21 avr 2019

De Notre-Dame de Paris à Racine, jusqu'à aujourd'hui

Submitted by Anonyme (non vérifié)

La publication du dossier sur Racine est un événement important pour nos dossiers matérialistes historiques. Éminente figure littéraire, ce grand tragédien du XVIIe siècle a également façonné l'esprit français, comme il l'a reflété. Son œuvre possède une profonde dimension à la fois dialectique et portraitiste, comme d'ailleurs bien souvent lors du grand siècle (qu'on pense à La Bruyère), et exprime l'affirmation des femmes dans la pleine reconnaissance de leur dimension psychologique.

Un autre aspect important est la publication de ce dossier peu après la destruction par le feu de la toiture, de charpente (et de la flèche, plus récente) de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Si en effet, nous situant dans la tradition communiste, nous valorisons le passé culturel comme un héritage des siècles et l'intégrons à ce qu'on appelle la culture, tel n'est pas du tout le cas d'une extrême-gauche (ou d'une ultra-gauche) qui, quant à elle, pratique le nihilisme national.

Cela n'a rien de nouveau. Dans les années qui ont suivi la révolution russe, tout un mouvement composé de gens qualifiés de « gauchistes » par Lénine reprochait aux bolchéviks d'avoir abandonner le programme de la destruction complète des anciennes valeurs de la société. Il s'avère cependant que tel n'a jamais été le programme des bolcheviks et c'est pour cela que le Parti bolchévik a suivi Lénine, puis Staline.

Les communistes veulent en effet le dépassement du capitalisme, pas sa négation ; ils considèrent que l'humanité a accumulé des valeurs culturelles et sociales, pas qu'il y aurait des paliers où l'on supprime tout ce qu'il y avait dans la période précédente.

Les gauchistes voulaient ainsi abandonner la notion de famille, de couple, au profit de la « révolution sexuelle » ; dans le domaine esthétique, ils prônaient également le « culte du prolétaire » (proletkult) ou le futurisme, et entendaient fermer les musées. Ils rejetaient toute valeur au folklore et aux traditions populaires. Par conséquent, tous ces gauchistes furent mis au pas et dans les années 1930, la question fut réglée.

Le réalisme socialiste devint alors la norme esthétique des communistes et il fut compris comment, dans un cadre socialiste, la culture nationale se développe dans la perspective de la fusion future avec les autres cultures nationales ayant rejoint le socialisme. Le cadre capitaliste étant national, alors c'est dans le cadre national que tout se joue. Le socialisme ne nie pas ce cadre national, mais il procède à son dépassement à partir de lui-même.

Voilà pourquoi, à rebours des gauchistes, qui aujourd'hui en arrivent même à nier l'existence de la nation française, et à l'encontre de toute lecture nationaliste réactionnaire, les communistes valorisent le parcours national sur le plan culturel, en tant qu'accumulation de valeurs et de productions artistiques.

Il n'existe pas de culture « bourgeoise » ; il y a la culture et il y a ce qui est décadent. Chaque période de l'histoire a apporté des éléments de culture ; même s'ils sont ancrés dans leur époque et à ce titre possèdent des limites, ils relèvent cependant tout de même de la culture. Il s'agit donc de les préserver, d'apprendre d'eux, de les prolonger.

Il y a une ligne à la fois droite et tortueuse qui va de la cathédrale Notre-Dame de Paris à Racine, jusqu'à aujourd'hui. Le mode de production capitaliste la nie, parce que sa démarche est cosmopolite, tout comme le fascisme la dénature, la réinterprétant selon les intérêts qu'il défend.

Le matérialisme historique l'interprète de la manière correcte, permettant de la faire vivre dans les productions nouvelles de la culture.