La «grande polémique» entre le Parti Communiste d'Union Soviétique et le Parti Communiste de Chine - une grande leçon de critique de l'opportunisme pour les communistes!
Submitted by Anonyme (non vérifié)La critique de l'opportunisme est essentielle pour les communistes.
Sans cette critique ininterrompue, la ligne révolutionnaire s'étiole et se transforme en son contraire.
Une telle lutte a possédé un caractère marquant : il s'agit de la critique effectuée par le Parti Communiste de Chine (PCC) des positions erronées du Part i Communiste d'Union Soviétique (PCUS).
Cette critique concerne le Parti Communiste du premier pays à être devenu socialiste; elle a donné lieu à un débat dans tout le Mouvement Communiste International (MCI); l'usage veut que l'on parle de «la grande polémique.»
Elle a donné naissance à ce qui a été appelé à l'époque le «mouvement marxiste-léniniste », composé de tous ceux refusant de réviser le marxisme-léninisme comme l'exigeait le PCUS.
Le PCUS considérait en effet que son vingtième congrès, en 1956, avait une signification essentielle pour l'ensemble du Mouvement Communiste International (MCI).
Le PCUS affirmait ainsi par exemple que dans les pays capitalistes la classe ouvrière avait «la possibilité d'infliger une défaite aux forces réactionnaires et anti-populaires, de conquérir une solide majorité au Parlement et de transformer cet organe de la démocratie bourgeoise en véritable instrument de la volonté populaire. » (Khrouchtchev, rapport présenté au XXème congrès du PCUS sur l'activité du Comité Central).
Lénine avait expliqué que «Sans révolution violente, il est impossible de substituer l'Etat prolétarien à l'Etat bourgeois » (L'Etat et la révolution); il avait fermement combattu les positions du révisionniste Bernstein, qui affirmait qu' «Un jour viendra où elle [la classe ouvrière] sera devenue si puissante en nombre et jouera un si grand rôle pour l'ensemble de la société que le palais des dominateurs ne pourra plus résister à sa pression et s'effondrera pratiquement tout seul. » (Bernstein, La grève politique des masses et la situation politique de la social-démocratie allemande).
Lénine avait dit au sujet de Bernstein et de ses partisans : «Les bernsteiniens ont admis et admettent le marxisme à l'exception de son aspect directement révolutionnaire. Ils considèrent la lutte parlementaire non comme un moyen de lutte convenant parfaitement à certaines époques historiques, mais comme la principale et pour ainsi dire la seule forme de combat qui rend la «violence », la «saisie », la «dictature » inutiles. » (La victoire des cadets et les tâches du parti ouvrier).
Les thèses du PCUS réhabilitaient ainsi celles de Bernstein.
De la même manière, le PCUS déformait la théorie de la coexistence pacifique, la transformant en collusion avec l'impérialisme. Khrouchtchev avait ainsi affirmé lors de son rapport au XXème congrès: «Nous voulons être amis avec les Etats-Unis et coopérer avec eux dans la lutte pour la paix et la sécurité des peuples, ainsi que dans les domaines économiques et culturels. »
Le PCUS révisait ainsi les thèses sur la nature de l'impérialisme.... La résolution prise à ce même congrès allait jusqu'à dire que les guerres n'étaient plus fatales, que certains pays impérialistes étaient pour la paix tout autant que l'URSS : «L'Union soviétique, tout comme la Grande-Bretagne, la France... a le plus vif intérêt à empêcher le déclenchement d'une nouvelle guerre en Europe. » (Résolution du XXème congrès sur le rapport du Comité Central).
«La nouvelle répartition des forces internationales qui s'est créée, après la deuxième guerre mondiale, donne des raisons d'affirmer que, désormais, une nouvelle guerre mondiale n'est plus fatale, qu'on peut la prévenir. » (Khrouchtchev, dans la revue américaine de géopolitique Foreign Affairs en septembre 1959)
Le rapport au XXème congrès affirme également que «Plus d'un milliard deux cent millions d'hommes, soit près de la moitié de la population du globe, se sont affranchis de la dépendance coloniale ou semi-coloniale... La Chine populaire et la République indienne indépendante ont accédé au rang de grandes puissances. »
Etait ainsi révisé les thèses communistes sur le néo-colonialisme, sur la transformation des nations opprimées, après des pseudos-indépendances, en pays semi-féodaux semi-coloniaux.
