3 sep 2012

Avengers 2012 : des « héros » à l'image de la décadence bourgeoise

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Comment un film aussi simplet qu'Avengers peut-il avoir fait le carton qu'il a fait ? Comment, avec les moyens techniques et l'expérience artistique qu'il y a aujourd'hui, peut-on produite quelque chose d'aussi infantile ?

Comme dans les Star Wars nouvelle série, le public visé doit être passif, infantile, acceptant tous les délires mystiques. Et c'est le « meilleur » que produit la bourgeoisie. Il y a là tout un symbole.

Car pour arriver, au 30 août soit il y a quelques jours, à rapporter 1 491 800 446 $ au box office en dix semaines, il faut être en phase à son époque. Pour sortir le DVD dans la foulée comme là, et que cela marche plus, il faut être par contre plus qu'en phase, il faut façonner son époque.

Un véritable engouement existe ainsi au sujet de ce film, qui a été le le plus rapide à atteindre la somme de 1 milliard de dollars et se place juste derrière Avatar et Titanic en termes de recettes !

Et pratiquement aucune critique n'a osé s'attaquer à Avengers. Le fait que le réalisateur n'en soit qu'à son second film (après « Serenity », du grand n'importe quoi), après la série « Buffy contre les vampires », ne leur a apparemment même pas mis la puce à l'oreille de la valeur de ce film...

Pourquoi cela ? Parce que notre époque a besoin de héros, non pas super, mais ordinaires. Les masses mondiales doivent être héroïques, elles ont d'énormes tâches. Mais leur maturité est trop faible.

Alors le thème des héros est assumé non pas par les communistes, mais par deux autres courants.

Les fascistes, tout d'abord, qui réinventent comme au 19ème siècle romantique des figures passées servant de modèle (Rome, Sparte, les Gaulois, etc.).

Et le cinéma hollywoodien. Mais le cinéma hollywoodien, pas plus que l'extrême-droite, ne peut montrer de véritables héros. La critique faite par filmosphere touche cet aspect sans le savoir :

« En surfant pour beaucoup sur la fanbase de l’univers Marvel sans jamais la provoquer ou lui proposer une réflexion essentielle, Joss Whedon accouche d’un film pop-corn et rien d’autre. Bien entendu, ce n’est pas un problème en soi, mais à l’âge du film de super-héros « adulte » on pouvait en attendre plus. Par contre côté pop-corn, on est plutôt servi, car le ton adopté par l’auteur est clairement celui de l’humour plus que de l’épique. C’est un choix, bon ou pas, mais cela a le mérite d’en être un. »

D'un côté, il faut du divertissement sans réfléchir, de l'autre un vrai scénario et du véritable héroïsme ? Ce n'est pas possible. On ne peut pas avoir du vrai cinéma avec du popcorn. Et c'est là la grande contradiction du cinéma bourgeois, Cineshow tombe dans la même contradiction :

« Mais dès lors qu’il s’agit de consommer Avengers comme un bon gros blockbuster, taillé sur mesure pour son public venu chercher du fun, des super-héros à tout va et de l’action, le film sait se montrer efficace, voire très efficace dans sa dernière partie (…).

Avengers donne ainsi parfois le sentiment d’assister à un pur délire geek extrêmement friqué, souvent très amusant mais parfois vain et désamorçant de lui-même toute tentative pour iconiser ses personnages (…).

Les fans venus chercher du fun, du combat d’extra-terrestres (les Chitauri), de la grosse destruction et des super-héros en mode no-limit ne seront pas déçus, le film leur donnera exactement ce qu’ils sont venus chercher. Pour les autres, on se surprendra à se laisser séduire par ce feu d’artifice impressionnant, vraiment, mais parfois un peu trop gratuit pour que l’on ignore ce point. Au final, mention bien pour Avengers mais il faut bien admettre que l’on aurait largement pu mieux faire avec une matière aussi géniale. »

Cela est tout à fait exact : il y a les moyens et la matière, mais il n'y a que du vide. La bourgeoisie, décadente, n'ayant aucune imagination, ne peut que recycler ce qui existe déjà.

