15 sep 2013

François Hollande est-il un « néo-fasciste », comme le dit le PC d'Inde (Maoïste) ?

Submitted by Anonyme (non vérifié)

François Hollande est-il un « néo-fasciste » ? Non, bien sûr. Une telle affirmation est ridicule, parce que comme nous le savons il y a des contradictions au sein de la bourgeoisie, avec différentes fractions.

Le président français François Hollande est un « moderniste », représentant une fraction de la bourgeoisie qui veut l'accord traditionnel avec les États-Unis impérialiste, tandis que comme nous le savons, Marine Le Pen représente la partie la plus agressive de la bourgeoisie, qui se fait l'avocate pour une ligne « en solitaire », plus ou moins en rapport avec Berlin et Moscou.

C'est pourquoi François Hollande est quelqu'un qui tient traditionnellement à la démocratie bourgeoise, tandis que Marine Le Pen va précisément dans la direction du néo-fascisme.

Il est clair que parler de François Hollande comme d'un « néo-fasciste » signifie cacher le fascisme réel, dont ce moderniste est un allié objectif. C'est une erreur, qui a été classique dans les années 1970 avec la conception du « nouveau fascisme », avec le fascisme venant de « l'en-dedans » de l'Etat.

Malheureusement, si nous parlons de cette interprétation erronée de François Hollande comme « néo-fasciste », c'est parce que cela a été expliqué par le Parti Communiste d'Inde (maoïste), dans un document publié le 5 septembre et appelé : « Fauteur de guerre Obama ! Bas tes sales pattes de la Syrie ! Le droit de décider de l'avenir de la Syrie repose dans et seulement dans les mains du peuple syrien, et non pas dans ceux des impérialistes ou de quiconque d'autre ! S'opposer fermement à l'agression impérialiste contre la Syrie dirigé par les États-Unis néo-nazis ! »

Dans ce document, la tendance ultra-démocratique du PCI (M) est peut-être plus visible que jamais. Dans les sept pages, le terme de « classe » ne vient que deux fois, pour parler des « classes dominantes américaines ».

On ne trouve pas les mots « lutte de classe », ni « guerre populaire », pas « maoïsme » ni « marxisme », ni « semi-colonial » ni « sémi-féodal. »

Au lieu de cela, il est parlé de :

« Obama le néo-Hitler »

« Les impérialistes conduit par les Etats-Unis néo-nazis ont resserré leur filet autour de la Syrie »

« La France sous la direction du néo-fasciste François Hollande »

« Les partis au pouvoir et d'opposition (les capitalistes monopolistes et leur marionnette) dans les pays impérialistes n'ont jamais eu de dispute majeure sur le « fait de frapper » dans un quelconque pays. »

« Le système capitaliste mondial est enlisé dans une crise financière englobant tout. Il est également recouru aux guerres d'agression pour combler le renflouement et augmenter le butin impitoyable des pays « arriérés » du monde riches en ressources. »

C'est du simple populisme anti-impérialiste, parce que Hollande n'est pas un « néo-fasciste » et Obama n'est pas Hitler, ils sont des impérialistes et c'est déjà assez pour les condamner.

Qui plus, c'est du luxembourgisme, pas du marxisme. C'est la conception de Rosa Luxembourg selon laquelle l'origine de la croissance du capitalisme provient de la conquête de zones non capitalistes.

Les guerres d'agression ne sont pas « choisies » - le capitalisme ne pense pas. Les guerres d'agression, les guerres impérialistes, sont le produit naturel de l'expansion du capitalisme.

L'expansion du capitalisme dans chaque pays impérialiste fait que les contradictions grandissent entre ces pays, amenant un saut à la guerre impérialiste.

Et cette expansion signifie également, et c'est l'autre aspect, la crise générale du capitalisme en raison de la chute du taux de profit.

Il est facile de voir que ce n'est pas la conception du PC d'Inde (maoïste), qui a une vision d'un système impérialiste unifié, qui est le même que les révisionnistes et les néo-révisionnistes.

