15 Jan 2012

Les agences de notation, symptômes de l’irrationalité du capitalisme

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Les agences de notation sont des entreprises privées qui vendent des cotations sur la santé financière d’entreprise, d’État ou de différentes entités qui sont amenées à emprunter de l’argent. Les entreprises payent pour être notées par ces agences et de la même manière, il faut également payer pour accéder aux données fournies par ces agences.

Depuis 1975, les États sont notés par ces agences vis-à-vis de leur capacité à rembourser leurs dettes. Quand une agence délivre un AAA, la meilleure note donc, cela signifie que l’entité notée est considérée comme fiable, c’est-à-dire qu’un prêteur a toutes les chances de récupérer sa mise ainsi que les intérêts de son prêt. La note triple A que Standars & Poor's vient de retirer à la France lui permettait d'emprunter à des taux relativement bas. 

 

Les États des grandes puissances impérialistes vivent couramment au-dessus de leurs moyens, c’est-à-dire que leurs budgets ne sont pas équilibrés, qu’ils dépensent plus d’argent qu’ils n’en ont. Ils doivent donc emprunter auprès de banques, ou plutôt émettre des obligations (bonds en anglais) sur les marchés financiers.

 

Ces obligations consistent pour un État à « vendre » une partie de sa dette. Concrètement, il s’agit d’une reconnaissance de dette, incluant un intérêt, émise par un État en échange de fonds. On parle soit d’emprunt d’État, soit de dette souveraine, suivant que les obligations sont émises ou non dans la devise du pays. Ces obligations prennent la forme de titres qui sont échangeables, vendables, comme les actions. Différentes institutions financières, telles que des banques d’investissement, des assureurs, des banques de dépôt s’échangent constamment ce genre de titres, à des fins de spéculation.

 

Acheter une partie de la dette d’un État est considéré comme un investissement fiable et rentable sur les marchés financiers. Ce sont des investissements qui présentent de faibles risques mais avec des rendements jugés intéressants. C’est pour cela que les États ont pu depuis les années 1980 et jusqu’à récemment, vivre en générant des déficits énormes sans que cela pose de soucis, le capital financier ayant également largement intérêt au développement de cette dette des États.

 

Seulement, le système fonctionne tant que les institutions financières ont confiance dans la capacité des États émetteurs de dette à les rembourser. C’est ici qu’interviennent les agences de notation.

 

Les investisseurs financiers ont besoin de données particulières afin de prendre des décisions d’investissement. C’est pour cela que sont apparues les premières agences de notation durant le développement du capitalisme aux États-Unis d’Amérique au XIXe siècle. Les premières agences ont prise de l’importance parallèlement au développement du chemin de fer américain. Ce secteur nécessitant d’énormes levées de fonds, les investisseurs cherchaient donc des données sur la meilleure possibilité d’investissement.

 

Les agences de notation ont pris de plus en plus d’importance à mesure que les institutions financières, cherchant à maximiser leur rentabilité, ont de moins en moins pris à leur propre charge l’analyse financière en tant que tel. Les notes des agences permettent ainsi des prises de décisions rapides et consensuelles.

 

Pourtant, ces agences n’avaient pas prévu la grande crise financière de 1929 qui a amorcé le cycle international de crise généralisée du capitalisme des années 1930. Sombrant dans l’irrationnel, les dirigeants capitalistes, d’abord aux États-Unis, reprochent alors ce manque de prévision à ces agences tout en leur demandant d’élargir leurs champs d’analyse. Dès les années 1930, ces agences vont commencer à noter les capacités des États à rembourser leurs dettes, car les investisseurs financiers voulaient des informations à propos des risques de défaut de paiement de certains États.

 

C’est ainsi que l’agence Moody’s va, en 1931, baisser la note souveraine de l’État… grec ! Les taux d’emprunts montent alors en flèche et précipitent l’effondrement de la Grèce dans les années suivantes. Lors du coup d’État fasciste par le général Metaxas en 1936, les agences de notations sont désignées comme responsables de la faillite du pays.

 

Suite à cet électrochoc, les agences de notations, Moody’s la première, vont petit à petit cesser de noter les États. Mais les nécessités d’informations sur la santé des États vont se faire de plus en plus sentir dans les années 1970, à mesure que les banques des puissances impérialistes prenaient le contrôle des pays dominés, par le biais du contrôle de leur dette. Ces notations reprennent donc à partir de 1975.

 

Les notes des agences prennent de plus en plus d’importance dans le système financier, à mesure que les dettes de tous les États se généralisent largement, jusqu’aujourd’hui. Les bonnes notes des grandes puissances impérialistes leur permettent alors d’emprunter à des taux faibles, et de pouvoir investir des fonds énormes dans la modernisation de leurs infrastructures, comme la construction de centrales nucléaires par exemple, ou bien de lignes TGV.

 

Le capital financier se renforce grâce à ces immenses levées de fond, permises par la fiabilité que symbolisent ces bonnes notes. Dans le même temps, le capital financier des puissances impérialistes renforce sa domination sur les autres pays, grâce aux taux de prêt plus importants que les moins bonnes notes de ces pays permettent.

 

Ce pouvoir, ou plutôt ce rôle, des agences de notation, est un symbole criant de l’instabilité totale du mode de production capitaliste.

 

En tant que tel, les notes de ces agences ne valent pas grand-chose. Elles consistent surtout en des prévisions statistiques générales et sont fonctions d’analyses largement subjectives. Par exemple, la dégradation de la note de la France par Standard & Poor’s est décidée par moins de 10 personnes vivant aux États-Unis, en fonction du rapport d’une seule personne chargé du dossier en Europe.

 

Et comme en 1929, les agences de notation n’ont absolument pas vu venir la crise financière de 2008. Pire encore, le rapport précédant la dégradation de la note souveraine de l’État américain durant l’été 2011, comportait une erreur d’analyse de deux trillions de dollar…

 

Pourtant, l’importance de ces notes s’est toujours plus accentuée, et s’est accélérée durant les années 2000. Les États, les banques centrales, les banques d’affaires, les fonds d’investissement et toutes les institutions financières, sont tous autant responsables de ce développement, car ce sont eux qui ont donnés de l’importance à ces notes et qui risquent aujourd’hui d’en subir les effets.

 

À la fois conséquences et origines de l’enchaînement de la crise du système capitaliste, les notations de ces agences sont surtout le symptôme de l’irrationalité même du mode de production capitaliste. De par sa nature anarchique, relativement chaotique, il est impossible de comprendre, de prévoir les mouvements précis du capitalisme quand on ne dispose pas du matérialisme dialectique!

 

Et quant à nous communistes, nous nous intéressons aux tendances générales, car ayant compris l’inéluctabilité de l’effondrement du capitalisme. Celle-ci est précédée par le renforcement du pouvoir des monopoles et la généralisation de crises cycliques, résultats de la baisse tendancielle du taux de profit.

 

Mais cela la bourgeoisie ne peut pas le comprendre, car elle voit le monde de manière mécanique. Elle considère que les choses sont soit toutes blanches soit toutes noires. Ou plutôt soit rentables ou soit non rentables.

 

Les agences de notation se sont donc développées, produits de cette vision bourgeoise irrationnelle, qui a pour origine un système lui-même dénué de toute cohérence.

 

Seule la planification socialiste de l’économie permettra d’orienter la production au service du Peuple et de la Terre et d’en finir avec ces crises systémiques, à l’origine du fascisme, de la guerre, de la barbarie. Seule la Guerre Populaire pourra garantir l’avènement et la victoire totale du Socialisme.

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