Freirina au Chili : massacre agro-industriel en masse de 500 000 cochons
Submitted by Anonyme (non vérifié)Notre analyse de l'industrie agro-alimentaire de l'époque impérialiste nous avait amené à parler de la situation en Amérique latine. Cette zone, notamment la façade Est, connaît des changements massifs dans l'agriculture et la généralisation des productions servant directement la consommation de type impérialiste.
Est ainsi exemplaire la situation actuelle dans la ville de Freirina (à 800 kilomètre au nord de Santiago), où vivent un peu moins de 6000 personnes.
Exemplaire de par son ampleur, exemplaire de par sa dimension barbare, exemplaire de par la prise de conscience révolutionnaire qu'il y a lieu d'avoir. Le PCMLM a raison de considérer que la contradiction villes-campagnes est d'une importance cruciale, tant économiquement que moralement.
La situation à Freirina a une dimension seulement révélée par le matérialisme dialectique, qui assume la dignité du réel.
Ce sont en effet pas moins de 500 000 cochons qui sont dans un élevage (dont on voit les photos dans cet article), totalement abandonnés depuis une semaine... et condamnés à être abattus dans l'urgence.
Le nombre, faramineux, témoigne déjà de la dimension hallucinée du capitalisme agro-industriel, qui utilise la vie pour réaliser des usines à profits dans des conditions dantesques.
L'usine de Freirina est typique de ces méga-projets organisés par l'impérialisme, qui espère convertir l'humanité toute entière au mode de vie impérialiste, fondé sur le saccage, le meurtre, l’irrationnel et la barbarie.
D'ailleurs, la situation témoigne de l'échec de cette méga-usine de l'entreprise Agrosuper, un monopole qui possède notamment les supermarchés « super pollo » (qui dominent 55% du marché chilien).
En effet, c'est une usine à plusieurs centaines de millions de dollars, qui n'a cependant pas réussi, contrairement à ce qui était prévu, à traiter les déjections des animaux au moyen de micro-organismes.
Le résultat en a été, comme c'était prévisible, une pollution de la région, notamment de l'eau et de l'air.
Les masses de la zone se sont révoltées dans une telle mesure, avec des affrontements contre la police en particulier, que l’État a demandé la fermeture de l'usine. Cette décision suit l'abandon pur et simple de l'usine par le personnel d'Agrosuper, et ce depuis plusieurs jours !
Une décision de l’État et d'Agrosuper prise à la va-vite et justifiée, bien entendu, par le fait que la contradiction est explosive : on rentre très précisément dans la contradiction villes-campagnes.
Vu que ces projets se multiplient, il faut éteindre le feu à tout prix. La situation à Freirina pourrait être, et en fait doit être un exemple mondial de la nature de l'agro-industrie et du mode de vie impérialiste.
Agrosuper a d'ailleurs vite fait les calculs, et plutôt que mobiliser 50 000 camions pour amener des cochons, abandonnés depuis des jours qui plus est, dans un nouvel endroit (et lequel ?), a décidé de l'abattage massif, au nom de la crise sanitaire possible.
Un massacre sanguinaire de grande ampleur, qui montre la folie sanglante du capitalisme. La généralisation de l'utilisation d'animaux correspond à la tentative de préserver le profit face à sa chute tendancielle ; toujours plus de mort, telle est la logique du capitalisme qui s'enfonce pourtant tout de même dans la crise et donc dans la guerre impérialiste.
La mort est de plus en plus banalisée, et rappelons ici les mots de Thomas More, qui dans son Utopie expliquait bien que les réels citoyens du monde nouveau ne peuvent pas agir ainsi :
« Aux marchés dont je viens de parler s’ajoutent des centres d’approvisionnement où l’on apporte des légumes, des fruits, du pain et aussi des poissons, et toutes les parties comestibles des volailles et des quadrupèdes.
Ces marchés se trouvent en dehors de l’agglomération, dans des endroits appropriés où la sanie et les ordures peuvent être lavées dans une eau courante. C’est de là qu’on emporte les bêtes tuées et nettoyées par les mains des esclaves, car ils ne souffrent pas que leurs citoyens s’habituent à dépecer des animaux, craignant qu’ils n’y perdent peu à peu les qualités du cœur qui sont le propre de l’humanité. »
Nous, nous ne voulons bien entendu pas qu'il y ait des esclaves, et donc le meurtre en général ne pourra qu'être banni. Le capitalisme, lui, s’accommode très bien du meurtre.
Et il faut constater la position du christianisme, très fort dans cette région du monde.
Le christianisme n'a pas la démarche éthique du communisme, et à la fermeture de l'usine, l'Evêque Quintana n'a trouvé à dire que les choses suivantes :
« Il s’agit d’un important progrès que d’être parvenus à cet objectif. Nous devons désormais nous demander ce que nous retenons de ce fait afin de savoir toujours choisir le bien commun, en valorisant la dignité de la personne, le dialogue et la rencontre entre les autorités et la population.
La personne humaine est la mesure de toutes les décisions qui doivent être guidées par la recherche du bien commun, sachant que ce qui compte le plus est que les personnes vivent dans la dignité, la paix et la sérénité. »
En parlant de « La personne humaine est la mesure de toutes les décisions », l'évêque n'est pas même en deçà de la compréhension de la biosphère, il est même en deçà de l'humanisme du 16ème siècle, qui déjà réfutait le principe du dépeçage.
Le 1er mai, son manque de compréhension de la réalité avait déjà été exprimé par des paroles significatives :
« Ce qui arrive à Freirina, avec la contamination de l’eau et de l’air de la part de l’entreprise Agrosuper, n’est pas respectueux de la vie des familles. »
Ce n'est pas simplement la vie des familles qui est menacée ici, mais en fait bien toute la biosphère. Ce qui se passe à Freirina est une expression du grand enjeu du 21ème siècle !