28 oct 2014

PCMLM - Déclaration 63 - La mort de Rémi Fraisse et sa signification historique

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« La vie n’est pas un phénomène extérieur ou accidentel à la surface terrestre. Elle est liée d’un lien étroit à la structure de l’écorce terrestre, fait partie de son mécanisme et y remplit des fonctions de première importance, nécessaires à l’existence même de ce mécanisme. Toute la vie, toute la matière vivante peut être envisagée comme un ensemble indivisible dans le mécanisme de la biosphère. » (Vladimir Vernadsky)

La contradiction entre villes et campagnes est l'autre grande contradiction du capitalisme, avec la contradiction entre travail manuel et travail intellectuel. Avec le développement des forces productives malheureusement sous la supervision du mode de production capitaliste, ces contradictions s'aiguisent terriblement.

Une des conséquences historiques est la déforestation, qui ne concerne pas seulement les pays semi-féodaux semi-coloniaux d'Afrique, d'Amérique et d'Asie, mais également les pays impérialistes eux-mêmes, dont bien entendu la France.

Tel est l'arrière-plan de la mort de Rémi Fraisse, 21 ans, lors d'affrontements nocturnes avec la police suite à un grand rassemblement contre la construction d'un barrage dans la forêt de Sivens dans le Tarn. Les forces de répression, au service aveugle de l'urbanisation capitaliste, ont témoigné d'une violence extrême, conformément à leur ligne depuis le début de l'opposition au barrage, de la défense de la zone naturelle.

L’État révèle ici, non pas sa nature fasciste, mais son statut d'outil au service du capitalisme. Ce dernier ne réfléchit pas, il ne « pense » pas, et il n'a aucune valeur morale ou culturelle à part la valorisation du capital, sa reproduction élargie. Tout projet permettant d'appuyer ce processus est forcément soutenu, et par conséquent cela est vrai pour la destruction de l'environnement.

Ce qui est naturel n'existe, pour le mode de production capitaliste, qu'en tant que moyen pour la valorisation du capital. Entre la zone humide dite du Testet et une retenue d'eau maîtrisée et au service de l'agriculture, le capital ne choisit pas : il procède directement à sa réalisation capitaliste.

La lutte contre le barrage de Sivens entrave donc non pas simplement un projet local, mais se confronte à la démarche elle-même du capitalisme d'anéantir la nature comme bon lui semble, afin de procéder à son auto-réalisation par l'exploitation du travail salarié et la production d'un surprofit.

Ainsi, il est déjà inévitable que l'opposition à un projet capitaliste se heurte à la répression. Cela est vrai pour un squat s'opposant à la propriété privée, comme pour une initiative face à un barrage détruisant une forêt. Mais dans ce dernier cas, à l'époque de la crise générale du capitalisme, la répression est d'autant plus brutale qu'elle vise à empêcher l'émergence d'une défense de la nature face aux destructions provoquées par les exigences du mode de production capitaliste.

La question de l'écologie est la question brûlante du 21e siècle. Le socialisme répond à cette exigence de vie en paix avec la biosphère, avec l'ensemble de la matière vivante, qui s'est développée dans un chemin complexe depuis des centaines de milliers d'années.

La contradiction entre villes et campagnes se doit impérativement d'être résolue de manière progressiste. Comme l'a formulé Engels dans l'Anti-Dühring :

« Certes, la civilisation nous a laissé, avec les grandes villes, un héritage qu’il faudra beaucoup de temps et de peine pour éliminer. Mais il faudra les éliminer et elles le seront, même si c’est un processus de longue durée… »

Le capitalisme entend réprimer par contre ce qui s'oppose à sa ligne d'anéantissement de la nature et d'utilisation absolue de tout ce qui existe. Il n'y a dans les faits concrets que deux moyens de briser cette répression : la révolution socialiste, ou bien, temporairement, l'hégémonie dans l'opinion publique. Avec la fascisation de la société, il n'y a cependant plus de réelle opinion publique.

Ainsi, en juin 2013, la mort de Clément Méric lors d'un bagarre avec des activistes d'extrême-droite avait provoqué des réactions immédiates de toute la société et même de l'appareil d’État. Nous sommes en octobre 2014 et la situation a déjà totalement changé, de par les errements de François Hollande et de ses gouvernements. L'opinion publique s'est fascisée de manière terrible.

Il existe, selon le matérialisme dialectique, quatre types d'opinion publique :

* l'opinion publique démocratique bourgeoise, façonnée par la bourgeoisie, son appareil d’État, ses médias, avec des espaces poreux que les progressistes peuvent utiliser ;

* l'opinion publique fasciste, unilatérale dans son écrasante majorité, passive et mobilisée dans les intérêts nationalistes et militaires de l’État fasciste ;

* l'opinion publique démocratique populaire, qui dans le cadre d'une démocratie populaire permet aux progressistes d'avoir l'hégémonie ;

* l'opinion publique socialiste, dans le cadre du socialisme, avec la classe ouvrière façonnant les opinions, la culture, en étant supervisée par le Parti Communiste qui en est l'expression d'avant-garde.

La mort de Rémi Fraisse a mis justement beaucoup de temps avant d'être révélée publiquement, sans parler de la cause de sa mort qui reste toujours « inexpliquée ». Tout cela est bien entendu de la poudre aux yeux de la part de l’État, qui aurait bien aimé que rien ne filtre comme information.

L'opinion publique et les médias se sont également peu mobilisés sur cette question, qui n'aura réussi à être connue que par les mobilisations locales des progressistes, par ailleurs émaillées d'incidents exprimant une juste colère, à Rennes, Brest, Nantes, Chambéry, Albi, Marseille, etc.

Cela révèle la difficulté de la situation quant au travail de diffusion des conceptions progressistes alors que l'opinion publique est paralysée, voire réactionnaire.

A cela s'ajoute un point important : à travers la crise générale du capitalisme naît non seulement le fascisme, mais également une opposition progressiste se lançant dans des luttes dont le caractère ne peut être compris qu'en regardant comment elles se placent par rapport à la contradiction entre villes et campagnes et à la contradiction entre travail manuel et travail intellectuel.

La lutte contre le barrage de Sivens ne doit être certainement pas réduite à une lutte « sociale » d'un type particulier, ou bien d'une défense des « petits paysans » contre les grands projets. L'arrière-plan véritable est la saisie par une partie de la jeunesse des enjeux formidables des trente prochaines années.

Comment se développeront les forces productives : de manière planifiée et harmonieuse, en accord avec la planète comme biosphère ? Ou bien de manière chaotique, suivant la loi de la concurrence et des guerres impérialistes ?

L’alternative pour les 30 prochaines années en France est la suivante : soit la continuation du capitalisme avec la généralisation de centres-villes riches et ayant tendance à former une oligarchie, et l'étalement toujours plus grand des zones rurbaines, jusqu’à l’absorption complète de la nature.

Et finalement la généralisation de la barbarie pour une longue période, en raison du caractère dénaturé de l’humanité et de l’effondrement de toutes les valeurs de civilisation.

Soit la révolution socialiste, signifiant l’arrêt de la destruction de la nature, par le recul des villes et la construction de communes populaires conjuguant de manière harmonieuse nature et culture.

Tel est le sens du slogan du PCMLM : Socialisme ou retombée dans la barbarie !

Parti Communiste Marxiste Léniniste Maoïste [France]
Octobre 2014

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