15 mar 1978

Meeting unitaire des marxistes-léninistes - PCR (ml) (1978)

Submitted by Anonyme (non vérifié)

[Le meeting s'est tenu le 14 mars 1978. Ici, le discours au nom du PCR (ml), celui au nom du PCMLF est ici.]

Mardi soir se tenait avec succès à Paris un meeting unitaire des marxistes-léninistes à l'appel du PCMLF et du PCR ml pour annoncer la position des marxistes-léninistes au second tour, tirer un premeir bilan de la campagne électorale et tracer les perspectives pour le troisième tour, celui des luttes.

Max Cluzot secrétaire du PCR ml, après avoir resitué les résultats du 1er tour dans la situation de crise permanent des rapports entre les partis bourgeois, souligna le lien qui unit la tâche de construction de l'UOPDP et la progression de l'unité des marxistes-léninistes. Jacques Jurquet, directeur politique de l'Humanité Rouge, dressant un tableau du danger de guerre que fait courir la rivalité des deux superpuissances, se félicita dans la suite de son intervention des succès dans le développement de l'UOPDP et du travail en commun des militants du PCR ml et du PCMLF.

Nous publions ici des extraits de ces deux interventions.

Ni bourgeoisie de droite, ni bourgeoisie de gauche !
En avant pour développer l'UOPDP !
En avant pour l'unification des marxistes-léninistes !

 

Intervention de Max Cluzot (extraits) Secrétaire général du PCRML

(...) Dans ces conditions il nous faut apprécier justement les résultats de notre propre campagne, avant de définir nos perspectives.

Des candidats soutenus par nos deux partis se sont présentés dans un peu moins de 120 circonscriptions, soit à peu près le quart du pays. Ils ont obtenu les voix de 28 000 travailleurs. Bien sûr, ce n'est pas un score miraculeux ; il n'y a pas eu, vous vous en doutez, de raz-de-marée électoral en notre faveur.

Mais tout de même, ce résultat n'a rien d'humiliant. Projeté au plan du pays, on peut valablement l'interpréter en indiquant que ce seraient plus de 100 000 travailleurs qui auraient voté pour nos camarades, s'ils avaient été partout présents. 100 000 voix, voilà ce que nous mesurons aujourd'hui à la toise électorale qui est, vous le savez bien, la plus truquée de toutes.

En effet, on ne remarque presque jamais la différence sensible entre les endroits où nous nous sommes présentés en disposant d'une bonne implantation militante et les endroits où nous avons mené campagne sans implantation préalable et avec des forces extrêmement réduites. A une certaine échelle, il n'y a pas de correspondance entre le travail de masse développé et les scores électoraux. Cela a pu nous surprendre, mais c'est parfaitement exact.

Alors, apprécions ce qu'a indiqué ce baromètre fantaisiste, d'une approximation douteuse, que représentent les élections.

28 000 travailleurs, dans le quart du pays, ont fait le choix de voter UOPDP. Ce n'est pas si mal, camarades, si nous remarquons en même temps que:

-- c'est la première fois que nous nous présentons aux élections, alors que nous avions, les uns et les autres, préconisé l'abstention au cours de toutes les élections précédentes. Les autres candidats d'extrême gauche en sont au moins à leur cinquième candidature ; nous ne sommes pas encore très connus, mais nous avons commencé à nous faire connaître, et y compris par ce moyen.

-- notre campagne a été courte, extrêmement courte, guère plus d'un mois. Il a fallu simultanément formé nos comités de l'Union Ouvrière et Paysanne, et faire connaître et nos camarades candidats, et la plate-forme de notre rassemblement, bien nous entendre entre nous et travailler avec de nouveaux militants au développement de notre union. Nous n'avons pas chômé, mais le temps passe vite. Mais avant tout, notre campagne a été claire, extrêmement claire. Nous n'avons pas cherché à rassembler des votes sur des bases faciles, nous n'avons pas dissimulé nos positions politiques et nous n'avons pas renoncé à aller, sur des questions importantes, à contre-courant.

Qui d'autre que nous a parlé, au cours de ces élections, de la réalité de la situation internationale ? Qui a, ne serait-ce qu'évoqué, les risques de guerre qui menace notre peuple ? Qui a dit la vérité sur les dangers représentés par les deux superpuissances ?

Qui a clairement exprimé l'identité profonde de nature de classe entre les projets de la droite et les projets de la gauche ? Qui n'a fait preuve d'aucun souci de conciliation avec les partis bourgeois de gauche, sinon nous, et avec nous, les écologistes courageux, eux aussi relativement pénalisés par cette fermeté nécessaire.