Les thèses du XXème congrès sont ensuite renforcées d'autres thèses, notamment au XXIIème congrès de 1961, où le PCUS adopta également les thèses concernant «l'Etat du peuple tout entier » et du «Parti du peuple tout entier », car «en URSS la dictature du prolétariat n'est plus nécessaire. »
Le PCUS rejetait ainsi la continuation de la lutte de classe dans le socialisme, tronquant la dictature du prolétariat au profit du concept d'Etat du peuple tout entier; de la même manière il avait modifié les principes de coexistence pacifique en collusion claire avec l'impérialisme US. Sur le plan international le PCUS niait l'existence du néo-colonialisme; il prônait également la «voie parlementaire au socialisme. »
Les thèses du révisionnisme moderne étaient ainsi la négation que l'impérialisme produise inévitablement la guerre, la négation de la nécessité impérieuse pour le prolétariat de prendre le pouvoir par les armes, la négation de l'existence du néo-colonialisme ayant fait des anciennes colonies des pays semi-féodaux semi-coloniaux, la négation de la lutte idéologique dans le socialisme.
Toutes les thèses révisionnistes remettaient en questions les enseignements de Marx, Engels, Lénine et Staline, et le PCUS accablait également Staline afin de pouvoir liquider le léninisme, par l'intermédiaire du prétendu «culte de la personnalité » qu'il faudrait critiquer.
La critique de ces positions révisionnistes a consisté en une analyse montrant le caractère erroné des thèses «nouvelles » du PCUS; toute une série de documents ont été publiés par le Parti Communiste de Chine (PCC) afin de démasquer ce qui a été appelé le révisionnisme moderne.
Les critiques effectuées par le Parti Communiste de Chine ont été progressives, pour deux raisons : la première était que le révisionnisme moderne était un phénomène nouveau, puisque l'URSS était le premier Etat socialiste de l'histoire et que sa transformation révisionniste n'avait donc aucun antécédent.
La seconde raison est que les communistes authentiques tentaient de «gagner le centre », c'est-à-dire de gagner les camarades sincères se faisant tromper par le révisionnisme, révisionnisme profitant du prestige de l'URSS.
Cette perspective d'éducation signifiait qu'il fallait prouver que le souci de l'unité du Mouvement Communiste International (MCI) était essentiel au yeux de ceux qui étaient qualifiés de «scissionnistes » par la direction du Parti Communiste d'Union Soviétique (PCUS); il fallait montrer que les véritables scissionnistes sont ceux qui modifient, qui révisent les thèses révolutionnaires.
Ces deux raisons sont très importantes.
Certains nient leur existence et pensent qu'il est simplement souhaitable pour les communistes de défendre les documents communs PCUS-PCC de 1957 et 1960; il en est également d'autres pour considérer que les critiques effectuées par le PCC sont insuffisantes en elles-mêmes, niant la question du contexte.
Rien n'est plus faux et anti-dialectique que ces deux thèses qui soit amènent à accepter des thèses en partie erronées en raison des compromis faits (compromis que le Parti Communiste de Chine a lui-même admis), soit amènent à considérer que le Parti Communiste de Chine n'a pas émis une critique systématique et suffisante du révisionnisme moderne.
Ces thèses nient le contexte de la bataille entre deux lignes au sein du Mouvement Communiste Internationale.
Elles sont anti-dialectiques et ne constatent pas non plus que la critique du révisionnisme moderne effectuée par le PCC a progressé au fur et à mesure, qu'elle est montée en puissance, parallèlement à l'approfondissement des thèses du révisionnisme moderne lui-même; elle doit être relativisée dans la mesure où le PCC a expliqué par la suite que l'URSS était devenue un social-impérialisme.
Peut-on faire des déclarations communes avec le social-impérialisme?
Non, bien entendu.
Est-il possible de dire d'un côté qu'il y a un putsch fasciste en URSS en 1953, et de l'autre de se revendiquer des documents communs PCUS-PCC de 1957 et 1960?
Non, et pourtant certains «marxistes-léninistes », qui se définissent comme «marxistes-léninistes pensée Mao Zedong », le font sans aucune honte, montrant par là qu'ils n'assument pas les conclusions de la grande polémique, qu'ils n'ont pas compris l'analyse du révisionnisme faite par le PCC.
Ces gens sont obligés d'expliquer que l'URSS n'était fasciste qu'après Khrouchtchev, sous Brejnev, qu'il n'y a pas eu de putsch fasciste en 1953, tout cela pour justifier leur incompréhension fondamentale de l'approfondissement dialectique de la compréhension du phénomène révisionniste.
Ces gens pouvaient bien se douter pourtant que les documents communs PCC-PCUS, fruits de compromis politiques, étaient l'expression d'une bataille ardue entre les deux lignes idéologiques et politiques au sein du Mouvement Communiste International, et le fait est même que le Parti Communiste de Chine l'a lui-même présenté ainsi par la suite.