Les impérialistes, aux yeux du PC d'Inde (maoïste), signifient « l'agression » et le « pillage », fait par des capitalistes « conscients » essayant de dépasser leurs propres problèmes. C'est très différent des enseignements de Karl Marx dans Le Capital ; c'est un courant subjectiviste, et ainsi on n'est pas étonné de lire dans le document que :

« Les impérialistes pensent qu'ils sont en train d'amasser des richesses, mais ce qu'ils sont réellement en train d'accumuler, c'est la haine et la colère des masses opprimées du monde en abondance, avec tous leurs actes d'agression et de pillage. »

Suivant cette ligne, « l'anti-impérialisme » serait le produit mécanique de l'attitude des impérialistes, et la révolution vient mécaniquement :

« Depuis le siècle dernier, les impérialistes ont eu recours au fascisme et à la guerre pour dépasser leurs crises financières et le peuple a eu recours à la résistance et à la révolution pour s'opposer à eux et les défaire.

Les conditions matérielles tournent de plus en plus favorablement à la révolution dans le monde et notre parti appelle le peuple de notre pays et du monde pour à mener des révolutions réussies. Ce n'est que par les révolutions révolutionnaires [sic] que nous pouvons mettre fin à toutes les guerres impérialistes et injustes et assurer la paix mondiale. »

Cela va bien entendu avec une étrange interprétation de la nature du régime de la Syrie : ce régime ne serait ni bon ni mauvais, mais pourrait jouer une sorte de rôle progressiste en s'opposant aux « impérialistes, en particulier aux États-Unis et Israël » (ce qui signifie au passage que l’État sioniste serait impérialiste, ce qui n'est de nouveau pas marxiste).

Le document du CP de l'Inde (maoïste) explique:

« La Syrie a été cohérente dans son opposition aux interventions et aux desseins impérialistes américano-israéliens en Asie occidentale. »

« Même si Assad a déclaré qu'ils s'opposeraient face à tout type d'agression impérialiste, cela ne serait couronné de succès que si c'était fait en mobilisant le peuple et en s'appuyant sur eux. C'est également vrai qu'aucun régimes ne peut mobiliser le peuple ou obtenir son appui contre l'agression impérialiste à moins que le peuple ne dispose de la démocratie. »

C'est une interprétation du régime syrien comme une sorte d'Etat national anti-impérialise : il n'y a également pas de rejet de la Russie et de la Chine comme puissances impérialistes, et bien entendu, le PC d'Inde (maoïste) ne considère pas la Syrie comme semi-coloniale semi-féodale, comme pays fasciste.

Il est même dit :

« La Russie et la Chine ont soutenu de manière effective le gouvernement d'Assad jusqu'à présent et se sont opposées à toute intervention ou attaque impérialiste armée de la Syrie. »

C'est une blague : la Russie et la Chine ne sont pas opposées à une à une « intervention ou attaque impérialiste armée de la Syrie », mais à un à intervention ou attaque armée de la part d'autres impérialistes. C'est la très grande différence.

La position du PC d'Inde (maoïste) n'est, bien sûr, pas une surprise ; c'est un courant qui peut être vu depuis longtemps, par exemple dans le PCI (ML) Guerre Populaire.

Néanmoins, il est toujours choquant de voir une affirmation d'un système mondial impérialiste dans un pays qui a fait face, dans les années 1960-1980, précisément à la double pression des Etats-Unis et de l'URSS social-impérialiste.

De la même manière, les impérialistes divisent pour régner, comme l'Inde le sait très bien, en raison du jeu des impérialistes pour affaiblir et diviser les masses par la question religieuse. Il est triste que rien ne soit dit sur comment les impérialistes utilisent les communautés religieuses l'une contre l'autre.

Et quelle honte que la conférence pour soutenir la Guerre Populaire en Inde tenu à Hambourg, en Allemagne, en novembre 2012, l'ait été sous la bannière « Lal Salam » écrite en... hindi. Le hindi, le langue du « centre », du gouvernement central, quand les maoïstes en Inde luttent également pour la reconnaissance nationale de tous les peuples.

Même un film démocratique de Bollywood utiliserait au moins l'ourdou en plus (c'est-à-dire l'hindoustani ou plus exactement la version en écriture arabe) !

Le tout est vraiment décadent, et si nous ajoutons l'écrivain post-moderne Arundhati Roy au milieu de tout cela, nous avons ici une mauvaise vision de la richesse de la révolution indienne. En considérant que l'aspect semi-colonial est principal, et pas l'aspect semi-féodal, les maoïstes indiens sont allés toujours plus dans le courant ultra-démocratique « anti-impérialiste. »

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