C'est pourquoi, camarades, dans cette campagne à l'américaine dans laquelle le rôle prépondérant a été rempli par les moyens modernes d'information, par la radio, la télévision et la grande presse, nous n'avons guère été privilégies. Bien au contraire. Songez que pour développer nos positions, nous avons disposé en tout et pour tout de sept minutes de télévision, en début de campagne, alors que c'était la première fois que nous apparaissions sur les grandes chaînes quand d'autres, à l'occasion des présidentielles notamment, avaient pu largement se manifester, et surtout quand les partis bourgeois monopolisaient la quasi-totalité des émissions. Songez que notre combat a été pratiquement dissimulé par la grande presse, quand il n'était pas purement et simplement travesti, dénaturé.

Aussi, les travailleurs qui ont voté pour nous l'ont-ils fait en connaissance de cause. Dans cette consultation pseudo-démocratique, au cours de laquelle, comme à l'accoutumée, les questions politiques fondamentales n'ont fait l'objet d'aucun véritable débat, dans cette campagne truquée, subtilement truquée, marquée par le vedettariat de quelques politiciens et la passivité de tous, réduits au rôle de spectateurs, comment les révolutionnaires prolétariens pourraient-ils trouver leur véritable place ?

Nous avons commencé à faire pratiquement l'expérience, et à faire faire cette expérience aux travailleurs, du caractère fallacieux, trompeur et faussement démocratique des élections bourgeoises; nous sommes passé du stade de la dénonciation de principe de l'électoralisme au stade de la démonstration concrète, en participant nous-mêmes à ces élections, et c'est une bonne chose.

Aussi n'y a-t-il nulle comparaison possible entre ceux qui disent clairement la vérité aux travailleurs, ceux qui leur disent que les élections ne résoudront rien et qu'il faut se préparer à la lutte, ceux qui les appellent à s'organiser et à ne rien attendre des élections, et ceux qui les endorment de promesses pour mieux les exploiter et les soumettre, les élections finies.

Il n'y a guère de comparaison possible non plus avec ceux qui sont devenus la caution de gauche de ce système de manipulation de masse et qui en épousent les règles, ces vedettes sympathiques de télévision, au discours contestataire anodin, présentes chaque fois que la bourgeoisie organise ses élections et absentes le reste du temps sur le terrain des luttes, ces opposants iiréductibles du premier tour qui se ramollissent entre les deux et fléchissent tout à fait le dimanche suivant.

Si l'on prend en compte tout cela, non camarades, nous n'avons pas fait une si mauvaise campagne et il y a plutôt lieu de se réjouir de ce que notre voix ait été entendue par-delà le cercle de ceux que nous rassemblons plus largement, bien plus largement, que les lecteurs de notre presse, les travailleurs que nous connaissons et qui ont lutté avec nous.

Ces 28 000 voix recueillies ne pèsent pas lourd dans les urnes de la bourgeoisie, mais ces votes sans ambiguïté, ces claires prises de position doivent être mobilisées sans délai pour renforcer notre combat commun. Ce potentiel de 100 000 travailleurs dans le pays n'est-il pas un rassurant point de départ. (...) 

Et puis, il faut à présent, pour renforcer la voix des marxistes-léninistes, la rendre une. N'est-ce pas un des principaux acquis de cette campagne que d'avoir favorisé le rapprochement des marxistes-léninistes entre eux ?
Quelques semaines ont plus fait pour l'unification que les mois qui ont précédé ; une à une, les contradictions qui apparaissaient ont pu être réglées ; l'accord sur les buts de la campagne réalisé, une action véritablement commune et prolongée a pu être menée. Les préjugés réciproques ont sérieusement été ébranlés, les différences cernées de près et réduites à leur juste proportion font déjà l'objet de discsussion positives. Tant les exigences présentes de la lutte de classe, que le bilan positif du travail en commun engagé appellent l'unification des marxistes-léninistes, et nous le disons solennellement ici ce soir, nous ferons tout, pour notre part, afin que cette année ne s'achève sans voir réalisée l'unification de nos deux partis.

Alors camarades, on entendra davantage la voix des marxistes-léninistes. Alors, de nombreux travailleurs, hésitants jusque-là, nous rejoindront, alors, la réunion de nos forces et l'apport de celles qui se joindront à elles donneront aussi une autre physionomie à notre pratique militante. Ces efforts que nous faisons trop souvent en double lorsque nous disons les uns et les autres presque la même chose, nous les ferons mieux, ces expériences que nous avons acquises les uns et les autres, nous les mettrons en communs.

Comment ne pas voir s'esquisser déjà notre réunion proche au sein d'un même parti dans la bataille commune que nous avons commencé à mener ? Aussi nous sommes-nous vivement réjouis de la décision du Bureau politique du PCMLF de poursuivre l'initiative conjointe de création de l'Union Ouvrière et Paysanne pour la Démocratie Prolétarienne, car nous sommes persuadés de la sorte que notre lutte commune va se renforcer et favoriser de façon décisive le processus d'unification.

En avant pour l'unification des marxistes-léninistes !

Eh bien, camarades, puisque nous sommes tous d'accord pour soutenir l'Union Ouvrière et Paysanne pour la Démocratie Prolétarienne après le 19 mars prochain prochain, il est clair qu'elle continuera et que, non seulement elle continuera, mais elle se développera. C'est une bonne, c'est une excellente chose.