Si l'on ne comprend pas cela, on fait de la «grande polémique » un fétiche, on ne progresse pas, on reste en arrière en ce qui concerne les questions théoriques et idéologiques; on rejette Mao Zedong comme insuffisant ou on adopte des thèses erronées qu'on lui attribue.
De plus, si l'on considère qu'il y a eu une lutte entre deux lignes et si l'on reconnaît, en marxiste, la lutte entre deux lignes, alors il est évident que cette lutte se reflétait également dans le PCUS et le PCC.
C'est également un aspect important. Si l'on prend ainsi les documents en 1956 du PCC et du Parti du Travail d'Albanie (le second parti à avoir critiqué le révisionnisme moderne), on peut voir que ceux-ci contiennent des thèses clairement favorables au révisionnisme moderne.
On peut voir cela en ce qui concerne la critique effectuée par Staline du révisionnisme yougoslave.
Le PCC affirme ainsi dans «L'expérience historique de la dictature du prolétariat » que Staline a pris une «décision erronée » au sujet de la question yougoslave, qu'il est «compréhensible » que les dirigeants yougoslaves en gardent «rancune » à Staline.
De la même manière, le comité central du PTA, dans son rapport au troisième congrès en 1956, explique ainsi : «Notre Parti s'était déclaré solidaire de la résolution du Bureau d'Information [du kominform, critiquant le titisme]. Nous avons avoué et nous avouons que nous avons été trompés, exactement comme d'autres partis ouvriers et communistes, furent trompés eux aussi par les provocations du vil agent de l'impérialisme Béria contre la Yougoslavie...
Tout est clair maintenant : notre parti a avoué ses erreurs de son côté parce qu'il analysa de façon objective, et il est décidé à enterrer le triste passé et à ce qu'il n'y ait plus d'obstacles au renforcement sincère de l'amitié entre les deux Etats et Partis. »
Pourtant, quelques années après, le PCC et le PTA critiqueront totalement le révisionnisme yougoslave et défendront la position de Staline sur cette question.
On peut d'ailleurs voir la même chose en ce qui concerne la question de Staline lui-même. Si Staline est globalement défendu, de nombreuses erreurs lui sont attribuées au départ de la «polémique », à partir d'arguments clairement révisionnistes.
Dans le document «Encore une fois à propos de l'expérience historique de la dictature du prolétariat », le PCC reprend les termes de «culte de la personnalité »; le PTA les utilisera également au troisième congrès de 1956 : «Le culte de la personnalité et le dédain envers la critique et les conseils corrects des membres du bureau politique du comité central du Parti Communiste d'URSS, le dédain envers les normes du Parti ont amené le camarade Staline à faire des erreurs; à la veille de la guerre pour le salut de la patrie, il ne montra pas la vigilance nécessaire vis-à-vis du fascisme allemand, il ne montra pas la sollicitude requise pour la continuation du développement de l'agriculture socialiste et le haussement du bien-être matériel des paysans des kolkhozes, il soutint et encouragea la ligne erronée sur la question de la Yougoslavie, etc.
Dans de telles circonstances, le camarade Staline se montrait partial dans ses vues et se détachait des masses. »
Par la suite ces deux partis rejetteront catégoriquement la thèse du «culte de la personnalité », affirmant qu'il s'agit d'une thèse révisionniste visant à diffamer Staline et le communisme.
On comprend alors que la lutte contre le révisionnisme moderne était une lutte concrète, une lutte politique, une lutte prenant pied dans le réel.
Elle a eu lieu non seulement dans le Mouvement Communiste International, mais aussi dans chacun des partis , quelles que soit les positions défendues.
C'est pourquoi, dans la connaissance de cette situation comprise à partir du principe de la «lutte entre les deux lignes », le Parti Communiste de Chine n'a pas polémiqué gratuitement, de manière idéaliste, mais bien pour écraser non seulement idéologiquement mais également politiquement le révisionnisme.
Il ne s'agissait pas simplement de «défendre des principes » de manière abstraite, comme ceux qui se désignent sous le terme de «marxistes-léninistes » l'expliquent.
Il s'agissait d'empêcher le révisionnisme de gagner concrètement l'hégémonie dans le Mouvement Communiste International.
Il ne faut pas nier la réalité, il ne faut jamais oublier que la politique doit être au poste de commandement; il ne faut jamais partir de connaissances abstraites, coupées de la réalité, mais toujours de l'analyse concrète de la situation.
