effet, mardi matin huit activistes des « Femen » ont décidé de fêter la démission du pape Benoît 16 en montrant leurs seins à l'intérieur de la cathédrale Notre-Dame-de-Paris, avec inscrit au marker « Pope no more », « No homophobe », « Crise de la foi », « Bye bye Benoît ! ».

Une action qui, dans le contexte actuel, est une provocation au service de la mobilisation réactionnaire : les grands bourgeois expliqueront leur dégoût devant la provocation gratuite et apparaîtront comme posés, sérieux, constructifs, cultivés. Les masses croyantes, elles, se sentiront insultées.

En clair, avec la campagne contre le mariage gay et lesbien, les réactionnaires avancent à grands pas, et les « Femen » se permettent de jeter de l'huile sur le feu en « choquant » gratuitement.

Car à moins de considérer qu'un « bon » pape peut exister, quel intérêt à mobiliser sur la question de la démission de Benoît 16 ? Et alors quel intérêt d'affirmer « Pope no more » dans un bâtiment catholique ?

Sans parler du fait, ô combien important, que l'opinion publique prendra forcément de manière négative de se moquer d'une personne âgée expliquant ouvertement ses faiblesses.

La ministre déléguée aux Personnes âgées, Michèle Delaunay, a fait par ailleurs la même chose, avec un tweet bien vite retiré : « Je dois bien reconnaître que, à tort ou à raison, Benoît XVI a omis de me consulter avant de prendre sa décision #Age #EmploidesSeniors#. »

On touche le fond, et d'ailleurs le président François Hollande a participé au mouvement : lors d'une conférence de presse en présence du président nigérian Goodluck Jonathan, il a lancé : « Nous ne présentons pas de candidat. »

On a là un véritable social-darwinisme lancé sur un ton badin, une sorte de grand relativisme fourre-tout où l'on balance tout et n'importe quoi n'importe comment. On comprend l'importance accordée par les « Femen » à leur esthétique.

Quoi qu'elles prétendent le contraire et qu'elles tentent de donner une image différente, l'image de la « Femen » présentée par les médias est toujours une femme slave, « jolie » selon les critères photographiques bourgeois.

Les « Femen » s'en défendent, dans un communiqué il y a deux jours par exemple : « Nous ne recrutons pas nos membres sur casting. Toutes les morphologies et tous les âges sont bienvenus au sein de Femen ».

En admettant que ce soit vrai pour les « Femen », ce n'est pas vrai pour les médias bourgeois. Et quand on joue sur l'absence de dignité, on ne doit pas s'étonner de la récupération bourgeoise des images « plaisantes » et « commerciales ». C'est le prix à payer pour la surmédiatisation et l'acceptation institutionnelle, les « Femen » sont d'ailleurs installés au « Lavoir Moderne Parisien », un local porté à bout de bras financièrement par les institutions française !

Que sont les « Femen » d'ailleurs ? Elles s'imaginent avoir une activité « expressionniste », mais en réalité ce n'est que du subjectivisme semi-féministe surfant sur la décadence morale et culturelle des pays de l'Est après 1989.

Dans ces pays, il y a une dimension petite-bourgeoise semi-progressiste, même si en décalage total avec la population. Mais en Europe, et en France, les « Femen » ne sont qu'une mascarade de plus, un délire burlesque de plus, à ajouter à la panopolie petite-bourgeoise des manifestations de clowns, aux orchestres contestataires et autres happenings ridicules d'une petite-bourgeoise protestataire narcissique et bornée.

Pour finir, constatons aussi que justement, les « Femen » sont bien bornées puisqu'elles n'ont pas saisi la démarche de Benoît 16. Ce dernier est le plus grand intellectuel catholique de la seconde partie du 20ème siècle, c'est un chef d'orchestre, un organisateur, un modernisateur.

C'est lui qui a défini la théologie catholique telle qu'elle existe aujourd'hui. Le choix de son nom relève de cette importance stratégique : « J'ai choisi le nom de Benoît en référence à Benoît XV, qui a guidé l'Église dans la période difficile de la Première Guerre mondiale. Sur ses traces, je désire participer à la réconciliation et à l'harmonie entre les hommes et entre les peuples. »

Les « Femen » auront l'air bien malignes si le nouveau pape est français ou bien d'un pays d'Afrique, d'Asie ou d'Amérique latine. Elles se retrouveront prises à leur propre jeu et l’Église en sortira victorieuse.

Mais ce n'est pas leur problème, vu qu'elles s'imaginent « au-dessus » de la société. Mépris du peuple, sous-estimation des réactionnaires, décalage culturel, pratique médiatique racoleuse : telle est leur forme, et leur substance.

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