Développer sur la base des premiers acquis notre Union est plus que jamais nécessaire, car quelle que soit la coalition victorieuse, les tâches ne nous manqueront pas. Les lendemains des élections ne seront pas à l'évidence des lendemains sans voix, sans luttes et sans mouvements. Bien sûr, l'aggravation de la crise politique de la bourgeoisie n'est pas telle encore qu'elle doive se transformer rapidement en crise révolutionnaire. Ce qui fait encore largement défaut, c'est la claire volonté révolutionnaire des masses.

Ce qui pèse extrêmement lourd, c'est le poids du révisionnisme, mais entre l'explosion d'une crise révolutionnaire et le calme à peu près plat de ces longs derniers mois pré-électoraux, il y a place pour de forts mouvements de lutte de la classe ouvrière et du peuple, au sein desquels s'engage avec de plus en plus de force et de netteté la lutte entre la voie révolutionaire, dont les marxistes-léninistes représentent l'élément le plus conséquent, et la voie réformiste et révisionniste.

Si, comme il possible, on l'a vu, la droite reste aux affaires, elle poursuivra immanquablement la politique d'austérité, de chômage et de répression qui est la seule qu'elle connaisse. Mais alors, comment les travailleurs entendraient-ils plus longtemps les appels à la fausse raison électorale que lancent depuis 4 ans les partis bourgeois de gauche, PS et PC ? D'ailleurs, pour escamoter leur défaite, ceux-ci, et particulièrment le PCF, ne seront-ils pas tenter de changer d'attitude ?

Ne vont-ils pas plutôt chercher à canaliser à leur profit les mouvements de lutte de la classe ouvrière et, pour autant qu'ils espèrent les contrôler, les encourager même dans certains cas ? Nous connaissons bien ce type de situation et, particulièrement actifs dans ces luttes, nous nous efforcerons de leur donner, contre le gré des révisionnistes, l'ampleur nécessaire pour faire reculer la bourgeoisie sur le seul terrain, où ce soit possible, le terrain de la lutte de classe (...).

Et si la gauche passe, ce qui n'est pas impossible non plus, alors il nous reviendra de prendre l'initiative de l'opposition révolutionnaire au gouvernement de gauche, de refuser toute logique d'austérité comme tout chantage au consensus. Il nous faudra contrer, sans la moindre complaisance, les plans du PCF visant à préparer l'instauration d'un capitalisme bureaucratique d'État, son appropriation progressive de l'appareil d'État, sa colonisation de celles des entreprises nationalisées qu'il aura réussi à faire nationaliser. La tâche, là aussi, sera rude, mais comment ne pas voir, qu'elle que soit la coalition gagnante, que nous ne serons pas seuls évidemment à la mener.

Nous ne sommes pas seuls à dire aujourd'hui qu'il ne faut pas choisir entre la peste et le choléra, entre la bourgeoisie de droite et la bourgeoisie de gauche. Mais à coup sûr notre position est très minoritaire et la trêve signée pour une semaine entre Marchais et Mitterrand va favoriser une grande vague électoraliste que ces politiciens tentent de toutes leurs forces de soulever pour l'emporter peut-être, avant de se quereller à nouveau.

Malgré cela, nous ne sommes pas seuls, enfin pas tout à fait, mais demain une grande partie de ceux qui, malgré tout, préfèrent voter pour la gauche, vont nous rejoindre car leur vote n'a guère de signification : ce qui compte pour un grand nombre d'entre eux, c'est bien la lutte de classes, c'est bien l'autonomie de leurs mouvements. Et comment ne se détourneraient-ils pas d'une gauche incapable de gagner les élections ou, dans l'autre cas, devenue gérante plus ou moins loyale du capitalisme ?

Aussi faut-il nous préparer à élargir très sensiblement notre Union, à rassembler avec nous ces travailleurs déçus, ces syndicalistes peu souples, ces militants de base des partis de gauche ouvrant les yeux sur la réalité bourgeoise de leurs partis, en fait tous ceux qui, comme nous, entendent mener les luttes de l'après-mars, quelle que soit la coalition qui l'ait emportée, sur de fermes bases anti-capitalistes et anti-révisionnistes.

Élargir nos comités, discuter et transformer leur plate-forme, rassembler les revendications, nouer des liens étroits avec les associations et les organisations de masse qui partagent certains de nos objectifs, et bannir tout sectarisme ce faisant, voilà ce que propose le PCR ml.

Car dans cette bataille, il n'y aura pas de temps à perdre.

 Alors Camarades, un pas sérieux sera franchi dans cette voie longue, sinueuse, difficile mais aussi exaltante qui mène à la révolution prolétarienne et au socialisme, dans cette lutte qui est toute notre raison de vivre.

Ni bourgeoisie de droite, ni bourgeoisie de gauche !
En avant pour développer notre Union Ouvrière et Paysanne !
En avant pour l'unification des marxistes-léninistes !