Lénine a rappelé dans "Matérialisme et empirio-criticisme" que : «Le point de vue de la vie, de la pratique, doit être le point de vue premier, fondamental de la théorie de la connaissance. Écartant de son chemin les élucubrations interminables de la scolastique professorale, il mène infailliblement au matérialisme. »
La lutte contre le révisionnisme moderne prend sa source dans le MCI, il ne s'agit pas d'un débat universitaire. Voilà pourquoi le Parti Communiste de Chine a pratiqué une critique du PCUS qui a été progressive et éducative.
Si on ne comprend pas cela, on ne peut pas comprendre pourquoi le PCC a pu signer en 1960 un document avec le PCUS affirmant qu'il fallait «dépassement des suites néfastes du culte de la personnalité », pour dire en 1963, dans ses «Propositions concernant la ligne générale du Mouvement Communiste International », que «Pendant ces dernières années, allant à l'encontre de la doctrine intégrale de Lénine concernant les rapports entre les chefs, le Parti, les classes et les masses, certains ont soulevé la question de ce qu'on appelle la «lutte contre le culte de la personnalité »; cela est erroné et nuisible. »
Il est clairement erroné de ne pas relativiser les documents communs PCUS-PCC, alors que le PCC lui-même a expliqué pourquoi il fallait le faire.
Dans le document "Les divergences entre la direction du PCUS et nous - leur origine et leur évolution", le PCC explique que «Le XXème congrès du PCUS fut le premier pas de la direction du PCUS dans la voie du révisionnisme.
Et depuis, la ligne révisionniste de la direction du PCUS a connu le processus suivant : naissance, formation, développement et systématisation. La connaissance de cette ligne révisionniste a passé également par un processus d'approfondissement graduel. »
Il explique son attitude dans ces termes: «Nous avons agi de la sorte dans l'intérêt du mouvement communiste international et aussi pour amener la direction du PCUS à en tirer la leçon sans retard, afin de se corriger et de ne pas glisser encore plus bas dans la voie de la répudiation du marxisme-léninisme. »
Dans ce sens, le PCC a raison : la déclaration PCUS-PCC de 1957 est un pas en avant, dans la mesure où les thèses formulées infirment en de nombreux points les thèses révisionnistes du XXème congrès du PCUS.
Lorsque le PCUS a continué à approfondir son orientation révisionniste, le PCC a pu ainsi mettre en avant les thèses du document de 1957, en publiant en 1960 le document «Vive le léninisme! »
Cette même année un nouveau document commun fut rédigé, à la conférence de Moscou, où le PCUS dut encore une fois reprendre certaines de ses thèses.
Mais comme l'explique le PCC dans le document "Les divergences entre la direction du PCUS et nous - leur origine et leur évolution", «La direction du PCUS n'a aucune considération pour les documents concertés des partis frères.
L'encre des signatures était à peine sèche au bas de la Déclaration de 1960 que la direction du PCUS entreprit de la violer.
Khrouchtchev apposa sa signature sur la Déclaration, le 1er décembre, au nom du comité central du PCUS, et vingt-quatre heures après, en violation de l'accord des partis frères, le même Khrouchtchev parlait à profusion de la Yougoslavie, la présentant comme un pays socialiste, lors du banquet en l'honneur des délégations des partis frères. »
Comme on le voit, la ligne du PCC était de préserver l'unité du MCI afin de ne pas aider les anticommunistes et de mener une lutte entre deux lignes afin d'aider la ligne rouge dans le PCUS et le MCI.
Une critique abstraite amenant une rupture totale et immédiate n'aurait eu aucun sens historique; la critique publique n'a été possible qu'après que de nombreuses critiques bilatérales eurent été faites, qu'après que le PCUS eut effectué des sauts qualitatifs dans le développement de son orientation révisionniste.
La ligne rouge, pour émerger, a besoin de forces, de grandir; telle a été la ligne du Parti Communiste de Chine.
Comme il le dit dans le document "Les divergences entre la direction du PCUS et nous - leur origine et leur évolution",
«Le mouvement communiste international traverse actuellement une période cruciale. Du débat qui se poursuit actuellement dépend l'avenir de la révolution mondiale prolétarienne et le destin de l'humanité. L'histoire prouvera qu'à l'issue de ce grand débat, le marxisme-léninisme rayonnera d'un plus vif éclat, que la cause révolutionnaire du prolétariat international et des peuples du monde remportera de plus grandes victoires. »
Voilà quel a été le sens de la responsabilité du PCC, la signification de sa lutte.
La ligne du PTA en 1960 a été la même que celle du PCC; Hoxha, lors de son discours à la conférence de 1960, a souligné le caractère unitaire, malgré les défauts, du communiqué des 81 partis communistes et ouvriers.
