Discours de rentrée de Marine Le Pen : la vague fasciste est lancée
Submitted by Anonyme (non vérifié)Ce samedi 3 septembre 2016, Marine Le Pen a officialisé sa rentrée politique avec un discours de plus de 50 minutes dans le petit village de Brachay (55 habitants) situé en Champagne.
Depuis 2012, Marine Le Pen a fait de ce village sa vitrine afin de conquérir les masses populaires, aidé en cela par son maire, Gérard Marchand, dernier agriculteur du village, et élu FN depuis mars 2001. Le discours de Marine Le Pen est une feuille de route très claire en vue de l'élection présidentielle de 2017, et le moins que l'on puisse dire c'est qu'elle vise un raz-de-marée.
Car que voit-on ? Un mouvement fasciste porté par une ligne néo-gaulliste agressive, comme le révèle d'ailleurs l'image terrible de Gérard Marchand en tenue décontractée, agriculteur d'un petit village côte à côte avec Julien Lacapelle en costume cravate et ancien cadre dirigeant des entreprises monopolistes Danone (1991-1999), Cadbury (1998-2009) et L'Oréal (2011-2015).
Cette image d'une France de l'alliance du capital et du travail est à la base de la dynamique nationaliste portée par le Front National. Tout le discours de Marine Le Pen va d'ailleurs en ce sens, qui va d'envolées contre la « mondialisation sauvage » à la défense de la « France des oubliés », en passant par des diatribes contre le « politiquement correct », la « loi du marché » ou « l'argent des banques et des multinationales ».
La présidente du Front National prend ainsi soin d'éviter la question du « burkini », tout en labourant la question du terrorisme islamiste afin d'apparaître comme le recours « sûr » et « vital » de la Nation dans un moment de stress généralisé dans la société française suite aux attentats de l'été.
En effet, derrière l'anticapitalisme romantique de Marine Le Pen et son programme de neutralisation de la lutte des classes, il y a la mise en avant du néo-gaullisme comme perspective stratégique.
L'Histoire de France montre que lorsque ce pays est soumis à des contradictions de plus en plus antagonistes, la figure du chef charismatique intervient pour sauver les fondements de la « France éternelle ». Tout le danger de ce que représente le Front National est contenu dans cette déclaration de Marine Le Pen, étant un véritable tsunami face à des forces de gauche totalement dépassées :
« Le chef de l'Etat ne doit avoir qu'une seule boussole, le peuple français […] Notre projet est fondé sur le rejet de l'individualisme et du tout argent, sur le refus d'asservir l'Homme à une logique exclusivement consumériste portée par des multinationales avides qui en ferait un être interchangeable, un être dont la seule raison d 'être et de vivre serait de produire et de consommer (ou d 'être au chômage) »
Car derrière la mise en avant du village de Brachay et la défense de la « France qui souffre en silence », il y a bien évidement le nationalisme agressif par la promotion de l'authenticité nationale, de la tradition éternelle de la France :
« Cette France qui conserve en son sein le sentiment intact de la patrie, l'amour de notre culture, de notre belle nation. A travers vous, à Brachay, à cette France qu'on appelle profonde et que je préfère qualifier de profondément patriote que je veux rendre un hommage respectueux, admiratif et reconnaissant »
C'est là l'incarnation typique de la tradition nationale populiste de l'extrême-droite française amenant nécessairement à l'exclusion des minorités nationales (même si Marine Le Pen prend bien garde dans ses discours de le dire) puisqu'à la recherche du « sang national » inscrit dans une « terre et des morts » comme le dira l'un des théoriciens historiques du nationalisme aboutissant au fascisme, Maurice Barrès.
L'objectif contenu dans ce discours est bien évidemment de réimpulser les monopoles capitalistes par la guerre impérialiste, et c'est pourquoi le Front National a besoin d'un fond anticapitaliste romantique sur le long terme pour mobiliser les masses, avec comme tactique politique la fusion dans les institutions :
« nous réclamons l'apaisement par l'autorité […] La meilleure arme contre le terrorisme, c'est le bulletin de vote »
Le rapport à l'élection présidentielle et à la classe ouvrière lors des prochains mois est l'enjeu prioritaire qui se posent aux progressistes.
Car l'orientation néo-gaulliste de Marine Le Pen, qui n'en est pas la seule représentante, souhaite s'incarner dans les campagnes et la péri-urbanité qui sont tout sauf des terres agricoles, mais bien les espaces prolétaires où se situent les zones industrielles et logistiques, soit le cœur de la production sociale, de l'avenir. Nous assistons là à une terrible montée en puissance de la démagogie fasciste, qui vise à attirer les masses désireuses d'aller en réalité à la révolution.
Seul le parti armé de la science du matérialisme dialectique, qui met en avant l'urgence de l'écologie (dont Marine Le Pen ne parle pas un instant) et la centralité de la classe ouvrière, est à la mesure de notre période.
Nous vivons une époque historique, dont il faut comprendre les exigences et les responsabilités qui en découlent !