4 déc 2008

Népal: le prachandisme entre implosion et apologie de la Corée du Nord

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Parmi les maoïstes dans le monde, les maoïstes de France ont été les premiers à critique Prachanda et les orientations des maoïstes au Népal.

Aujourd'hui, on peut voir à quel point la critique faite alors s'est avérée totalement juste. Cette critique n'est d'ailleurs plus la seule: au sein des organisations maoïstes de par le monde, les critiques faites à Prachanda s'accumulent: Colombie, Chili, Inde, Pérou, Iran...

Mais également au Népal même. En fait, le prachandisme a tellement continué sur sa lancée qu'il s'est divisé en deux, avec d'un côté ceux qui s'en tiennent à la ligne prachandiste d'il y a deux ans, du moment des accords de paix, et de l'autre ceux qui veulent aller encore plus loin dans le renoncement.

Il ne s'agit naturellement nullement d'une lutte entre deux lignes au sein du Parti Communiste du Népal (« maoïste »).

Il s'agit simplement de contradictions au sein d'un projet littéralement catastrophique: celui d'une « république » du socialisme du 21ème siècle.

Il suffit d'ailleurs de voir les projets mis en avant par les uns et les autres pour voir à quel point le tout revient au même.

En effet, le prachandisme n'est remis en cause par aucune des deux « tendances ». Les accords de paix ne sont pas remis en cause.

Le débat porte sur la tactique à mener, pas sur la stratégie. Et naturellement, ce débat sur la tactique est travesti en débat sur la « stratégie », chacun se donnant un rôle d'avant-garde, etc.

Regardons précisément ce qu'il en est, et pour cela partons des positions mises en avant par les deux principaux représentants des deux courants qui se sont développés au sein du prachandisme. Le premier courant est porté par Prachanda lui-même, ainsi que par Bhattarai, le second l'est par Kiran et Biplap.

Prachanda, qui dirige le Parti et est premier ministre du Népal, considère que « pour l'instant » il faut en rester à la « république démocratique », et que ce n'est que plus tard qu'on pourra avancer vers la « république populaire ».

Pour justifier cela, Prachanda met en avant la situation internationale qui n'est pas assez favorable et la nécessité de synthétiser les « acquis » idéologiques de la république démocratique.

Il est évident que ces « acquis » lui permettront de balancer par-dessus bord le maoïsme; sont déjà prévus un projet de fusion avec les anciens révisionnistes et l'abandon du mot « maoïste. »

Kiran et Biplab représentent eux le courant opposé à cette nouvelle démarche de Prachanda; eux s'en tiennent à la ligne de Prachanda d'il y a deux ans.

Les « opposants » à Prachanda affirment que le projet de « république démocratique » n'était que « tactique » et qu'il s'agit d'aller plus loin.

Seulement leur ligne est totalement délirante et part du principe que l'Etat est un « outil » neutre. Selon Kiran et Biplab, s'il est vrai que le PCN (« M ») a atteint la superstructure politique, tout le reste correspond encore à l'ordre ancien (l'économie, l'armée, l'administration, les lois, etc.).

C'est-à-dire que leur ligne est très exactement la même que celle qui en France, au sein du Parti Communiste d'après 1945, expliquait qu'il faut aller « plus loin », sans pour autant rompre avec les fondements du thorézisme consistant en la participation à l'Etat bourgeois.

Kiran et Biplab prônent donc l'insurrection pour permettre d'aller « plus loin ».

Ils ne remettent nullement en cause la participation au gouvernement, mais considèrent celle-ci comme « secondaire. »

Leur ligne est en fait une ligne blanquiste, et d'ailleurs la stratégie n'est plus la guerre populaire, mais « l'insurrection. » Pour cette raison, la ligne de Prachanda n'est selon eux pas « révisionniste », mais « réformiste », alors que la leur serait réellement « révolutionnaire. »

On voit dans quel bourbier on est tombé au Népal.

Dans une même logique, dans l'organe du PCN (« maoïste »), on trouve l'apologie... du régime fasciste de la Corée du Nord!

Les marxistes-léninistes-maoïstes n'ont jamais considéré le régime nord-coréen comme « socialiste », mais bien comme un régime ultra-nationaliste et bureaucratique (vendu au social-impérialisme russe et à la Chine fasciste).

D'ailleurs le régime nord-coréen se revendique du « Juché » et a balancé par dessus bord depuis longtemps le matérialisme dialectique et historique, le socialisme, le communisme.

Et voilà qu'on peut lire le compte-rendu d'un voyage des responsables « maoïstes » népalais: « nous avons trouvé une République Populaire de Corée prospère et largement connectée au monde. » (Article « L'idéologie du Juché mène au socialisme »).

On peut lire que « Kim Il Sung a développé l'idéologie du Juché comme une contribution unique au mouvement communiste international. »

Quand on sait que le Juché est une idéologie ultra-nationaliste expliquant que la nature s'est « arrêtée » à la naissance du « grand leader », on voit où sont tombés les pseudos « maoïstes » népalais, qui font dans l'article une apologie complète de Kim Il Sung!

Voilà la réalité du PCN (« maoïste »), qui n'est plus qu'une organisation en train d'imploser, se transformant définitivement en une composante du régime réactionnaire, avec en son sein une composante « contestataire » totalement dépassée par les événements et incapable de voir que le problème réside dans le prachandisme lui-même.

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