Dans son discours du 7 novembre 1961, à l'occasion du 20ème anniversaire du PTA et le 44ème de la révolution d'octobre, Hoxha affirma également : «le Parti du Travail d'Albanie a toujours déclaré et déclare aussi maintenant que les expériences du PCUS, les expériences de ses congrès, y compris des XXème et XXIIème congrès, ont toujours été, sont et resteront toujours une grande aide sur notre voie vers la construction de la société socialiste et communiste. »
Il va de soi néanmoins que le fait d'avoir accepté des concessions dans les documents communs PCC-PCUS a un aspect négatif très important, allant au-delà des nécessités du moment au sein du Mouvement Communiste International.
Le PCC a exprimé son autocritique à ce sujet.
Dans le document de mars 1964 intitulé «La révolution prolétarienne et le révisionnisme de Khrouchtchev », le PCC explique ainsi le contexte du document de 1960: «Au cours de la conférence, les parties chinoise et soviétique ne purent aboutir à un accord, chacun restant sur ses positions.
Finalement la délégation du P.C.C., prenant en considération le désir général des partis frères de voir naître un document commun à l'issue de cette conférence, fit de nouveau des concessions à ce sujet en tenant compte, une fois encore, des besoins de la direction du P.C.U.S.
Nous avons donné notre accord pour que les passages en question de la Déclaration de 1957 fussent intégralement repris dans celle de 1960.
Nous avons distribué, en même temps à cette conférence, les Thèses sur le problème du passage pacifique formulées, le 10 novembre 1957, par le Parti Communiste de Chine, et nous avons précisé que c'était la dernière fois que nous prenions les difficultés des dirigeants du P.C.U.S. en considération, que nous n'agirions plus jamais de la sorte.
Si des camarades estiment que nous avons eu tort d'avoir fait des concessions à la direction du P.C.U.S., nous accepterons volontiers leurs critiques. »
Cette autocritique du PCC est niée autant par les marxistes-léninistes rejetant Mao Zedong (les «hoxhaïstes ») que les marxistes-léninistes pensée Mao Zedong.
Elle est pourtant essentielle car elle permet de comprendre scientifiquement la nature du révisionnisme moderne, de comprendre la nature social-fasciste de l'URSS de Khrouchtchev.
Les hoxhaïstes ont résolu le problème en trafiquant leurs documents et en niant totalement les positions de compromis effectuées par le PTA, affirmant que ce parti a toujours totalement critiqué le révisionnisme de manière ouverte et complète.
Cette position est fausse historiquement et nie le caractère positif de la présence du PTA auprès du PCC pour une critique constructive et éducative du révisionnisme moderne au sein du Mouvement Communiste International.
Elle consiste en un révisionnisme historique pour donner une image «pure » du PTA qui ne correspond qu'à un idéalisme petit-bourgeois; elle réduit la bataille politique à une lutte universitaire pour des «principes», alors que les principes sont partie intégrante de la politique révolutionnaire.
C'est un apport essentiel du léninisme, de la conception de la lutte partisane des communistes.
Certains n'ont pas compris cette question d'esprit de Parti et rejoignent par-là même les positions révisionnistes.
Car il faut noter bien entendu que le PCUS n'a pas accepté qu'il y ait débat.
Dans la lettre du PCUS au PCC du 30 mars 1963, le PCUS demande que soit mis «fin à une polémique ne cadrant pas avec la camaraderie »;
«Notre parti ne se laisse pas entraîner par la passion de la lutte polémique, mais, conscient de notre responsabilité commune devant le mouvement communiste mondial, il cherche à stopper le processus dangereux de glissement vers un nouveau cycle de discussions. »
Cet argument sera inlassablement repris par le PCUS; aujourd'hui encore les «marxistes-léninistes » utilisent les mêmes arguments contre les marxistes-léninistes-maoïstes pour refuser toute discussion et prise de position, au nom de «l'unité. »
L'attitude conciliatrice vis-à-vis des divergences idéologiques, le refus même des les accepter, est une position clairement issue du révisionnisme du PCUS, de l'influence du révisionnisme moderne.
Cette question est très importante pour les communistes; il faut souligner qu'encore aujourd'hui beaucoup de camarades ne comprennent pas l'importance et la signification de la lutte idéologique intransigeante.
Staline nous enseigne au sujet de l'histoire du bolchévisme : «Tout bolchévik sait, s'il est vraiment un bolchévik, que, bien avant la guerre déjà, en gros depuis 1903-1904, alors qu'en Russie, le groupe des bolchéviks se formait, et alors que la gauche se faisait remarquer pour la première fois dans la social-démocratie allemande, Lénine s'était orienté vers la rupture, vers la scission avec les opportunistes, autant chez nous, dans le parti social-démocrate de Russie, que dans la IIde Internationale, en particulier dans la social-démocratie allemande.