D'où les films sur les super-héros de Marvel, où les scénarios sont nettoyés de toute la complexité psychologique propre aux personnages. Tout le sérieux et la gravité des personnages troublés intérieurement, malgré les super-pouvoirs, a disparu !

On a que des personnages à la psychologie foncièrement basique, totalement individualisés, ne prétendant jamais sauver le monde, ni même vraiment aider, mais seulement « être là. »

Pour n'en mentionner que quelques uns, Thor est un « Dieu » naïf et forcené, Captain America un soldat benêt dans une caricature des années 1940, Iron Man un playboy à qui tout réussit, bien loin de celui qui terminera dans la bande dessinée en SDF alcoolique, avec sa fiancée enceinte dans les rues new yorkaises en plein hiver...

Mais ce n'est qu'un aspect du scandale. Les films ont aujourd'hui des capacités techniques telles, qu'elles sont un autre domaine que la bande dessinée, de par ce qu'elles peuvent montrer, non pas seulement sur le plan des cascades et destructions, mais surtout sur le plan humain.

Au lieu de cela, on a juste du recyclage. Le scénario d'Iron Man 2, pour prendre un exemple, est volé à plusieurs bandes dessinées d'Iron Man, depuis un affrontement avec un concurrent pour les données de l'entreprise, jusqu'à la reprise d'un vieux personnage (Backlash) anecdotique, mélangé avec le fameux épisode en pleine guerre froide où Iron Man affronte son équivalent soviétique : la dynamo pourpre...

Il n'y a aucune inventivité, aucun apport culturel, mais seulement de la récupération, passée à la machine hollywoodienne grand spectacle, et droguant les masses.

Brecht a tout à fait raison sur ce point, et il est un auteur essentiel pour critiquer le cinéma bourgeois. La critique que Brecht fait du théâtre qui éteint les cerveaux et fait passer le temps, on peut et on doit la faire au cinéma hollywoodien, français ou américain d'ailleurs.

Il faut anéantir cette idéologie de la barbarie, cette production des Taxis et autres Avengers !

Car il faut vraiment n'avoir aucun sens critique dans la société capitaliste pour prendre tel quel la dernière daube hollywoodienne et raconter comme sur Cinecomics :

« Au final, Avengers valait bien 4 ans d'attente. Joss Whedon livre un film bourré de dialogues percutants, d'humour, d'action et d'héroïsme. Et que dire des effets spéciaux si ce n'est qu'ils sont sublimes, ils renforcent l'impact de la bataille finale qui nous scotche dans notre fauteuil.
Bref, vivement Avengers 2, qui est déjà bien introduit par la scène d'après générique. »

On est là au degré zéro, on est dans la passivité la plus sordide, dans l'inculture la plus crasse. La critique est tellement infantile, qu'il y a même l'apologie de la minable allusion commerciale au prochain film, qui sortira en 2015... C'est dire le niveau !

Mais la palme revient peut-être à la critique de lestoilesheroiques :

« La force de The Avengers n’est en effet pas uniquement dans ses explosions et ses scènes d’action, mais bien dans ses dialogues. »

Il faut sans doute oser faire cela : lire ces lignes et regarder le film en se concentrant sur les dialogues.

Des dialogues qui sont dans Avengers une série de blagues ininterrompues, jusqu'au plus baroque, de la part de super-héros et de Dieux... Des dialogues si vides qu'ils témoignent justement de l'incapacité à générer des héros.

Il est évident que lorsque la guerre populaire va se répandre au niveau mondial, ceux qui ont une mentalité étriquée au point d'apprécier une nullité comme Avengers vont tomber de très haut face au véritable héroïsme qui apparaîtra.

Avengers témoigne de la fin d'une société, la société bourgeoise, agonisant dans le baroque, le culte de l'individualisme et du scepticisme, de l'improductif, jusque dans ses «super-héros » !

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