Tout bolchévik sait que, précisément pour cela, les bolchéviks, déjà à ce moment (1903-1905), s'étaient conquis dans les rangs des opportunistes de la IIde Internationale le titre honorables de «scissionnistes » et de «désorganisateurs. » (Sur quelques questions de l'histoire du bolchévisme)
Lénine nous rappelle également que : «Marx n'appartenait pas au nombre de ces pédants et de ces philistins de la révolution qui craignent plus que tout la «polémique » dans les moments historiques révolutionnaires. » (La question nationale dans notre programme).
Dans le document "Les dirigeants du PCUS - les plus grands scissionnistes de notre temps", le PCC dit : «Le marxisme-léninisme est une science, et la science ne craint pas le débat, seul le craint ce qui n'est pas science. »
Ces thèses sont-elles correctes ou erronées?
Et puisqu'elles sont indéniablement justes, quels ont été précisément les apports de la «grande polémique »?
L'une des premières choses qu'il faut noter est le concept de «contradictions fondamentales » développé par le PCC.
Dans le document "Propositions concernant la ligne générale du mouvement communiste international", le PCC affirme : «Quelles sont les contradictions fondamentales du monde contemporain?
Les marxistes-léninistes ont toujours estimé qu'elles sont les suivantes :
Contradiction entre le camp socialiste et le camp impérialiste;
Contradiction entre le prolétariat et la bourgeoisie au sein des pays capitalistes;
Contradiction entre les nations opprimés et l'impérialisme;
Contradiction entre pays impérialistes, entre groupes monopolistes. »
Un second point important développé par le PCC est le principe de la zone des tempêtes.
Le PCUS a sans cesse affirmé que le véritable bastion du mouvement révolutionnaire démocratique anti-impérialiste dans les pays opprimés était... les classes ouvrières des pays capitalistes.
La conférence internationale des partis communistes et ouvriers de Moscou en 1969 affirme par exemple que : «La classe ouvrière dans les bastions du capitalisme est la principale force motrice de la lutte révolutionnaire du mouvement anti-impérialiste démocratique. »
Telle n'est pas la position du PCC.
Celui-ci explique : «C'est dans les vastes régions d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine que convergent les différentes contradictions du monde contemporain, que la domination impérialiste est la plus faible, et elles constituent aujourd'hui la principale zone des tempêtes de la révolution mondiale qui assène des coups directs à l'impérialisme.
Le mouvement révolutionnaire national et démocratique de ces régions et le mouvement révolutionnaire socialiste dans le monde sont les deux grands courants historiques de notre époque.
Les révolutions nationales et démocratiques de ces régions constituent une partie intégrante importante de la révolution mondiale prolétarienne de notre époque.
La lutte révolutionnaire anti-impérialiste des peuples d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine frappe et mine sérieusement les bases de la domination de l'impérialisme, du colonialisme et du néo-colonialisme, elle est une force puissante dans la défense de la paix mondiale de notre temps.
C'est pourquoi, dans un certain sens, l'ensemble de la cause révolutionnaire du prolétariat international dépend en définitive de l'issue de la lutte révolutionnaire menée par les peuples de ces régions, qui constituent l'écrasante majorité de la population mondiale.
C'est pourquoi la lutte révolutionnaire des peuples d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine contre l'impérialisme n'est pas du tout une question à caractère régional, mais une question qui concerne l'ensemble de la cause de la révolution mondiale du prolétariat. » (Propositions concernant la ligne générale du mouvement communiste international)
Le passage sur la «défense de la paix mondiale de notre temps » ne sera pas repris lorsque ce passage sera cité dans le document «Des défenseurs du néo-colonialisme », publié quelques mois plus tard: il ne s'agit en effet pas d'une proposition pour la ligne générale du MCI, mais d'une analyse du PCC lui-même.
Dans ce même document «Des défenseurs du néo-colonialisme » et en relation avec le concept des «quatre contradictions», le PCC affirme que : «Le point de convergence des contradictions du monde, le point de convergence de la lutte politique mondiale, n'est pas fixe, mais se déplace en fonction des fluctuations de la lutte à l'échelle internationale et de la conjoncture révolutionnaire. Nous sommes persuadés qu'avec le développement des contradictions et de la lutte entre le prolétariat et la bourgeoisie, le grand jour viendra où un grand combat se livrera en Europe occidentale et en Amérique du Nord, berceau du capitalisme et centre nerveux de l'impérialisme.
Il est hors de doute qu'à ce moment-là, l'Europe occidentale et l'Amérique du Nord deviendront le point de convergence de la lutte politique mondiale, le point de convergence des contradictions du monde. »
Cette thèse est tout à fait correcte, elle correspond aux analyses effectuées jusqu'ici par Lénine et Staline.
Au sujet du développement inégal de la révolution mondiale, le programme de l'Internationale Communiste (1928) dit : «Ce procès de la révolution mondiale comprend la lutte immédiate pour la dictature du prolétariat, les guerres de libération nationale et les soulèvements coloniaux contre l'impérialisme, indissolublement liés au mouvement agraire des grandes masses paysannes. La masse innombrable des hommes s'est ainsi trouvée entraînée dans le torrent révolutionnaire.
L'histoire du monde est entrée dans une nouvelle phase, celle de la crise générale et durable du système capitaliste.
L'unité de l'économie mondiale s'exprime dans le caractère international de la révolution; et l'inégalité de développement des diverses parties de l'économie mondiale dans le fait que les révolutions n'éclatent pas simultanément dans les différents pays. »
La thèse du PCC correspond bien à la ligne de l'Internationale Communiste, à la position communiste authentique affirmant l'importance fondamentale de la révolution démocratique dans les pays opprimés.
Le PCUS a poussé au chauvinisme métropolitain, alors que le PCC a souligné le caractère essentiel des luttes révolutionnaires dans la zone des tempêtes.
Cette question essentielle est le plus souvent «oubliée » par ceux qui prétendent se revendiquer de la critique du révisionnisme moderne, mais ne sont en fait que des révisionnistes masqués.
Leurs positions sont les mêmes que les trotskystes, qui estiment impossible la révolution socialiste dans les «pays arriérés », ce qui les amène à soutenir toutes sortes de bourgeoisies nationales droitières ou bureaucratiques, de Khomeiny à Chavez.
Si l'on prend par exemple le Parti Communiste Marxiste-Léniniste de France, ce parti a défendu dans les années 1970 la même conception que le PCUS, c'est-à-dire qu'il rejetait les thèses exprimées par le Parti Communiste de Chine lors de la «grande polémique. »
Son secrétaire général Jacques Jurquet affirmait ainsi dans l'Humanité rouge (du 21 janvier 1977) que : «L'importance que nous accordons au tiers-monde ne contient en aucune façon la sous-estimation des forces révolutionnaires de la classe ouvrière des pays capitalistes. Celles-ci sont en effet le noyau idéologique et politique sur lequel repose le caractère de classe de la révolution mondiale. »
Une telle thèse est exactement la même que celle avancée par le PCUS.
Cela va totalement à l'opposé des enseignements de Lénine et de Staline. Comme ce dernier l'a affirmé : «La question nationale est une partie de la question générale de la révolution prolétarienne, une partie de la question de la dictature du prolétariat. » (Les principes du léninisme).
La position du PTA a été la même que celle du PCC concernant l'évaluation de la situation mondiale : «L'un des critères les plus importants pour juger si un parti se tient sur des positions révolutionnaires, c'est aujourd'hui le comportement à l'égard des mouvements de libération nationale et du mouvement révolutionnaire des peuples d'Asie, d'Afrique et d'Amérique du sud, qui constituent la majorité absolue de la révolution mondiale. Ces pays sont aujourd'hui les maillons les plus faibles de la chaîne impérialiste, les points de convergence des contradictions du monde capitaliste et de puissants foyers de la lutte anti-impérialiste et révolutionnaire. » (Khrouchtchev déploie ouvertement la bannière de la division et de la trahison, Octobre 1964)
Inversement, certains ont affirmé qu'il fallait se tourner les pouces dans les pays impérialistes en attendant que le tour des pays capitalistes arrive.
Ces gens considèrent qu'il faut attendre que la révolution ait eu lieu dans les pays opprimés, que leur pays impérialiste ait été affaibli militairement et économiquement, avant de pouvoir entreprendre une politique révolutionnaire authentique.
Cette thèse nie la contradiction prolétariat - bourgeoisie au sein des pays capitalistes, qui est l'aspect principal dans ces pays, même si historiquement la contradiction mondiale est plus avancée dans les nations opprimées.
C'est une thèse opportuniste, qui a eu une grande importance aux USA, mais également en Allemagne.
De par sa lutte contre le révisionnisme moderne qui s'est développé en Union Soviétique, le Parti Communiste de Chine a donné les moyens aux communistes de tous les pays de reprendre le drapeau abandonné par les révisionnistes et de reconstruire le Parti Communiste.
Il va de soi que ce Parti Communiste devenait d'un type nouveau, profitant de l'expérience négative vécue par le PCUS.
Le Parti Communiste de Chine explique à ce sujet : «A propos de l'apparition de la clique révisionniste de Khrouchtchev en Union soviétique, notre attitude à nous, marxistes-léninistes, est la même que notre attitude envers touts les «troubles »: primo, nous sommes contre; secundo, nous ne la craignons pas.
Nous ne l'avons pas souhaitée et nous sommes contre, mais puisque la clique révisionniste de Khrouchtchev a fait son apparition, il n'y a là rien de terrifiant et il n'y a aucune raison de s'alarmer.
La terre continuera à tourner, l'histoire poursuivra sa marche en avant, comme toujours les peuples du monde entier continueront à faire la révolution, et les impérialistes et leurs laquais vont inévitablement à leur perte. » (Le pseudo-communisme de Khrouchtchev et les leçons qu'il donne au monde)
Ce point de vue, c'est le point de vue du Parti Communiste de Chine et de son dirigeant Mao Zedong, qui a été considéré comme le chef de file des communiste dans la bataille contre le révisionnisme moderne.
Le PTA avait ainsi reconnu l'importance de Mao Zedong dans le processus de lutte contre le révisionnisme moderne, en le qualifiant de «digne continuateur de la cause de Marx, Engels, Lénine et Staline » (Zerit i populit du 29 janvier 1966, dans l'article «Pourquoi est-ce que le choeur impérialiste - révisionniste attaque avec colère le Parti Communiste de Chine et la grande révolution culturelle prolétarienne?»).
Dans le document «Amitié éternelle », communiqué commun du PCC et du PTA en 1966, il est également dit : «Le partenaire albanais souligne que la source de toutes les victoires et de tous les succès grandioses de la République Populaire de Chine dans la révolution socialiste et pendant l'édification du socialisme ainsi que dans la lutte contre l'impérialisme, les réactionnaires des différents pays et le révisionnisme moderne pour le soutien de tous les peuples opprimés et de toutes les nations opprimées, ce sont la ligne correcte marxiste-léniniste du glorieux Parti Communiste de Chine, les grandes leçons et idées du camarade Mao Zedong, qui sont la liaison créative de la vérité générale du marxisme-léninisme avec la pratique de la révolution chinoise et de la construction du socialisme en Chine, le développement plus avant de la théorie du marxisme-léninisme à l'époque actuelle. »
Le Parti du Travail d'Albanie a par la suite trahi cette position, préférant profiter de la mort de Mao Zedong et du putsch fasciste en Chine pour tenter de s'approprier la lutte contre le révisionnisme effectuée dans le cadre de la «grande polémique », pour tenter de profiter du prestige et des différentes organisations qui dans le monde avait arboré le drapeau de la lutte contre le révisionnisme moderne.
Mais cette tentative a échoué. La compréhension du révisionnisme moderne et de la critique effectuée par Mao Zedong a permis de comprendre l'importance du maoïsme comme expression la plus avancée de l'idéologie communiste.
Le marxisme-léninisme-maoïsme est l'idéologie révolutionnaire du prolétariat international et les guerres populaires se développent de par le monde, traversant les inévitables vicissitudes mais allant inexorablement vers la victoire.
L'histoire progresse en spirale; comme l'a formulé Mao Zedong : «La voie est sinueuse, l'avenir est lumineux » et il appartient aux communistes d'être d'un optimisme inébranlable.
La leçon de la grande polémique est ainsi celle-ci : «La société socialiste embrasse une très longue période historique.
Classes, lutte de classes et lutte entre voie socialiste et voie capitaliste y existent toujours.
La révolution socialiste dans le seul domaine économique (en ce qui concerne la propriété des moyens de production) ne suffit pas, et n'assure d'ailleurs pas la stabilité.
Il doit y avoir aussi révolution socialiste complète dans les domaines politique et idéologique. La lutte pour savoir qui l'emportera, du socialisme ou du capitalisme, dans les domaines politique et idéologique exige une très longue période de temps avant qu'il ne soit décidé de son issue.
Quelques dizaines d'années n'y suffiront pas; partant, cent ans voire des centaines d'années sont nécessaires à la victoire.
Question temps, mieux vaut donc se préparer à une période plutôt longue que courte.
Question travail, mieux vaut l'envisager comme une tâche plutôt difficile que facile.
Il y a plus d'avantages que d'inconvénients à penser et agir de cette façon.
Celui qui ne saisit pas clairement cette situation, ou ne la saisit pas du tout, commettra des erreurs énormes. » (Le pseudo-communisme de Khrouchtchev et les leçons qu'il donne au monde)
Pour le PCMLM, octobre 2006.